La 15e réunion annuelle de l'ASEA arrive à point nommé. La crise européenne et les changements dans la finance internationale interpellent les patrons des bourses africaines. En marge de cet événement, des décisions et mesures seront prises, afin de doter ces dernières de plus de résilience et de maturité. La 15e réunion annuelle de l'ASEA (African Securities Exchanges Association) prendra place cette année au Maroc, et ce du 11 au 13 décembre à Marrakech. Le thème de la réunion sera axé sur les opportunités qu'offre le continent africain. Plus de 400 participants d'une centaine de pays ont répondu présent à ce rendez-vous annuel. Toutefois, l'évènement sera marqué par l'importante présence de la Chine, des Etats-Unis, et des pays du Moyen-Orient. Cette réunion annuelle de l'ASEA, qui se tiendra pour la première fois au Maroc et organisée notamment par la Bourse de Casablanca, s'avère cruciale de part les thèmes qui y seront abordés. D'ailleurs, plusieurs réflexions seront entamées afin que les bourses africaines se dotent d'une résilience importante face à un contexte international très particulier. Autre signe distinctif de l'importance que revêtira cette réunion, la présence de plusieurs institutions nationales et internationales de grande envergure, telles que la China-Africa Developpement Fund, HSBC, le cabinet d'études BCG, Auerbach Grayson & Company, Nasdaq OMX, Maroc Telecom et également la Bourse de Casablanca. Le secteur privé n'est pas en reste. Des sociétés africaines cotées et non-cotées, opérant notamment dans les secteurs de l'énergie, l'agroalimentaire, les mines, la finance et les télécommunications, seront présentes aux divers réunions et ateliers programmées. Grande disparité Il convient de signaler que les bourses africaines présentent plusieurs particularités telles que leur grande disparité en termes de réglementation, fiscalité et politiques de change. De plus, il y a une absence de synergie opérationnelle entre les places du continent. Sur les 22 bourses du continent africain, seules 4 font partie de la Fédération mondiale des Bourses (WFE) qui représente 90 % de la capitalisation boursière mondiale. Pour rappel, sur les 22 bourses du continent africain, seules quatre (Johannesburg, Egyptian Stock Exchange, Casablanca Stock Exchange et Stock Exchange of Mauritius) font partie de la Fédération mondiale des Bourses (WFE), qui compte 52 membres et représente 90% de la capitalisation boursière mondiale. Partant de ce constat, la 15e réunion de l'ASEA s'est fixé plusieurs objectifs à même de réhabiliter les bourses africaines. Il s'agit, en effet, de proposer des solutions concrètes, afin de doter ces bourses des derniers mécanismes et pratiques en la matière et, ainsi, les adapter aux changements récurrents de la finance mondiale. En deuxième lieu, les initiateurs de l'événement s'activeront afin de créer des leviers de financement pour les entreprises africaines et innoveront en matière d'incitations. L'ultime but étant d'attirer les investisseurs étrangers et contribuer à la hausse des IDE (Investissement directs à l'étranger) à destination de l'Afrique. Egalement dans le pipe, l'élargissement de la gamme de produits traités et des services offerts au sein des bourses africaines. 3 QUESTIONS À… Kawtar Raji, avocate spécialisée dans la finance au cabinet Lefèvre Pelletier & associés. Pensez-vous que la réglementation financière au Maroc est favorable pour attirer des investisseurs dans ce domaine et faire de la future place financière de Casablanca un hub régional ? Il y a eu des progrès, ces dernières années, au niveau de la réglementation financière au Maroc. Il y a eu des textes amendés et plusieurs lois ont été mis en place pour favoriser l'investissement dans ce secteur. Toutefois, nous attendons plusieurs textes de loi qui favoriseraient davantage l'afflux des investissements, comme la loi sur les prêts des titres financiers. Mais, il y a encore plusieurs types d'opérations non encore mises en place au Maroc… Effectivement, on gagnerait davantage en introduisant plusieurs produits financiers, comme le ETR qui intéresse beaucoup les investisseurs étrangers, ou en créant un compartiment dans la Bourse dédié à ce produit. On attend également la loi de Finances 2012, la mise à jour de la réglementation des changes, la durée des crédits ou encore la réglementation des opérations d'investissements des institutionnels marocains à l'étranger. Mais, dans l'ensemble, notre système juridique est favorable, et on suit ce qui se passe à l'international. La finance islamique a-t-elle un avenir au Maroc, en termes d'attrait des investisseurs ? La finance islamique est très bénéfique pour notre système bancaire et financier, dans la mesure où on pourra attirer les investisseurs moyen-orientaux. Les efforts de Bank al-Maghrib, par exemple sur ce volet, sont à saluer. Il y aura, de ce fait, une prochaine mise en place des « Soukouk » et un élargissement de la gamme des produits alternatifs.