La nouvelle carte politique offre peu d'espace aux petites formations. Conscientes de cet état des lieux, elles tentent de rebondir, en affichant des gages de soutien sans faille au gouvernement Benkirane. Les législatives anticipées du 25 novembre ont eu le mérite de clarifier davantage le champ partisan. Si la bipolarisation laisse à désirer, l'émiettement, lui, est en train de perdre du terrain et de l'influence. Le verdict des urnes est sans appel : sur les 395 sièges de la Chambre des représentants, 378 reviennent à 8 grandes formations (PJD, PI, RNI, PAM, USFP, MP, UC et PPS) et 10 partis se disputent le reste, soit 17 sièges. Indéniablement, les petites structures partisanes sont les grandes perdantes du dernier scrutin, la traversée du désert qui se profile, avec ses conséquences immédiates, a brouillé leurs calculs. Leur avenir sur l'échiquier politique pourrait être remis en question. Sauf que leurs directions respectives refusent d'admettre cette réalité. La nomination d'Abdelilah Benkirane, le 29 novembre, par le roi Mohammed VI, pour former le prochain exécutif a eu un effet bénéfique. Nombreux sont, en effet, les chefs de ces entités qui entretiennent de bonnes relations avec le PJD. Fort de cette « proximité », ils tentent de rebondir en présentant des gages de loyauté et de soutien au cabinet Benkirane. Soutien sans faille à Benkirane Alors que les têtes d'affiche de l'Istiqlal, du Mouvement populaire et du PPS convergent religieusement vers le siège du PJD à Rabat, ces petites formations, via des communiqués de soutien, ont finalement réussi à s'offrir une place dans une actualité très chargée de rumeurs et de supputations sur l'architecture, la composition ou encore les noms des ministres de la future équipe gouvernementale. En l'espace de deux jours, des petites entités politiques, non encore identifiées, se bousculaient pour applaudir les actions de l'homme fort du PJD. Lundi, trois parmi elles (Al Ahd Addimocrati de Najib El Ouazzani, le Mouvement démocrate et social d'Abdessamed Archane et le Parti du renouveau et de l'équité de Chakir Achehbar), composant l'Alliance des partis du centre, ont annoncé, à l'issue d'entretiens avec Benkirane, leur soutien sans faille au prochain gouvernement. Une initiative sans grande surprise puisque ces petites structures gravitent autour de la sphère du Mouvement populaire, membre de la majorité. Le lendemain, c'est au tour de cinq députés, menés par la famille Chaâbi, de montrer les mêmes signes de respect et de loyauté au cabinet Benkirane. Une démarche personnelle, effectuée sans l'implication officielle des partis qu'ils représentent. Les cinq élus, qui se sont alliés en un groupement nommé « Al Mostakbal », ne sont autres que l'homme d'affaires Miloud Chaâbi, Mohcine Chaâbi du parti de l'Environnement et du développement durable, Brahim Takount du parti de l'Action, El Ghazi Ajitou de l'Unité et la démocratie et Yazid Taghi de Liberté et justice sociale. L'homme d'affaires Miloud Chaâbi a été désigné en tant que porte-parole de ce groupement. Ils font exception Toutes les petites formations justifiant d'au moins un député à la Chambre des représentants, n'ont pas choisi de soutenir le gouvernement Benkirane. Le Parti travailliste (4 sièges), la Gauche verte marocaine (1 député) et le Front des forces démocratiques (1 député) se refusent, du moins pour le moment, à bénir la prochaine majorité pour différentes raisons. Le PT et PGVM ne souhaitent pas abandonner le navire de l'Alliance pour la démocratie, autrefois appelé G8. Quant au FFD, qui lui navigue à vue, son « commandant », Thami El Khayari, tente une ultime manœuvre d'arrimage à l'USFP, l'autre survivant de cette fameuse Coordination de la gauche qui réunissait, avant le scrutin du 25 novembre, l'USFP, le PPS, le PT, le PGVM et le PS.