Entre religion et tourisme, c'est tout un monde de conceptions opposées. Or le tourisme religieux, où le pèlerin est transformé en touriste, s'avère être la tendance. D'autant qu'ils sont jusqu'à 35.000 Marocains à se rendre à La Mecque pour l'Omra à l'occasion de chaque mois de Ramadan. 30 000 à 35 000 Marocains se rendrent à La Mecque pour accomplir l'Omra chaque année, ce qui représente environ 2 milliards de devises au profit de l'Arabie Saoudite. Loin de juger les intentions mais l'ampleur que prend l'Omra (le petit pèlerinage) interpelle, et à plusieurs égards. Transformer le pèlerin en touriste s'avère être la tendance, d'autant plus qu'ils sont 30 à 35.000 Marocains à se rendre, à l'occasion du Ramadan, à La Mecque pour accomplir l'Omra. Ce qui représente environ 2 milliards de transferts de devises au profit de l'Arabie Saoudite. Et le nombre de pèlerins ne cesse d'augmenter chaque année, comme l'atteste Lahbib Laalej, ex-président de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM). Surtout que la dotation de voyage touristique est passée de 20.000 à 40.000 dirhams par an, sans compter la somme additionnelle de 15.000 dirhams autorisée spécialement pour cette «visite sainte». 25% des clients des 5 étoiles sont Marocains Mais lorsque l'on sait que 25% de la clientèle des hôtels classés 5 étoiles à la ville Sainte «Makkah» sont des Marocains et que le taux de retour est estimé à 60%, le doute est alors permis. Un chiffre qui donne certainement à surprendre, eu égard aussi bien au pouvoir d'achat des Marocains que de la taille du pays comparativement au monde musulman qui compte plus de 1,6 milliard de musulmans; mais compte également plus de pays riches que le nôtre. Est-ce à dire que les Marocains sont les porte-drapeaux en matière de pratiques religieuses et d'aspirations spiritualistes? Aux yeux de Omar Kettani, professeur à l'université Mohamed V, le tourisme religieux n'est qu'un abus de langage. S'envoler dans l'objectif de l'accomplissement d'une Omra est certes un témoignage de foi, mais le pratiquer indéfiniment suscite des points d'interrogation. D'ailleurs, «le pèlerinage n'est pas une excursion touristique mais une retraite spirituelle qui demande un sacrifice et des motivations profondément religieuses», pour reprendre les propres termes de cet expert. «L'Omra est devenue synonyme de repos psychique et de relaxation mentale. C'est comme de l'adrénaline pour les sportifs », pense Kettani. A son avis, les gens préfèrent dépenser leur argent dans un culte religieux. Il est vrai que l'Omra est une consécration rituelle mais il n'empêche qu'aider les gens à s'en sortir vaut son pesant d'or, estime l'économiste. Concurrence étrangère L'opération Omra a pris de l'ampleur en raison aussi de la compétitivité des prix, suite à la concurrence étrangère qui se fait de plus en plus farouche. L'avènement des compagnies saoudiennes sur le marché paralyse l'activité des agences nationales. « Les tours opérateurs saoudiens ont réussi à s'accaparer près de 70% des parts de marché. Par voie de conséquence, le rôle des agences nationales s'est réduit pour devenir juste des intermédiaires », s'inquiète Laalaj qui lance ainsi un cri d'alarme. Une réforme s'impose, selon les professionnels Une inquiétude qui informe sur la compétitivité des concurrents au moment où les professionnels nationaux des voyages pratiquent des prix très élevés et encaissent des marges bénéficiaires exorbitantes, témoigne Laalaj. Dans la foulée de cet inversement de tendances, le professionnel taxe du doigt la politique économique et financière du pays. À ses yeux, le régime de change devrait s'orienter vers plus de flexibilité, libéralisant ainsi les flux financiers avec le reste du monde. C'est ainsi qu'une réforme s'impose, d'urgence, en matière législation en vue d'accompagner le processus de libéralisation dans lequel s'est lancé le pays et d'aider les tours opérateurs locaux à prendre le large de l'internationalisation. * Tweet * * *