* Lévolutioin importante des provisions des sociétés de crédit à la consommation leur a permis datteindre un taux de couverture des créances en souffrance de 90% à fin 2006. * Face à la vigilance des sociétés de financement, leffet volume (nouvelles formules de financement et nouveaux profils de clients) na pas eu dincidences sur la maîtrise du risque. Au cours des dix dernières années, le secteur du crédit à la consommation sest bien comporté, comme en témoigne lencours du crédit qui a atteint 27,5 Mds DH à fin juin 2007, contre 23,8 à la même période de lannée précédente. Daprès M. Melsa, délégué général de lAPSF, le ratio risque/PNB se comporte de mieux en mieux en passant de 20,3% en 2005 à 10,8% en 2006, soit une baisse de 10 points. Il existe même des sociétés de crédit à la consommation qui ont pu réaliser un bon bénéfice, et ce grâce à une meilleure maîtrise du risque qui se traduit par un provisionnement important des créances en souffrance. Leffet volume suscite des interrogations Ce résultat est le fruit des différentes actions déployées par lAssociation pour vaincre cette hausse des créances en souffrance. On peut citer en premier lieu le système daide au management qui porte sur lenvironnement des affaires et sur lévolution de la technologie. Il existe par ailleurs le SAAR (Système daide à lappréciation du risque) qui a abouti à une meilleure sélection du risque du portefeuille des sociétés de crédit à la consommation. Sur le plan technique, le SAAR a été bâti en vue de pouvoir communiquer avec dautres systèmes poursuivant le même objectif et de permettre léchange dinformations entre les sociétés de financement et les banques et autres établissements financiers. Hormis les actions déployées par lAPSF pour une meilleure maîtrise du risque au sein de la profession, les entreprises ont adopté en interne des mesures de provisionnement. Elles ont par ailleurs adopté la méthode du scooring consistant à évaluer le profil dun client en quête de crédit. Toutefois, cette maîtrise de risque sème parfois le doute surtout avec la floraison des formules de financement pour chaque type de besoin. A cet effet, on se demande si leffet volume nentraîne pas automatiquement une hausse du risque. Cette hypothèse a été infirmée par le Directeur des Études au sein de lAPSF qui prétend que la maîtrise du risque est une tendance qui se dessine aujourdhui dans le secteur. Dautant plus que le SAAR se veut également un outil précis qui sassure des informations communiquées par les sociétés de financement. Le nouveau calcul du TEG suscite aussi des interrogations. Certes, la refonte de son mode de calcul constitue une requête relative à une partie des doléances des professionnels, mais son nouveau mode de calcul donne matière à réflexion. «Ce nouveau mode de calcul répond en partie aux attentes de lAPSF dans la mesure où il permet délargir le champ du crédit aux clients risqués et aux dossiers de faible montant», apprend-on au niveau de lAssociation. En guise de rappel, le TEG correspondait auparavant au taux moyen pondéré des crédits distribués, multiplié par un facteur de 1,6. Une méthode qui ne sadaptait nullement à la réalité économique. Que doit-on comprendre par clients risqués ? «Il s'agit, par exemple, de clients qui ne disposent pas de revenus réguliers, comme les artisans, les camionneurs, etc De ce fait, le remboursement d'un crédit s'effectue en général par le biais de tiers, qui sont soit l'employeur (prélèvement sur salaire), soit la banque (prélèvement bancaire)», explique le responsable au sein de lAPSF. Quand le client n'est ni employé d'un employeur conventionné ou qu'il ne règle pas ses échéances par le biais de la banque, il présente évidemment un profil de risque plus élevé. La conjugaison de lensemble de ces éléments fait que le risque augmente, doù la nécessité dune bonne gestion de la maîtrise du risque. Un provisionnement maximal En passant en revue les sociétés de crédit à la consommation cotées à la Bourse des Valeurs de Casablanca, on saperçoit que ces dernières, avides de maîtriser le risque des impayés, ont veillé à bien provisionner les créances en souffrance. Pour le cas dEqdom, la maîtrise du risque sest reflétée à travers les dotations nettes aux provisions pour créances en souffrance sallégeant de 56,1% à 10,1 MDH au premier semestre 2007. En conséquence, le coût du risque saméliore passant de 1% au premier semestre 2006 à 0,4% à fin juin 2007, tandis que le taux de couverture des créances en souffrance se stabilise à 92,1%. «Lanalyse stratégique dEqdom dévoile une bonne maîtrise du risque. La société de crédit à la consommation, filiale du groupe Société Générale a poursuivi sa politique de maîtrise du risque via loptimisation du rôle de sa structure de recouvrement et le maintien de la sélection dans loctroi du crédit», commente un analyste. Sofac a vu ses charges augmenter à cause des investissements réalisés, certes par sa refonte organisationnelle, mais également par une reprise nette de créances en souffrance de 1,6 MDH. Ceci a entraîné une capacité bénéficiaire en recul pour la société au titre du premier semestre 2007 de 51,1% à 13,7 MDH. Taslif a également pu alléger la charge du risque à 0,2% au premier semestre de lannée en cours, contre 1% à la même période de lannée écoulée. Les dotations nettes de reprises aux provisions pour créances en souffrance sont ainsi passées de 3,7 à 1,1 MDH au 30 juin 2007. Enfin Acred, dernière société de crédit à la consommation cotée à la BVC, a vu sa capacité bénéficiaire impactée par une dotation nette aux provisions pour créances en souffrance de lordre de 5,2 MDH à fin juin 2007 contre 3,7 MDH en 2006. Les chiffres communiqués par les sociétés citées ci-dessus laissent entrevoir quelles ont toutes procédé à une politique de provisionnement, mais la question qui se pose demblée : ces provisions se font-elles conformément aux règles prudentielles de BAM? Ces mesures reflètent-elles la réalité dans la mesure où les sociétés cotées à la BVC peuvent minimiser leurs dotations aux provisions des créances en souffrance afin de ne pas impacter négativement leurs résultats ? «Toutes les sociétés de financement font des provisions conformément aux règles prudentielles de BAM. Elles sont appelées à communiquer ces informations dans les délais, sinon elles encourent des sanctions. A linstar des sociétés de financement non cotées, les autres sont appelées à communiquer régulièrement des reportings à la Banque centrale. Donc, aucune société de financement ne pourrait déroger à la règle», explique ce responsable. Les chiffres communiqués parlent deux-mêmes et mettent en exergue la maîtrise du risque, mais cela nempêche que la véracité de linformation incombe en grande partie aux commissaires aux comptes.