Du renversement de Poutine à l'assujettissement de Kiev en passant par un conflit nucléaire, les issues de la guerre d'Ukraine semblent aussi multiples qu'ambigües. S'il est facile d'entrer dans une guerre, il est incertain d'en sortir. Tous les conflits enclenchés entre fin du 20ème siècle et début du 21ème, ne sont pas encore éteints. L'Afghanistan, l'Irak, la Syrie, le Yémen, la Libye et on en passe. Le dernier en date est la guerre déclarée par Moscou à Kiev. En verra-t-on un jour la fin et surtout quelle fin aura cette guerre ? Différents scénarios possibles en Ukraine, cinq sont constamment présentés dans toutes les prévisions, même s'ils restent, eux aussi, entourés d'ambiguïté. A commencer par la chute de Poutine, scénario dont rêvent les Occidentaux, qui cherchent en ciblant l'économie russe avec des sanctions en place depuis novembre, alors qu'une autre série de sanctions se prépare, à affaiblir la position du président russe, cherchant à le ramener à terme vers le bas. L'armée peut décider de cesser d'exécuter les ordres, ou le peuple peut se rebeller contre elle au milieu d'une crise économique majeure, ou les membres de l'oligarchie russe peuvent l'abandonner après que leurs avoirs ont été gelés ou confisqués dans le monde. Cependant, de telles possibilités restent entourées de grands doutes. «Un changement de régime en Russie semble être le seul moyen de sortir de cette tragédie, mais il peut améliorer la situation autant qu'il l'aggrave», a écrit Samuel Sharap, chercheur à la Rand Corporation, dans un tweet. Mais Andrey Kolesnikov du Carnegie Endowment a exprimé des doutes, notant que Poutine conserve toujours sa popularité, selon des analyses indépendantes, notant qu'« à l'heure actuelle, la pression financière occidentale sans précédent » a transformé la classe politique russe et les oligarques en « partisans indéfectibles à leur chef ». Assujettissement de l'Ukraine Subordonner Kiev reste le scénario rêvé de Poutine. L'armée russe est supérieure aux forces ukrainiennes et peut obliger ce pays à abdiquer. Toutefois, il s'agit là d'une perspective qui se heurte à des obstacles que beaucoup considèrent comme insurmontables. «C'est une guerre que Vladimir Poutine ne peut pas gagner, peu importe la durée et la brutalité de ses moyens», a déclaré l'historien britannique Lawrence Friedman du King's College de Londres. Entrer dans une ville est une chose, la garder sous contrôle en est une autre, comme le pense Bruno Tertreet, directeur adjoint de l'Institut de recherche stratégique, pour qui la possibilité d'annexion, «n'a guère de chance d'être atteint. Et encore moins la division de l'Ukraine sur le modèle de la Corée ou de l'Allemagne en 1945 ». L'option qui resterait pour Poutine est que «la Russie sera en mesure de vaincre les forces ukrainiennes et d'installer un régime fantoche à Kiev». Déséquilibre sécuritaire européen L'Ukraine partage une frontière avec quatre pays de l'OTAN qui faisaient autrefois partie du bloc soviétique, pour lesquels Poutine ne cache pas sa nostalgie. Maintenant que la Russie a absorbé la Biélorussie et envahi l'Ukraine, jette-t-elle son dévolu sur la Moldavie, le petit pays entre l'Ukraine et la Roumanie, et peut-être jusqu'à la Géorgie sur la côte orientale de la mer Noire ? Bruno Tertreet a fait valoir que Moscou pourrait tenter de renverser les équilibres de sécurité européens et atlantiques en «provoquant des incidents aux frontières de l'Europe», ou peut-être par des cyberattaques. Mais la Russie osera-t-elle défier l'OTAN et l'article 5 de sa charte, qui stipule le principe de défense mutuelle en cas d'attaque contre l'un de ses membres ? Le directeur de l'Institut méditerranéen d'études stratégiques, l'ancien amiral Pascal Ausur, a déclaré que cela est «très peu probable compte tenu de la volonté des deux parties de l'éviter». Mais il a ajouté, s'adressant à l'Agence France-Presse, que «l'entrée des forces russes dans l'un des pays de l'Otan, la Lituanie, par exemple, pour relier Kaliningrad (à la Biélorussie) reste une possibilité». Et de poursuivre qu'il est également possible qu'un dérapage ou un affrontement se produise aux frontières (européennes) de l'Ukraine ou en mer Noire, où de nombreux navires et navires de guerre sont déployés dans une zone limitée et dans une atmosphère chargée.
Moscou aurait déployé toutes ses troupes massées à la frontière La Russie a envoyé en Ukraine la quasi-totalité des troupes massées ces derniers mois à la frontière entre les deux pays, a estimé lundi le Pentagone. Cela représente plus de 150.000 soldats, selon les données américaines. Avec l'intensification des opérations russes, les civils sont de plus en plus touchés, et Moscou cherche désormais à «recruter» des combattants étrangers, notamment syriens, a affirmé le ministère américain de la Défense. Mais à part des avancées dans le sud de l'Ukraine, les forces russes «n'ont pas vraiment fait des progrès notables ces derniers jours», a aussi déclaré son porte-parole John Kirby à des journalistes à Washington. Au cours du week-end, le ministre américain de la Défense a ordonné l'envoi de 500 militaires dans plusieurs endroits d'Europe «en renfort aux forces américaines qui s'y trouvent déjà», a dit John Kirby. «Ces forces supplémentaires vont être positionnées pour répondre à l'environnement sécuritaire actuel provoqué par l'invasion russe injustifiée de l'Ukraine, et pour aider à renforcer la dissuasion et les capacités défensives de l'Otan», notamment sur son flanc oriental, a-t-il ajouté. Selon le Pentagone, Moscou multiplie les bombardements, les missiles et les frappes aériennes pour pallier l'absence d'avancée au sol. «Nous pensons» que l'armée russe «a des problèmes de moral, d'approvisionnement, de carburant et de nourriture», a assuré John Kirby, évoquant à nouveau une «forte résistance ukrainienne». Il a relevé que l'intensification des bombardements contre plusieurs villes avait «un impact de plus en plus important sur le bilan humain pour les civils» en détruisant des habitations, des églises, des hôpitaux et des écoles.