Après les interrogations des consommateurs à quelques semaines de la fête de l'Aïd, un responsable au sein de l'ONSSA dévoile enfin les causes réelles de la putréfaction de la viande ovine : l'engraissement des moutons à l'aide d'excréments de volaille. L'information a fait l'effet d'une bombe. Un responsable au sein de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a finalement dévoilé l'origine de la putréfaction massive de la viande d'ovins durant la fête de l'Aïd El Adha, l'année dernière. Les révélations ont été faites dans les colonnes du quotidien Al Massae, dans son édition du jeudi 19 juillet. Repris par plusieurs médias, le journal rapporte la tenue d'une réunion importante entre l'ONSSA et la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC). Au cours de cette rencontre, le chef de service du contrôle des produits alimentaires de l'Office a reconnu que des analyses sur le cheptel démontraient que «70% des cas d'infection provienaient d'une alimentation à base d'excréments de poulets, 20% à l'absorption de médicaments et 10% par divers autres facteurs», indique le360. Un usage qui s'est répandu l'an dernier Un professionnel du secteur ayant requis l'anonymat assure à Yabiladi que cette pratique est d'usage depuis longtemps pour l'engraissement du bétail. «Mais l'année dernière, il semble que la méthode a été plus largement utilisée», ajoute-t-il. Notre interlocuteur explique que la fiente de poulet sert notamment d'engrais naturel, si et seulement si elle est soumise à un processus de compostage. La fiente est très riche en nutriments, mais il faut garder en tête que «c'est un composant putrifié, à la base», nous précise-t-il. Par conséquent, «si l'animal ingère ce composant, les coliformes fécaux resteront stockés dans son appareil digestif», prévient encore notre source. Et d'ajouter : «C'est comme si l'animal avait consommé un aliment déjà moisi. Les effets que cela pourrait avoir sont clairs.» Un mea-culpa entre les lignes Pour rappel, l'année dernière, lors de la fête du Sacrifice, plusieurs internautes avaient manifesté leur colère après la découverte d'une couleur verdâtre sur leur viande, rendant cette dernière infecte et impropre à la consommation. L'ONSSA avait réagi à chaud, rejetant «la faute sur le non-respect des règles d'hygiène liées à l'abattage et à l'écorchage du mouton, ainsi qu'aux conditions de conservation de la carcasse avant sa découpe et son stockage par réfrigération ou par congélation». L'explication n'avait pas convaincu les consommateurs. Après analyse, l'ONSSA publiait moins de deux jours plus tard un communiqué annonçant que la putréfaction de la viande serait due à «une contamination bactérienne de type pseudomonas, clostridies, coliformes et staphylocoque». Des termes flous mais qui, cette fois-ci, pointent du doigt le fait que «ces bactéries pourraient passer directement dans la carcasse après l'abattage, en raison de l'interruption du système immunitaire, pour ensuite proliférer tant que les conditions sont propices». Ces conditions étaient, selon l'office, «la hausse de la température, l'humidification de la carcasse et le retard de sa réfrigération», une manière de ne pas se désavouer suite au premier communiqué. Mais cette annonce donnait déjà un premier indice sur l'origine véritable de cette «catastrophe». Ces bactéries seraient vraissemblament d'origine fécale et non pas transmises directement depuis la carcasse, comme expliquait l'office. Elles auraient été donc été contractée principalement via l'alimentation de l'animal. Par ailleurs, l'office avait annoncé le lancement, à partir de 2018, d'un programme de numérotation du cheptel. Une stratégie devant permettre «d'assurer le suivi et le contrôle, de veiller au respect des normes d'alimentation et d'engraissage et de prendre des mesures répressives contre les contrevenants». L'ONSSA a d'ailleurs annoncé que plusieurs visites de terrain seront effectuées et annoncera des saisies et des arrestations. C'est ainsi que durant le mois de mai, plusieurs tonnes de fientes de volailles ont été saisies et les contrevenants traduits en justice, informe l'office.