Vous êtes ici : Actualités / Edito / Edito : L'hymne à Beljraf Que se passerait-il si en fin de compte, les citoyens des deux pays décidaient de confisquer la question de la frontière maroco-algérienne à leurs élus pour la traiter sans passion et comme il se doit ? La décision des avocats et parlementaires de manifester à Beljraf, en cœur avec des Algériens séparés par un minuscule cours d'eau, pourrait être le prélude à ces manifestations géantes qui infléchissent les positions les plus radicales comme en témoigne l'actualité chaque jour. L'avenir nous le dira. Mais le silence est rarement une solution et les attentes du Maghreb ne peuvent pas se permettre de rester figées sur un modèle qui date de la guerre froide. La volonté royale a exprimé le désir des Marocains, et certainement de la majorité des Algériens qui ne voient dans ce mur qui nous sépare qu'un prétexte sans fondement pour que le mirage du Maghreb et ses promesses latentes deviennent une réalité. La proposition du Premier ministre Erdogan de se mettre au service des deux voisins pour les aider à outrepasser cet épisode stérile ne relève certainement pas de la lubie mais plutôt du pragmatisme qui caractérise le fonctionnement de la scène politique et économique de l'une des principales puissances du monde arabo-musulman et de la nécessité pour la survie de chacune des parties engagées. Refuser la main tendue par les promoteurs de la paix ne peut pas se justifier, en particulier quand ce refus ne peut s'accompagner d'aucune argumentation viable. En quelques mots, il faut reconnaître que le jeu auquel se livrent les deux pays est un jeu qui ne peut se terminer que par la mort par épuisement des deux duellistes. A moins de casser ce cercle vicieux et d'avoir le courage de s'inscrire dans un nouveau schéma, positif. Après tant d'années d'immobilisme, la clé est peut-être entre les mains de la société civile, entre les mains de ces familles séparées sans raison, entre les mains d'un seul et même peuple que l'Histoire a monté en factions rivales pour le plus grand profit de ces conseillers, ces lobbyistes et ces marchands d'armes qui prospèrent sur notre dos et sur celui de notre jeunesse.