En marge du Concert pour la Tolérance, tenu à Agadir samedi dernier, nous avons pu discuter avec les deux seuls artistes Marocains conviés à cette 7e édition . D'un côté Ahmad Soltan, avec sa vision d'un Maroc pluriel et ouvert sur le monde. De l'autre Vigon, l'enfant de Rabat et du Rythme&Blues. Toujours présent, avec au compteur 46 ans de métier. Deux générations, deux styles, mais un seul et même pays. Ils étaient là pour chanter la tolérance, mais aussi pour faire passer des messages tout aussi beaux et profonds. Vigon déchire toujours. Avant tout, racontez nous l'histoire de Harlem Shuffle. Harlem shuffle ! C'est un très bon souvenir. J'ai fait ce disque en 1966, grâce à Johnny Halliday. Avant l'une de ses tournée, j'ai demandé aux musiciens qui l'accompagnaient de m'accorder une séance privée , histoire de garder un souvenir. Je n'avais pas l'intention de faire un vrai disque. C'était juste une bande que mon manager avait gardé dans sa voiture. Un jour, alors qu'il raccompagnait un directeur artistique de chez Barclay, il lui a proposé de l'écouter. Et tout est parti de là. Pourquoi on ne vous à plus revu après? Dans les années 70, le Rytme & Blues n'avait plus la cote. J'ai été obligé de changer le fusil d'épaule. J'ai commencé à faire des tournées dans des stations de Ski l'hiver et des plages durant l'été. C'était fatiguant. Jusqu'au jour où j'ai rencontré Dafir Loughzaoui, à Crans-Montana en suisse. Il m'a proposé de signer un contrat de deux semaines à Agadir, dans son Hôtel. Le contrat a finalement duré 23 ans. Je suis resté à Agadir et je me suis fait oublier en quelque sorte. Comment s'est passé votre Come-Back ? En 2000, je suis retourné en France et là j'ai eu la chance de travailler dans une boîte qui s'appelle l'American Dream, en face de l'Olympia. Avant et après les spectacles, les gens venaient prendre un verre et m'écouter chanter et tout le monde a fini par savoir que j'étais de retour. J'avais peur que les standard des années 60/70 n'aient été oubliés. Mais j'ai eu beaucoup de chance, ils sont revenus à la mode. J'ai cumulé les tournées et les soirées jusqu'en 2011. Et une fois pendant que j'étais en tournée avec michel jonas en Bélgique, j'ai reçu un coup de fil de Stevens Letourneur, l'un des coachs de l'émission The Voice. Il m'a proposé d'y participer. Au début j'ai dit non, parce que je me trouvais trop vieux. Ils m'ont rappelé un mois après et là j'ai accepté. Je ne le regrette pas, car de là, tout s'est enchaîné à une vitesse incroyable: Mawazine, la fête de la musique et aujourd'hui Le Concert de la Tolérance. Que représente ce Concert pour vous ? Je tenais à être là parce que Agadir fait partie de mon histoire. J'ai habité ici pendant vingt ans avec Marise, ma femme, notre fille Sophia est née ici. j'ai beaucoup joué avec elle sur cette plage lorsqu'elle était enfant. C'est elle qui allait prendre la relève, elle est devenue « Sophia gon's », mais elle nous a brusquement quitté l'année dernière. C'était très important pour moi d'être là. Le Maroc a toujours été un pays de tolérance et la « tolérance », ce n'est pas annuel. C'est tous les jours! * Tweet * *