Un rapprochement entre des structures libérales et celles qui se réclament de la gauche en plus d'une formation islamiste, une scission du PJD de surcroît, est rarissime. Voici comment il s'est produit. «Tout a commencé dimanche dernier à Rabat », nous confie Mohamed Fares, coordinateur national du Parti de la gauche verte marocaine. Les tractations ont conduit à l'annonce d'un rapprochement entre l'alliance libérale, formée par le PAM, RNI, UC et MP, et trois partis de gauche : Parti socialiste de Abdelmajid Bouzoubaâ,Parti travailliste de Abdelkrim Benatiq et le PGVM, sans oublier le parti de Rennaissance et Al Fadila, de Mohamed Khalidi, un ancien du PJD qui a quitté le navire islamiste en 2007. Mardi, les sièges centraux des trois formations enregistraient une activité particulière. Durant l'après-midi, il est difficile de joindre par téléphone les chefs de ces partis. Et pour cause, ils ont réuni leurs bureaux politiques respectifs afin de se prononcer sur l'utilité d'un tel rapprochement. « Notre action a pour objectif d'appeler à l'application de la nouvelle Constitution et surtout à la défendre contre les attaques des forces conservatrices et nihilistes», explique Fares. A la question si ce rapprochement est le prélude à la formation d'une nouvelle équipe gouvernementale constituée des sept partis après les législatives du 25 novembre, notre interlocuteur répond par la négative. « Il est prématuré d'aborder cette question », affirme-t-il. Et de préciser, au passage que « la place naturelle du PGVM est l'opposition ». « L'objectif de cette action est clair : priver le PJD d'arriver premier lors des législatives anticipées et surtout nous rendre très difficile la tâche de nouer des alliances avec d'autres formations ». Abdelali Hamieddine. Ce rapprochement atteste que les petites formations de gauche commencent à marquer des coups, fussent-ils juste médiatiques. Ils ne se contentent plus de quémander l'attention de l'USFP, le grand frère. Ces partis ont, visiblement, grandi et tentent de voler de leurs propres ailes. Le PGVM, PT et PS, aux côtés du PPS, FFD et l'USFP, ont initié, fin août, un dialogue à même de conduire à la création d'une coordination entre ces formations. Depuis, elles enchaînent, non sans succès, les rendez-vous. La tenue d'une conférence est même prévue, le 25 octobre à Rabat. Du côté du PJD, l'heure est à l'analyse des messages de ce rapprochement, d'autant plus que le parti Al Fadila de Mohamed Khalidi, une scission du parti de la Lampe, a rejoint cette coordination. « Il s'avère que l'Etat tente de fragiliser le PJD. Une action dont l'objectif est clair : priver notre parti d'arriver premier lors des législatives anticipées et surtout nous rendre très difficile la tâche de nouer des alliances avec d'autres formations », explique Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du PJD.