Construire une nouvelle capitale au centre, presque inhabité, d'un pays aussi vaste que le Brésil, relevait du défi majeur. Le Président Juscelino Kubitstchek décida d'en faire le coeur de son mandat à partir de 1955. Cinq ans plus tard Brasilia voyait le jour. Même si, en 1960, la nouvelle capitale était encore un immense chantier. La Présidence, le prestigieux Itamaraty (ministère des Affaires Etrangères), le Parlement et l'aéroport étaient en fonctionnement. Les fonctionnaires, quel que fût leur rang, durent quitter les douceurs de Rio pour travailler au milieu des grues géantes et des bulldozers. L'architecte Oscar Niemeyer avait imaginé un monde à la limite de l'extra-terrestre. La nouvelle ville aurait une forme d'avion stylisé. Elle serait le creuset de l'unité d'un pays dont la diversité des couleurs et des origines ne fait pas obstacle à l'existence d'un profond sentiment national. Niemeyer, communiste, rêvait d'un monde égalitaire dont Brasilia serait le reflet. Ce qui fait de Brasilia une ville unique, en dehors de son architecture fantastique, est son projet urbaniste. Idéalisée par Lucio Costa, le projet est connu sous le nom de «Plan Pilote» et, vu du ciel, il a une forme similaire à celle d'un avion. Le plan est coupé par deux axes centraux, l'un dans le sens est/ouest, l'axe Monumental, et l'autre dans le sens nord/sud, où se trouvent les espaces résidentiels du centre de Brasilia – appelés Aile Sud et Aile Nord, en référence au format de la ville. Le long de l'Axe Monumental se situe l'Esplanade des Ministères, où siège le Pouvoir exécutif dans des bâtiments à l'architecture d'une structure uniforme. Au final de l'esplanade se trouve la Place des Trois Pouvoirs, qui abrite trois édifices monumentaux représentant les trois pouvoirs de la République brésilienne : le Palais du Planalto (Exécutif), le Tribunal Suprême Fédéral (Judiciaire) et le Congrès National (Législatif). Il y a d'innombrables autres attractions architecturales sur le Plan Pilote, comme le Palais de l'Alvorada, la résidence officielle du Président de la République, la Cathédrale, le Ministère de la Justice ou encore le Palais d'Itamaraty. L'est de la ville est bordé par le Lac Paranoá, formé par le barrage des eaux de la rivière Paranoá et de cinq autres cours d'eau. Le barrage sert naturellement à fournir la ville en eau. Oscar Nimeyer, l'architecte de Brasilia, continue de construire à 103 ans. Avec le développement de la ville de Brasilia, le projet initial a dû être modifié et la ville s'est retrouvée confrontée à des problèmes d'infrastructure, occasionnés par la croissance de la population une croissance non planifiée parallèlement à celle de la ville. Les 600.000 habitants prévus initialement se sont transformés en 3 millions 50 ans après l'inauguration de la ville. Depuis 1960 la capitale a continué à se développer. De manière chaotique, au gré des changements de régime et des aléas de l'évolution économique. A la splendeur artistique et architecturale du Planalto et d'Itamaraty, ont succédé des locaux ministériels beaucoup moins prestigieux, ressemblant parfois aux HLM des années 50. Et puis Niemeyer, militant communiste, a dû fuir la dictature. Ses successeurs n'avaient ni sa motivation ni son génie. Mais Brasilia, en dépit de tout, a continué de prospérer. Avec excès, débordée par sa réussite. Ce n'est plus la petite ville modèle d'un Brésil éclairant le monde, mais une cité qui continue de s'étendre. En plein Planalto Central, Brasilia est entouré par le Cerrado, l'un des binômes brésiliens les plus importants. Dans ses 200 millions d'hectares, qui occupent toute la région centre-ouest du pays, se concentre l'une des biodiversités les plus riches de la planète, qui, malheureusement, est aussi l'une des plus menacées. L'avancement de la frontière agricole ces dernières décennies au Brésil s'est fait principalement dans le Cerrado, transformant de vastes portions terrestres de végétation naturelle en pâturages et plantations de grains, principalement de soja. Près de 57% de la surface originale du Cerrado a déjà vu sa couverture naturelle substituée par des pâturages et des monocultures, et une immense variété d'espèces animales et végétales, endémiques au Cerrado, se trouve menacée d'extinction, comme les loups guaras, le daim des plaines, le fourmilier et le tatou canastra. Les Parcs Nationaux et réserves écologiques, certains situés près de Brasilia, préservent pourtant cette richesse écologique. C'est le cas du Parc National de Brasilia, qui se trouve à quelques kilomètres au nord de la ville, et du Parc National de la Chapada dos Veadeiros, dans l'Etat de Goiás, l'une des principales destinations d'écotourisme du Brésil.