"The First Grader", un film britannique tourné au Kenya et véritable hymne à l'éducation et à la lutte anti-coloniale, a raflé les votes pour le premier prix du public au Festival du film Tribeca de Doha (DTFF), qui s'est achevé tard dans la nuit de samedi à dimanche. Inspiré d'une histoire vraie et réalisé avec une habileté hollywoodienne par le Britannique Justin Chadwick, ce long métrage raconte avec autant d'humour que d'émotion la détermination d'un octogénaire Mau Mau qui avait subi les affres du colonialisme dans sa jeunesse, à retrouver les bancs d'école et y apprendre à lire et à écrire. Admirablement joué par Oliver Litondo (l'octogénaire) et Naomie Harris (l'institutrice), ainsi que par les élèves enthousiastes d'une école primaire de la campagne kenyane, le film a pu capter les faveurs d'un public nombreux et cosmopolite durant toutes ses projections et jusqu'au dernier jour du festival, où il a été de nouveau visionné au terme de la soirée de gala de clôture. L'autre Prix du public, destiné à la catégorie des documentaires, a été décerné à une co-production Emirats-Qatar-Liban intitulée "Grandma, a thousand times" (en arabe : Tita alf marra), où une grand-mère beyrouthine relate les péripéties de sa vie devant la caméra de son petit fils. Outre ces deux Prix du public dotés chacun de 100.000 dollars, deux autres Prix du jury dotés des mêmes sommes ont sanctionné la compétition du film arabe. Réservés au meilleur film et au meilleur réalisateur, ils ont été respectivement décernés au film égypto-qatarien "Hawi" d'Ibrahim Al-Battout, et à "Balls" (en arabe : Marjala), réalisé par le libano-suédois Josef Fares. "Hawi" dépeint la vie réelle dans la ville égyptienne d'Alexandrie d'aujourd'hui, où la misère et la solitude n'empêchent ni espoir ni inspiration, avec un vieux prisonnier libéré pour accomplir une mission et un groupe d'auteurs que réunit la passion d'écrire des chansons. "Balls", quant à lui, est une comédie où l'auteur montre son propre père en train d'essayer de refaire sa vie affective de veuf, dans un contexte où se rencontre la chaleur humaine moyen-orientale et l'amabilité scandinave toute naturelle. Deux films marocains ont été programmés parmi les 51 œuvres visionnées durant les cinq jours du festival. Il s'agit des nouveaux films "La mosquée" (al-jamaâ), de Daoud Oulad Sayed, et "Itto Titrit", de Mohamed Oumouloud Abbazi. Outre Robert de Niro, fondateur du Festival Tribeca de New York et partenaire de celui de Doha, l'icône du cinéma arabe Adil Imam a beaucoup capté les lumières de cette grande manifestation culturelle, au côté notamment de sa concitoyenne et complice artistique Yosra, qui a présidé le jury des compétitions. Les activités de cette deuxième édition du DTFF (Doha Tribeca Film Festiuval) se sont déroulées dans le flambant neuf et formidable Village culturel baptisé "Katara", ouvert à cette occasion le long d'une plage de la capitale qatarienne.