La 15e réunion annuelle de l'African securities exchanges association (ASEA) s'est tenue du 11 au 13 décembre à Marrakech, avec une forte participation de plus de 400 représentants venus d'une centaine de pays différents. Le but de cette grand-messe étant évidemment de se fixer des objectifs propres à réhabiliter les bourses africaines. « C'est la première fois que le Maroc abrite ce genre de manifestation organisée par la Bourse de Casablanca et dont le thème était axé sur les opportunités qu'offre le continent africain. Un continent qui vit actuellement un dynamisme économique, contrairement aux pays d'Europe et aux USA qui n'ont pas su profiter des opportunités de la crise de 2007-2008. » Ce sont là les propos de Salaheddine Mezouar, notamment à l'ouverture de cet événement. D'ailleurs « l'Afrique dispose actuellement de nombre d'atouts à même de permettre sa croissance soutenue », souligne Sunil Benimadhu, président de l'ASEA. Il s'agit notamment du fort potentiel en matières premières et ressources naturelles de cette région du monde et l'expérience réussie de pays africains en matière d'ajustement structurel (PAS). Ces atouts expliquent « l'engouement de plus en plus remarquable » des investisseurs étrangers, et plus particulièrement chinois, pour le continent. Malheureusement, « l'Afrique continue à faire peur », nuance Mezouar. Pour le ministre des Finances et de l'économie, « l'heure est au changement des paradigmes en Afrique », arguant : « le risque est que le continent passe à côté de ces opportunités ». Une vision commune Par ailleurs, lors de cette rencontre, plusieurs sujets ont été débattus et des réflexions ont été avancées afin de doter les bourses africaines de plus d'outils à même de les aider à gagner en attractivité et à se doter d'une certaine résilience face à un contexte international frileux, marqué par la crise de la dette européenne et l'abaissement de la notation des Etats-Unis. « à mon sens, la clé pour maintenir un intérêt soutenu pour les opportunités d'investissement sur le continent réside à s'engager dans une vision africaine qui implique la poursuite de l'excellence à tous les niveaux, l'adoption de principes démocratiques et de bonne gouvernance au plus haut niveau décisionnel », souligne Sunil Benimadhu. De son côté, Karim hajji, directeur général de la Bourse de Casablanca insiste sur le fait que le manque de liquidité des bourses, les disparités réglementaires et fiscales, la gouvernance des entreprises, souvent insuffisante, et le manque de visibilité des places africaines à travers le monde (seules quatre d'entre elles sont membres de la WFE), sont autant d'obstacles au développement des marchés des capitaux. Pour le directeur de la Bourse de Casablanca, il faut que toutes les places africaines œuvrent à développer une vision commune, fédérant des synergies opérationnelles entre elles, les rapprochant de la communauté des investisseurs internationaux. L'objectif étant le même pour tous : favoriser le développement des marchés de capitaux africains, afin de contribuer au financement des entreprises et, à travers elles, au développement économique et social du continent. La dynamisation des IPO's est capitale Le développement de ces marchés passe par la dynamisation du nombre et de la qualité des émetteurs qui y recourent. D'ailleurs, au Maroc, les opérations d'introduction en bourse n'ont cessé de régresser depuis 2008, en nombre, mais également en terme de volume. « Nous sommes dans une phase de restructuration, le pays investit beaucoup en infrastructures et nos entreprises privées doivent suivre le sillage qui a été tracé par l'entreprise publique et créer la valeur », a expliqué Idriss Berrada, directeur générale-adjoint d'Attijari Finances Corp. Selon lui, pour réussir son introduction en bourse, la société doit construire un projet pour pouvoir le vendre à des institutionnels ou à des investisseurs étrangers et instaurer un volume récurrent d'introduction en bourse. Dans ce sens , « le rôle des banques d'affaires est très important pour la dynamisation de ce marché et la réussite d'un mouvement récurrent », souligne-t-il. L'objectif aujourd'hui est donc de taille : favoriser la connaissance de l'outil Bourse par les entrepreneurs africains. Par ailleurs, il est utile de préciser que cette 15e conférence et réunion annuelle de l'ASEA, a rassemblé les dirigeants de plus de 20 marchés boursiers en Afrique. Au total, plus de 400 participants d'une centaine de pays ont répondu présent à ce rendez-vous annuel qui a vu la participation de plusieurs institutions nationales et internationales de grande renommée telles que la China-Africa Developpement Fund, HSBC, le cabinet d'études BCG, Auerbach Grayson & Company, Nasdaq OMX, Maroc Telecom et également la Bourse de Casablanca. Le secteur privé n'était pas en reste puisque des sociétés africaines cotées et non-cotées, opérant notamment dans les secteurs de l'énergie, de l'agroalimentaire, des mines, de la finance et des télécommunications, étaient également présentes aux réunions et ateliers. Toutefois, la rencontre a été marquée par une forte présence de la Chine, des états-Unis, et des pays du Moyen-Orient.