Le transport et surtout la sécurité routière ont alimenté la séance mensuelle réservée aux questions de politique générale, mercredi 7 novembre à la Chambre des conseillers. Abdelilah Benkirane estime capital que la loi s'applique à tous pour ralentir l'hécatombe. « La première cause des accidents de la route est humaine », a rappellé à plusieurs reprises le chef du gouvernement. Pourquoi l'hécatombe ? Qui en est responsable ? Comment la circonscrire ? Les membres de la Chambre des conseillers ont cherché des réponses à ces questions récurrentes auprès du Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, à l'occasion de la séance mensuelle des questions de politique générale tenue, mercredi 7 novembre à la Chambre des conseillers. « Le jour de l'accident qui a fauché la vie à plus de 40 personnes, je me suis sérieusement posé la question si ce genre d'événement n'imposait pas au gouvernement la nécessité de démissionner », déclare le chef du gouvernement estimant inacceptable que des vies humaines paient pour « le laisser aller, le non respect de la loi, la corruption et les dysfonctionnements du secteur ». Benkirane, endeuillé par l'hécatombe « Qui de vous n'a pas été endeuillé par les accidents de la circulation ? Moi, j'ai perdu deux frères! », confie-t-il, regrettant que le Maroc soit l'un des pays où le taux des accidents de la circulation est le plus important. « Si nous sommes à la traîne dans certains domaines, dont celui des accidents de la route, nous sommes bien les premiers au niveau du monde arabe et les 6e au plan mondial. Alors pourquoi sommes-nous dans cette situation ? », lance Benkirane pour qui la réponse relève d'une évidence : « Ce qui doit être fait doit vraiment l'être avec l'audace et le courage que cela nécessite ». Le Chef du gouvernement promet ainsi de ne ménager aucun effort pour mettre en œuvre les mesures nécessaires alliant le renforcement des sanctions et du contrôle. « Nous déplorons le décès de plus de 4 000 personnes chaque année, ce qui équivaut à plus de 10 tués par jour. Quant au coût, il dépasse les 14 milliards de dirhams annuellement, ce qui est important par rapport à un budget total d'une moyenne de 260 MMDH », remarque le chef du gouvernement soulignant que 2011 a enregistré 67 082 accidents, soit une augmentation de 2,4 % par rapport à l'année précédente. Un problème conceptuel A l'origine de cette « guerre civile », il n'y a qu'une seule explication, pour Abdelilah Benkirane : un problème d'assimilation des concepts. Comprendre une mesure et l'appliquer, respecter le code de la route et s'y soumettre, voilà ce qui, à l'apparence, semble logique, mais qui, sur le terrain reste difficile à atteindre. « Certains croient que détenir une assurance leur donne le droit de conduire n'importe comment !», s'exclame-t-il accusant l'irresponsabilité des chauffards pour qui « assurance équivaut à permis de tuer ». « Et c'est dans la zone urbaine que nous déplorons 80% des victimes des accidents de la circulations. Ce qui veut dire que les conducteurs à l'intérieur des villes conduisent, pour certains d'entre eux, d'une façon irresponsable », constate-t-il. Et de préciser que 54 % des victimes sont des piétons et 35 % motocyclistes alors que les accidents impliquant les autocars représentent uniquement 1,6%. « La première cause des accidents de la route est humaine », rappelle à plusieurs reprises le chef du gouvernement soulignant que les citoyens doivent comprendre qu'il n'existe pas de « petite violation » et que toute violation quel que soit sa nature peut se transformer en crime dont ils seront responsables. Pour Benkirane, il est temps que les agents de la circulation, les gendarmes et tout autre responsable de la sécurité routière accomplissent leur mission sans ménager un citoyen ou un autre. « Je leur demande officiellement de me verbaliser si jamais je commettais une violation au code de la route ! », lance-t-il exprimant sa conviction que les citoyens quel que soit leur rang social doivent être égaux devant la loi. Tous responsables ! Ce n'est ni l'état des infrastructures ni la vieillesse du parc automobile qui sont mis en cause directe des accidents de la circulation. Pour le chef du gouvernement, chaque acteur, contrôle technique, agents de la sécurité routière et conducteurs, contribue de très près à prévenir les accidents de la route. Pour preuve, Abdelilah Benkirane rappelle que dès l'entrée en vigueur du nouveau code de la route, le taux des accidents a baissé de près de 17 %. Ce qui, à ses yeux, montre que susciter « la peur de la sanction » a un impact favorable. « Mais la baisse de garde en 2011 a eu pour conséquence l'augmentation des accidents », déduit-il estimant que le retour vers « le durcissement » s'impose. « A mon sens, un conducteur qui a tué une personne ou plus n'a plus le droit de conduire », confie-t-il justifiant que la stratégie du gouvernement vise à mettre en place un système de prévention des accidents. L'utilisation du GPS et des hélicoptères de la gendarmerie royale y figure.