A deux semaines de l'Aid Al Adha, les alertes se multiplient quant à un éventuel retour en force du phénomène de la putréfaction précoce des viandes. Le problème Couleur verdâtre et odeur nauséabonde, beaucoup de citoyens ont eu droit, lors de fêtes précédentes, à une mauvaise surprise. Et ceci quelques heures seulement après avoir égorgé leurs moutons. Des milliers de kilos de viande ovine ont été ainsi jetés et détruits car impropres à la consommation humaine. « Un phénomène qui risque de revenir fort probablement cette année à cause de la cherté des fourrages et la hausse importante et rapide des coûts d'alimentation du cheptel », met en garde la Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC) dans un communiqué/alerte. Cette dernière rappelle d'ailleurs le lourd impact de la sécheresse sur les éleveurs incapables de nourrir leurs bêtes. « Des pseudo-éleveurs opportunistes ont saisi l'occasion pour racheter ces bêtes en gros afin de les engraisser en préparation à l'Aid Al Adha », ajoute-t-on auprès de la fédération. Pratiques frauduleuses Dans son alerte, la FMDC explique comment ces éleveurs malveillants utilisent de grandes quantités de fientes de volailles pour engraisser le cheptel. « Des pratiques frauduleuses favorisées par la cherté des prix des intrants et des matières premières et qui menacent la santé des ovins et des humains », dénonce la fédération dans son communiqué. Des affirmations qui ont été d'ailleurs confirmées par Mohammed Seddiki, le ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, le jeudi 23 juin, lors du point de presse suivant le Conseil du gouvernement. « La couleur verdâtre qui caractérise cette putréfaction précoce des viandes de l'Aid est causée essentiellement par l'utilisation des déjections de volailles dans l'engraissement des moutons », explique le ministre. Ce dernier affirme qu'un suivi rapproché et un contrôle continu sont assurés par les autorités compétentes auprès des fermes d'engraissement depuis janvier dernier. Faut-il s'inquiéter ? De son côté, l'ONSSA se veut rassurante. Dans une déclaration à nos confrères à Kifache.com, Dr Abdeghani Âazzi, directeur du service de Contrôle des produits alimentaires à l'ONSSA, assure qu'un système de contrôle ferme a été instauré. Son objectif ? Contrôler les déplacements des transporteurs des déjections de poulets pour freiner leur utilisation dans les élevages. « 1.600 opérations ont été organisées, jusqu'à maintenant pour suivre et contrôler les fermes et les déplacements des transporteurs des excréments de poulets», a auparavant confirmé Mohamed Seddiki. De son côté Dr Âazzi explique qu'aucune opération de transport de ce type de cargaison ne peut se faire sans autorisation spéciale des services vétérinaires de l'ONSSA. Ces derniers ont déjà contrôlé plus de 242 mille unités d'élevage et d'engraissement d'ovins et de caprins désignés pour la fête de l'Aïd et suivent près de 32 millions de têtes au Maroc. Le ministre de l'agriculture a indiqué également que 6,6 millions de moutons et de chèvres destinés à l'Aïd Al-Adha ont été numérotés afin d'assurer la traçabilité. Comment y échapper ? Conseillant les citoyens de n'acheter que les bêtes numérotées, la FMDC les incite également à conserver l'anneau après l'égorgement. Ceci jusqu'à sept jours après. « Au cas où une anomalie se déclare. Si c'est le cas n'hésitez pas à contacter les associations de protection des consommateurs locales pour déposer une plainte ou contacter directement le bureau de permanence de l'ONSSA dont le numéro sera rendu public ultérieurement », conseille-t-on auprès de la fédération. Cette dernière appelle cependant les consommateurs à démembrer la carcasse du mouton aussitôt égorgé. « Pensez à rangez la viande rapidement au réfrigérateur et au congélateur afin d'éviter toute putréfaction », conclut le communiqué de la Fédération marocaine de protection des consommateurs.