Considérée comme la bête noire des Lions de l'Atlas, la Tunisie a pris le meilleur sur le Maroc 2-1, pourtant considéré comme le favori de la compétition. Une leçon de réalisme qu'Eric Gerets et son équipe n'oublieront pas de sitôt. Lundi en soirée, autant les Tunisiens jubilaient sur la pelouse, autant les Marocains faisaient grise mine. Les Lions de l'Atlas ont gardé à l'esprit qu'ils étaient imbattables même si le premier match face à la Tunisie était considéré comme le sommet du groupe C. Les Aigles de Carthage n'ont pas laissé de côté leur réputation de bête noire des Marocains. On rappelle qu'ils avaient battu le Maroc en finale de la CAN-2004 (2-1) et s'étaient qualifiés pour le Mondial-2006 aux dépens des Lions de l'Atlas. Et pourtant, les homnmes d'Eric Gerets ont débuté la partie sur les chapeaux de roue avec un milieu de terrain étoffé qui a monopolisé le ballon et en s'est créé quelques incursions, notamment par Mbarek Boussoufa et Chamakh qui était sur le point d'ouvrir la marque à la 13e mn, mais le gardien Mathlouthi s'est montré plus rapide dans sa sortie pour boucher les angles et gagner son face- à- face avec le «Gunner». Le ton était donné par les Lions de l'Atlas qui ont récidivé par Boussoufa dont le tir a été détourné par le gardien tunisien. Ce dernier a été un rempart infranchissable pour des Marocains qui ont eu du mal à soigner leur jeu. Fébrilité criarde Au fil des minutes, on a senti un regain de confiance des Aigles de Carthage qui ont commencé à bousculer leurs adversaires dans tous les compartiments de jeu, en particulier en défense où Kantari a fait montre d'une fébrilité criarde. On ne sait pas les raisons qui ont poussé le sélectionneur belge à faire appel à un défenseur qui n'a pas joué depuis plus de 6 mois en raison d'une grave blessure, suivie d'une opération qui l'a éloigné des terrains. Les hommes de Sami Trabelsi ont été plus appliqués dans leur jeu, se contentant de tirs sur balle arrêtée qui ne feront pas le bonheur du gardien Nadir Lemyaghri. Ce dernier a dû faire preuve d'agilité sur une action de Zouhair Dhaoudi. Mais tout juste après la demi- heure de jeu, ( 34emn), les Tunisiens vont recueillir les fruits de leurs efforts sur balle arrêtée de Kourbi qui ne laissa aucune chance au portier marocain. «En première période, on a essayé de jouer notre jeu mais, au lieu de marquer un but, nous l'avons encaissé.» regrettera plus tard Eric Gerets. Comme il regrettera le fait que le schéma tactique n'ait pas été respecté. En effet, Mbarek Boussoufa qui a évolué derrière Marouane Chamakh a été trop personnel et a même rétréci la marge de manœuvre de Belhanda qui était plus apte à dynamiser l'attaque. Les Marocains ont eu bien du mal à trouver leur inspiration en seconde mi- temps et toutes les tentatives étaient étouffées dans l'œuf. «On a créé du beau jeu mais, comme l'a dit le coach, il y a beaucoup de jeunes joueurs et, à un moment, on a plus joué avec le cœur qu'avec la tête» a précisé le capitaine Houcine Kharja lors de la conférence d'après- match. Eric Gerets avait une certaine appréhension concernant Oussama Essaidi, mais l'homme s'est bien comporté et ses centres n'ont pas trouvé de finisseurs, malheureusement. Ni Chamakh, qui s'est pourtant battu, vainement,sur toutes la balles ni Boussoufa n'ont été capables de remettre les pendules à l'heure. Bouffée d'oxygène Les rentrées de Youssef Hajji et Adil Taarabt n'ont pas apporté la bouffée d'oxygène dont avaient besoin leurs coéquipiers et la montre tournait. Ce dernier a, une nouvelle fois, abusé de dribbles inutiles et l'attaquant de Rennes a raté deux occasions en or. Au moment où l'on s'y attendait le moins, un contre éclair des Tunisiens mené par Youssef Msekni donnait définitivement la victoire aux Tunisiens à la 75e. L'attaquant de l'Espérance de Tunis échappait à quatre défenseurs pour loger le ballon au fond des filets. La réaction de Houcine Kharja, qui réduisit la marque à la 86e mn, a été insuffisante pour les Marocains qui n'auront plus le droit à l'erreur face au Gabon vendredi, pays hôte qui a remporté plus tôt, sur cette même pelouse, le Niger 2-0. Les Lions seront sans aucun doute sous pression lors de cette rencontre. «Avec un peu de réussite, on aurait fait un nul qui aurait été , je pense, plus juste mais on reste avec 0 point. Le deuxième match, ce sera tout ou rien. Bien sûr qu'on a plus de pression maintenant. Mais on est 23 joueurs, plus l'encadrement, pour s'aider à ne pas sentir trop la pression. Le fait qu'on a perdu aujourd'hui parce qu'on n'a pas respecté le schéma tactique, c'est la leçon.» a déclaré Eric Gerets. Oui, ce fut une véritable leçon de réalisme des Tunisiens qui continueront plus sereinement leur parcours dans cette CAN 2012 qui s'annonce difficile pour les Marocains. Sami Trabelsi, l'entraîneur tunisien, n'a pas caché sa satisfaction au terme de cette première rencontre du groupe C. «On a fait un match héroïque. C'est une victoire précieuse qui va nous aider dans notre parcours pour cette CAN. On a joué contre une équipe très bonne techniquement mais mon équipe a fait un excellent match au niveau tactique et au niveau de l'agressivité» a t-il lancé au cours de la conférence d'après- match. Le prochain match des Aigles de Carthage face au Niger ne devrait être qu'une formalité même si l'entraîneur veut mettre en garde ses joueurs contre tout excès de confiance.