Rares sont les fois où l'annulation à la dernière minute d'une visite officielle de haut niveau est synonyme de bonne nouvelle. L'annonce de l'ajournement de la visite de José Manuel Albares, ministre des Affaires étrangères, suite à la conversation téléphonique entre Sa Majesté le Roi et le Chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, fait partie de ces exceptions. Un échange où le Souverain a adressé une invitation officielle au locataire de la Moncloa pour se rendre au Royaume. Loin d'être une invitation protocolaire, cette initiative royale vient donner du répit à Pedro Sanchez au moment où celuici fait face à la résistance des parlementaires d'opposition comme de la majorité à son récent soutien au Plan d'autonomie du Sahara. Une pression parlementaire qui devrait se relâcher avec le changement à la tête du PP, l'arrivée d'Alberto Nuñez Feijoo à la place de Pablo Casado signifie la fin de l'opposition musclée des Populares et leur rapprochement avec l'Extrême droite de Vox. Le nouveau patron du PP n'a par ailleurs pas fait mystère de sa volonté d'éloigner le PSOE de Podemos et de se positionner en tant « qu'opposition constructive ». Feijoo fait, rappelons-le, partie de la garde rapprochée de Mariano Rajoy qui, malgré une fin de mandat catastrophique, a été l'artisan durant ses deux mandats du renforcement des relations commerciales entre le Maroc et l'Espagne, des flux qui sont depuis devenus un socle des relations entre les deux Royaumes. Loin d'être une simple affaire de politique interne, ce changement de leadership à la tête du principal parti d'opposition d'Espagne offre également des garanties en termes de continuité du soutien espagnol apporté au Plan d'autonomie marocain. En plus de l'opposition interne, Sanchez doit également faire face à l'hostilité d'Alger qui est tenté d'user de la carte du chantage au gaz, dans une tentative désespérée de stopper le processus en cours entre Rabat et Madrid. Ce qui est sûr, c'est que la rencontre à venir entre le Souverain et le Chef du gouvernement espagnol devrait donner le départ à un nouvel axe entre Rabat et Madrid, prenant en compte les intérêts stratégiques des deux pays. Un scénario dont le principal perdant reste le régime algérien, qui se retrouvera réduit à un simple provider de gaz pour le Vieux continent, sans plus. Amine ATER