Les quatre partis formant le pôle libéral s'acheminent vers les élections en bloc uni. L'éventualité d'une coordination électorale n'est pas à écarter. L'alliance des quatre partis formée par le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Mouvement populaire (MP), le Parti authenticité et modernité (PAM) et l'Union constitutionnelle (UC), envisage de passer à la vitesse supérieure. Les quatre partis essayent en effet de dépasser le stade de coordination sur les amendements des lois concernant les élections. Saïd Ameskane, membre du bureau politique du MP chargé du dossier développe : «nous sommes en train de travailler sur une plate-forme politique commune qui sera dévoilée prochainement». En attendant, les composantes de l'alliance ne parlent pas de coalition mais de simple coordination. «Les alliances se font sur la base de programmes et de référentiels en commun, nous sommes au stade de la concertation, sur un travail commun au sein de l'hémicycle. Les alliances se font après les élections et dans le cadre de la formation d'un éventuel gouvernement», ajoute-t-il. Cette alliance n'est pas un cadre dirigé vers un autre pôle, elle vise seulement à coordonner les positions, dans la perspective d'un travail d'avenir en commun, affirment à nouveau les dirigeants des composantes de la coordination. «Nous ne sommes pas contre un parti ou une personne. Actuellement il y a la Koutla, le PJD et le Pôle libéral composé du RNI, de l'UC et du PAM. On ne pouvait pas rester isolé et il était normal de s'engager dans cette alliance puisque c'est la seule qui s'est concrétisée par un accord positif», éclaircit encore M. Ameskane. Selon Mohamed Bentaleb, membre du bureau politique du RNI, «la coordination entre les quatre partis a déjà fait un bon chemin, nous travaillons actuellement sur une plate-forme politique qui jettera les jalons pour un Maroc nouveau». Concernant l'éventuelle présentation de candidatures communes, les quatre partis envisagent de tenter l'expérience dans certaines circonscriptions électorales et chaque parti sera appelé à ne pas présenter de candidats dans des circonscriptions où il n'a pas de fortes chances. En revanche, il devra soutenir le candidat favori d'un parti de l'alliance, qui sera le seul candidat des quatre. Si le MP encourage cette formule, le RNI écarte cette éventualité car «il est difficile de l'appliquer sur le terrain», pense Mohamed Bentaleb. En attendant, trois points font déjà l'objet de concertations entre les quatre partis : le rapprochement des positions au sujet des lois électorales, la mise en place d'une vision commune pour l'avenir et le rapprochement des programmes. Par ailleurs, la réunion tenue entre Salaheddine Mezouar et les composantes de la majorité, mardi 13 septembre, a laissé apparaître des divergences de points de vue entre l'USFP et l'Istiqlal d'une part et le RNI et le MP d'autre part. Néanmoins, une chose est sûre, M. Mezouar va beaucoup compter sur les partis de l'alliance pour un vote confortable de la loi de Finances. Et même si le rapprochement du MP, du RNI, de l'UC et du PAM inquiète l'Istiqlal, l'USFP et le PPS, les quatre semblent s'acheminer vers les élections en bloc uni. Notons qu'une des composantes de la majorité, le PPS en l'occurrence, a ouvertement critiqué le RNI et le MP alliés pour sa coordination avec le PAM et de l'UC. Le PPS s'est dit étonné de la position de deux composantes de la majorité qui, en connivence avec deux autres partis de l'opposition, avaient présenté des amendements conjoints à des projets du gouvernement. Selon Mohamed Bentaleb du RNI : «Les réserves que les partis de la Koutla ont de notre action commune sont infondées. Notre action vise essentiellement à arriver à un consensus sur les textes de loi électorale. Aujourd'hui tout le monde parle de la nécessité de trouver un consensus sur cette question». L'alliance des quatre continue de tenir des réunions régulières. Ces réunions sont tenues entre les secrétaires généraux des partis avec la présence d'un membre du bureau politique de chaque parti. Ni les lieux des réunions ni les dates ne sont connus d'avance, seuls les dirigeants des autres partis doivent se mettre d'accord sur ces questions. Vers un pôle libéral élargi En juillet 2010, le PAM, le RNI et l'UC ont décidé de mettre en place des mécanismes d'action commune, relative à la position sur la reforme du système électoral. Les trois partis se sont également accordés à coordonner leurs actions pour convenir d'un avis unifié sur la question de la réforme du système électoral et de la loi sur les partis. Un an plus tard, le 11 août, les trois partis ont tenu une réunion à laquelle s'est ajouté le MP et au terme de laquelle ils ont choisi de rapprocher leurs positions par rapport aux projets de lois en discussion avec le ministère de l'intérieur. L'alliance des quatre était née. Trois pistes sont possibles pour les futurs pôles politiques : un pôle libéral composé du PAM, du MP, du RNI et de l'UC ; un pôle de gauche composé de l'USFP, du PPS, du PSU et du FFD ou du Parti travailliste et un pôle conservateur, composé du PJD et de l'Istiqlal. Selon les analystes, il est facile pour le PAM de faire émerger le pôle libéral, alors que pour le pôle de gauche, ce dernier a démontré une grande tendance vers l'éclatement.