Huit semaines de dialogue, 21 séances avec une centaine d'organisations, soit 63 heures d'écoute. Au bout du compte, rien de concret ne sort de ce dialogue sur les médias et la société entamé, à l'initiative de 8 groupes parlementaires, depuis le 28 janvier. Les audiences se passent à huis clos et l'Instance chargée du suivi de ce dialogue promet un rapport de synthèse, voire un «livre blanc» sur les médias. Pour l'heure, seule l'AMDH, certainement excédée par le secret qui entoure ce débat, décide de rendre public le mémorandum qu'elle avait soumis, début mars, à l'Instance. Pour l'AMDH et comme préalable à un éventuel assainissement des relations entre les médias et l'autorité, il faut d'abord mettre en place des garanties constitutionnelles. L'ONG exige une véritable démocratisation des médias publics et une rationalisation des procédures d'octroi des subventions aux journaux. Mais auparavant, l'Etat devrait faire montre de sa bonne volonté en libérant les journalistes actuellement écroués et en abolissant une fois pour toutes les peines privatives de liberté du Code de la presse. Autre mesure de «bonne foi», l'annulation des décisions administratives à caractère abusif prises contre des organes de presse. Pour l'AMDH, les interventions musclées des forces de l'ordre contre les journalistes devraient également cesser. Et sur un plan général, l'ONG exige une véritable démocratisation des médias publics et une rationalisation des procédures d'octroi des subventions aux journaux. Ceci, entre autres recommandations, une douzaine au total, soumises à l'Instance. Recommandations dont la mise en œuvre requiert certaines garanties institutionnelles. A commencer par des réformes constitutionnelles. L'AMDH appelle également à revoir le rôle de la Justice «aujourd'hui limité à donner une couverture juridique aux abus de l'administration». Pour cela, l'Association de Khadija Ryadi, appelle à l'adoption d'un nouveau code de la presse, revendique la suprématie du droit international sur la législation interne et surtout, l'adoption d'une loi garantissant et organisant l'accès à l'information. En attendant, l'Instance poursuit ses audiences tenues au sein du Parlement. Le 26 avril, elle invite Driss Yazami, président du CCME, pour exposer les attentes des MRE des médias de leur pays d'origine. Quelques jours plus tard, le 29 avril, ce sera au tour de Faiçal Laraïchi, patron de la SNRT, d'exposer sa vision devant l'Instance.