Le secrétariat régional du PJD à Salé a invité les habitants de la ville à un meeting, samedi 3 décembre. En fêtant sa victoire avec les Salouis, Abdelilah Benkirane, nouveau chef du gouvernement, a explicitement rendu hommage et témoigné sa reconnaissance à ces deniers. Reportage. Salé, samedi 3 décembre. 15h. Devant l'entrée de la salle couverte omnisports El Bouâzzaoui, située au quartier Bettana, une foule d'hommes, de femmes et d'enfants tente difficilement d'accéder à l'intérieur de ce bâtiment. « Allez de l'autre côté, s'il vous plaît ! Vous trouverez l'entrée principale. Ici, c'est archi-comble !», lancent les deux agents de sécurité, postés devant la porte. Ce n'est pas toujours évident de convaincre une marrée humaine, venue assister à un événement aussi exceptionnel. Aujourd'hui, ce n'est pas un match de basket-ball qui a lieu, mais un meeting populaire avec Abdelilah Benkirane en personne. Le secrétariat régional du Parti de la justice et du développement (PJD) de la ville a distribué des invitations, dans les rues et les quartiers, aux habitants de Salé, pour les convier à prendre part à cette grand-messe. Ils n'ont pas tardé à y répondre massivement, venus en famille, munis de deux drapeaux, celui du Maroc et celui de la Lampe, symbole du PJD. Visionnaire Dans la foule, c'est la famille de l'artiste El Joundi qui retient l'attention. «Ma dernière œuvre coïncide avec ces événements que nous vivons en ce moment. J'avais imaginé qu'un homme ordinaire militant corps et âme pour ses semblables soit enfin reconnu à sa juste valeur et puisse récolter les fruits de tant d'années de labeur. C'est homme dans mon histoire s'est révélé être dans la réalité, Abdelilah Benkirane », raconte avec enthousiasme, le célèbre dramaturge Anouar El Joundi. Visionnaire, l'artiste a tenu à marquer sa présence pour exprimer sa joie, celle des habitants de Salé qui ont toujours élu Benkirane pour les représenter. La chaleur humaine est à son comble dans cette salle où les 2 000 places ont été insuffisantes pour accueillir ce meeting populaire. Dans les gradins, sur les escaliers, dans les passages et les couloirs, le comité d'organisation ne sait plus où donner de la tête. Le bouillonnement semble s'accroître au fur et à mesure que se prolonge l'impatience des Slaouis d'accueillir Benkirane. Comedia show En attendant, c'est le secrétaire général du parti, Aziz Benbrahim qui ouvre officiellement les festivités : « Nous célébrons un militantisme collectif. Et nous félicitons Abdelilah Benkirane pour sa nomination à la tête du premier gouvernement de la nouvelle Constitution, pour la précieuse confiance que le souverain nous a accordée. La volonté populaire a gagné ! ». Les applaudissements retentissent dans la salle, où d'un seul geste, tous les drapeaux se hissent et s'agitent, pour témoigner de la joie populaire. Et parce que l'ambiance s'y prête, le PJD offre une belle surprise à ses invités : Bassou, la star du « Comedia show ». « Ma mère entend tellement parler du PJD qu'elle commence à le confondre avec DVD. Dans ce cas, pour elle, la jeunesse PJDéiste serait certainement le VCD ! », lance le comique récompensé par les éclats de rire de son assistance. «Benkirane promet une justice pour tous, l'épanouissement économique au profit des citoyens et une entraide sociale où les plus riches donneront la main aux plus pauvres». Des blagues, il en a sur toutes les figures du PJD : Daoudi, El Othmani et Benkirane. « Justement, Benkirane vient de rencontrer l'ambassadeur des USA à qui il répondait à chaque fois en faisant référence au Coran. Mais est-ce que monsieur l'ambassadeur l'a bien compris ? », s'interroge l'humoriste qui parvient à hypnotiser une dizaine de minutes le public. Que la fête commence ! Ensuite, c'est autour d'un membre dirigeant du PJD, Jamaâ Mouâtassim, de prendre le relai sur scène, le temps de calmer encore les impatients et de prévenir l'avalanche des admirateurs, car il semble que Abdelilah Benkirane est bien arrivé. Le comité d'organisation forme une ceinture de sécurité pour permettre au secrétaire général du parti de pénétrer dans la salle. Cela fait une heure déjà que les Slaouis attendent ce moment. Dès qu'apparaît le nouveau chef du gouvernement, c'est une jubilation populaire qui se déclenche. Les flashes des appareils photos se succèdent, les admirateurs et les supporters viennent le saluer, le féliciter. Benkirane a presque les larmes aux yeux face à cette marée humaine qui lui témoigne sa fidélité. Les youyous et les applaudissements accueillent un héros, celui des Marocains et, surtout, des Slaouis. Benkirane décide, malgré tout, de prendre un bain de foule pour rendre hommage à ces fans de toujours. Envahi d'émotion, sur scène, il n'arrive plus à placer un mot. Alors, pour lui faciliter la tâche, on lance un « chut ! » au public pour le calmer. « Non ! Ne dites plus chut aux Marocains ! », s'exclame-t-il, ovationné. « Je ne peux pas vous voir tous, ici, mais mon cœur, oui ! Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? », demande-t-il, avec son humour habituel. « Merci à Dieu qui nous a fait ce don. Sans les Marocains qui nous ont gardé dans leurs cœurs, nous ne serions pas devenus ce que nous sommes, aujourd'hui », confie-t-il, avant d'exprimer une reconnaissance exceptionnelle à Salé qui lui a « toujours tendu les bras ». « Cette ville m'a fait l'honneur de la représenter au Parlement, cinq fois de suite. Je lui suis reconnaissant et à tous ses habitants », déclare-t-il. Rendant également hommage à feu Dr Abdelkrim El Khatib, Benkirane a estimé que sa victoire était avant tout, celle du fondateur du PJD et de tous ceux qui ont milité pour protéger la stabilité de la patrie et de la monarchie. « Nous n'avons jamais paniqué face aux difficultés, nous n'avons jamais eu peur de la prison. Les Marocains nous connaissent pour notre courage de défendre nos idées et notre sérieux », affirme-t-il. La promesse de Benkirane Après la victoire, le plus dur reste à faire. Abdelilah Benkirane ne se voile pas la face : « Vous allez me dire : Et maintenant, que va-t-on faire ?! ». Il n'y pas de miracle, le PJD devra enlever les racines pourries, traquer les mauvaises herbes et assainir le terrain. Benkirane promet une justice pour tous, l'épanouissement économique au profit des citoyens et une entraide sociale où les plus riches donneront la main aux plus pauvres. « Je sais qu'il nous faut énormément, énormément d'efforts. Mais croyez-moi, ce n'est pas la volonté qui manque !».