Au terme du spectaculaire Festival du film d'Abu Dhabi, clôturé vendredi soir, le Doha Tribeca Film Festival, qui siège du 25 au 29 octobre, sacre la région comme tribune cinématographique d'envergure. Zoom sur le Golfe en cinéma. Les grandes capitales du Golfe ont honoré, en grande pompe, les films de la région et d'outre-mer. Rien n'a été laissé au hasard : cru spectaculaire, films représentatifs, et une poignée de célébrités flamboyantes à l'image de ces métropoles démesurées. Après le Festival du film d'Abu Dhabi qui vient de s'achever, Doha Tribeca Film festival a prouvé la portée de ses ambitions, lors de la soirée d'ouverture mardi soir, en attendant le Festival de Dubaï qui doit se tenir du 7 au 14 décembre. C'est en avant-première mondiale qu'Or noir, film emblématique de la péninsule arabique, réalisé par Jean-Jacques Annaud, a ouvert mardi soir la 3e édition du festival. Qualifié de l'un des plus grands films épiques depuis Lawrence d'Arabie, il retrace l'histoire fictive de la péninsule après la découverte du pétrole dans les années 1930. Réalisé par Jean-Jacques Annaud, il est interprété par Tahar Rahim, le jeune prodige du film Le Prophète primé en 2009, qui campe le rôle d'un prince arabe déchiré entre deux émirs rivaux : un père ultra conservateur et un beau-père, Antonio Banderas, moderne et libertin. Un film où la tradition et le progrès entrent en collision, sur fond de batailles spectaculaires au milieu des dunes. Le Maghreb en force Jean-Jacques Annaud, auteur de grands classiques comme Le nom de la rose et L'Amant était présent lors de la projection de son film, première coproduction internationale pour le Doha Film Institute (DFI). D'autres artistes du globe fouleront le tapis rouge du festival : Antonio Banderas honorera les marches du festival pour présenter son nouveau film, Le Chat botté. Michelle Yeoh, venu présenter The Lady, le dernier film de Luc Besson et film de clôture du festival, Nadine Labaki, la réalisatrice et actrice libanaise, auteur de Caramel, pour son nouveau film Et maintenant, on va où ?, ainsi que David Thewlis, à l'affiche de Cheval de guerre, le nouvel opus de Steven Spielberg, tourné après Tintin. Une poignée de célébrités fait partie du jury, notamment l'actrice Robin Wright, l'actrice libanaise Carmen Lebbos, le réalisateur marocain Hakim Belabbes, le directeur du Festival du film d'Istanbul et le talentueux réalisateur syrien Mohammad Malas. Une semaine auparavant, c'était au tour d'Abu Dhabi film festival d'attirer les cinéphiles et les critiques, dans une frénésie de prix cinématographiques sans précédent. Du 13 au 22 octobre, une avalanche de prix s'était déversée sur la capitale émirienne, culminant en deux cérémonies au lieu d'une, celle qui clôture habituellement les festivals d'envergure. La compétition des long-métrages narratifs a vu défiler 16 films de 11 pays, dont sept du Moyen-Orient, trois du Maroc, trois d'Iran et un de Tunisie. Poulet aux plumes a récolté le Prix du meilleur film, réalisé par la Franco-Iranienne Marjane Satrapi, auteur du roman graphique éponyme écrit en 2004, et de l'inégalable Persépolis. Le jury a également décerné le Prix spécial du jury à Asghar Farhadi et son film Une séparation, un des films les plus accomplis du festival, Ours d'or à Berlin, projeté d'ailleurs à Casablanca, dimanche et lundi derniers, au cinéma ABC. Le Prix du meilleur réalisateur dans les pays arabes a été attribué au Franco-Marocain Ismaël Ferroukhi pour son film Les hommes libres, auteur du succès phénoménal Le Grand voyage en 2004. Le film dépeint la participation de la communauté de migrants de l'Afrique du Nord en France à la résistance antinazie. Un prix, la Mention spéciale du jury, a été attribué à Soufia Issami, Mouna Bahmad, Nouza Akel and Sara Betioui – les quatre jeunes actrices du film Sur la planche, de la Marocaine Leïla Kilani, un des films les plus audacieux cette année. Le court-métrage Salam Ghourba (Farwell Exil), de la cinéaste marocaine Lamia Alami, a remporté le Prix du meilleur court-métrage arabe, doté de 25.000 dollars, et Demain l'Algérie, du réalisateur Amine Sidi-Boumedienne a obtenu le Prix de la meilleure production du monde arabe, doté de 10.000 dollars. D'autres prix et d'autres catégories se sont rajoutés au palmarès de cette édition, dont New Horizons, autre compétition parallèle pour les longs-métrages, ou la compétition pour les films documentaires, longs et courts, ainsi que la nouveauté du festival ; en l'occurrence la compétition mondiale célébrant les films à portée environnementale. Une avalanche de prix qui s'avère être le propre des grosses machines du Golfe, celles qui dépensent sans mesure. La promesse d'un terreau foisonnant du 7e art dans la région.