Selon une étude sur l'émergence de certains pays africains, le Boston Consulting Group a recensé 40 African challengers dont 6 au Maroc. Aquelque chose malheur est bon. La crise a réorienté les regards aussi bien des pays développés que ceux en voie de développement comme la Chine ou encore l'Inde vers l'Afrique. Mais qu'est-ce qui explique cet intérêt massif, un vrai banc de test pour les rapports de force mondiaux ? Le continent noir est de la même taille que le géant asiatique l'Inde. Même taille au niveau du PIB, de la population, excepté le taux de croissance enregistré durant cette période de crise économique internationale dont le bout du tunnel n'est pas encore perceptible. L'Afrique a connu ainsi un taux de croissance de l'ordre de 2 à 3% et ce, depuis le début de la crise. Pour l'année en cours, les prévisions tablent sur une progression de 4%. Le constat émane du Boston Consulting Group (BCG) qui a réalisé une étude sur l'émergence de certains pays africains, nommés les Lions africains, pour reprendre l'expression de Patrick Dupoux, directeur associé du BCG, qui intervenait mercredi à Casablanca lors d'une conférence organisée par l'école de management ESCA sur le thème: «Quels talents pour les African challengers ?». Le Cabinet international de conseil en stratégie en a recensé 40 exactement dont 6 identifiés au Maroc. Il s'agit respectivement de Attijariwafa bank, de BMCE Bank, Ittissalat Al Maghrib, groupe OCP, groupe ONA et la compagnie Royal Air Maroc. L'Afrique du Sud décroche le gros lot avec 18 sociétés. Suivie de l'Egypte (7), l'Algérie (2), la Tunisie (2), le Nigeria (2), l'Angola (2) et enfin le Togo (1). Les critères de sélection retenus vont de la taille, opérations de rachat à l'international jusqu'au retour sur investissements enregistré . Dans son étude stratégique, le BCG va jusqu'à comparer ces 40 African challengers avec les 100 groupes internationaux recensés au niveau des pays formant le BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Une comparaison révélatrice de l'énorme gisement de croissance dont recèle le continent noir, qui s'inscrit désormais dans une nouvelle phase historique vers un futur prometteur. Au-delà de l'hétérogénéité entre ces pays, l'Afrique affiche des similitudes et presque les mêmes caractéristiques de développement que celles enregistrées par les tigres asiatiques dans les années 1960. Vers la voie de l'internationalisation, les grands groupes africains devraient toutefois s'attendre à un défi de taille : «internationaliser le management», développe Dupoux. Et d'ajouter que chercher les meilleures ressources même à l'extérieur du pays s'imposera d'un jour à l'autre. Cette question d'internationalisation, qui tient à cœur à Abdellatif Maâzouz, ministre du Commerce extérieur, a enrichi le débat et à maints égards. De son avis, la première internationalisation africaine s'est opérée sur le marché africain. «Suivie par plusieurs radars», l'Afrique a besoin de sa propre stratégie. Au-delà des stratégies calquées sur les autres modèles de développement, Maâzouz parle d' «une stratégie africaine pour le continent africain». Et avant d'aller commercer ou négocier sur ce marché, il faut au préalable savoir «lobbyer africain». Des leçons à retenir. Plus encore, Karim Amor, CEO Jet Group et partant de sa riche expérience sur ce marché, affirme qu' «on a péché par excès de confiance». Le marché africain est très exigeant et «il faut bien se préparer juridiquement», recommande-t-il. A ses yeux, la question juridique est aussi importante que celle des outils de financement.