À l'épreuve de la crise économique, les banquiers disposent de peu de visibilité sur le comportement de remboursement de leur clients ainsi que sur la gestion de leur portefeuille. En tous cas une chose est sûre. L'encours des créances en souffrance a marqué à fin décembre 2012 une hausse notable pour se situer à près de 35,5 milliards de dirhams contre 32,4 milliards un an auparavant. Aggravation des impayés Cette aggravation de 9,1 % en glissement annuel des impayés est à attribuer dans une large mesure à la montée en flèche des créances impayées ou douteuses du secteur institutionnel «autres sociétés non financières». Ce dernier a vu l'encours de ses crédits exigibles non payés à l'échéance se hisser de 15,3 % à 20,5 milliards de dirhams, selon les dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib. Il en de même pour les ménages toutefois avec une moindre acuité. L'encours de leurs créances présentant un risque de non recouvrement s'est accru de 3,4 % à 14,5 milliards de dirhams en comparaison annuelle. En revanche, le secteur «autres sociétés financières » a pu tirer son épingle du jeu en enregistrant une baisse significative du niveau du provisionnement de ces créances. Ainsi, leur comptabilisation laisse ressortir un gain de plus de 28 % du niveau nécessaire de provision. Leur encours étant tombé à 405 millions de dirhams contre 568 millions sur la même période de référence. Toutefois, utile de le souligner, les statistiques de la banque centrale laissent le lecteur sur sa faim, faute de détails. Les créances en souffrance englobent suivant la terminologie financière et bancaire les créances impayées, créances immobilisées et enfin celles douteuses en fonction du régime comptable en place. La recrudescence des clients insolvables ou douteux observée informe, selon certains analystes, sur les défaillances entachées au système de gestion de la centrale des risques. Des lacunes sont enregistrées aussi bien au niveau du traitement de la base de données que celui de la communication des renseignements sur les comptes débiteurs. Il faut dire que la gestion du portefeuille client par les établissements de crédits reste largement caractérisée au Maroc par le flou artistique. Secret professionnel et intérêt personnel obligent ! Détente au niveau de l'octroi des crédits Par ailleurs, les statistiques monétaires laissent dégager une détente au niveau de l'octroi des crédits bancaires. En effet, l'encours du crédit bancaire s'est bonifié de 4,5 % à 718 milliards de dirhams au lieu de près de 687 milliards une année plutôt. Fait marquant : tous les secteurs institutionnels ont bénéficié de cette bouffée d'oxygène à l'exception des crédits à l'équipement. L'encours de ces derniers s'est chiffré à plus de 138 milliards de dirhams, soit une baisse 2 %. Pour plus de détails, l'encours des crédits immobiliers, crédits à la consommation et crédits à la trésorerie s'est apprécié respectivement de 6,1 % à 220 milliards de dirhams, de 9,8 % à près de 40 milliards et de 7,8 % à 185,7 milliards. La ventilation du crédit bancaire par branche d'activité montre le retrait de la machine économique marqué dans bien de secteurs qui recourent de plus en plus pour leur investissement à l'auto-financement. Ainsi, l'encours des crédits alloués à l'agriculture et la pêche s'est retiré de 1,4 % à plus de 28 milliards de dirhams. Mais ce qui frappe le plus, c'est que ce sont les activités industrielles qui ont ralenti voire baisser le recours aux services bancaires. L'encours des crédits octroyés aux industries extractives, industries textiles habillement et de cuir, industries métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques s'est affaissé respectivement de 8,8 % à 10,6 milliards de dirhams, de 1,4 % à 8,5 milliards et de 4,2 % à 16,9 milliards de dirhams. Idem pour les crédits bancaires contractés par le secteur du BTP qui ont accusé un repli de 2,3 % à 93,6 milliards de dirhams. À noter enfin que les crédits destinés aux activités financières ont subi le même sort. Leur encours s'est effrité de 5,1 % à 96,6 milliards de dirhams attestant de la mauvaise passe que traverse les opérateurs financiers et leur marché.