Si la sécheresse explique en partie la crise humanitaire que traverse la région, l'absence de démocratie et les guerres sont également les grands responsables de cette catastrophe. Plus de 12 millions de personnes sont menacées par la sécheresse, dont 500 000 enfants. Des milliers de personnes fuient la famine et rejoignent les camps de réfugiés. Lors de son sommet, lundi, la FAO a affirmé que 1,6 milliard de dollars étaient nécessaires pour faire face à la crise humanitaire que traverse la Corne de l'Afrique. Après les promesses de dons, les pays se réunissent aujourd'hui à Nairobi pour faire le point sur la situation. Mais derrière les réunions d'urgence de la communauté internationale se dessine la question de la distribution des aides et de leur utilisation sur le long terme. Difficile d'ignorer que ce n'est pas la première fois que la FAO se penche au chevet de la Corne de l'Afrique. Déjà en 1992, la Somalie connaissait une terrible famine et la communauté internationale multipliait les promesses de dons. Mais alors, comment expliquer qu'une telle situation se reproduise ? Pourquoi depuis ces vingt dernières années, aucune politique structurelle n'a été mise en place pour contrer ces problèmes conjoncturels récurrents ? Se contenter de tirer la sonnette d'alarme sur le changement climatique ne suffit pas. Car si la sécheresse résulte bien de facteurs climatiques, la crise humanitaire est quant à elle due à des facteurs humains : «Il n'existe plus de famines climatiques, c'est-à-dire qui puissent s'expliquer uniquement par des caprices de la nature, sécheresses ou inondations, qui priveraient les hommes de nourriture et les occuleraient à la faim», affirme ainsi Sylvie Brunel, géographe et spécialiste des questions sur la famine. Plutôt que de placer le focus sur les caprices du ciel, mieux vaut se pencher sur les situations politiques des pays concernés et regarder de plus près les régimes sclérosés de la région. Pour la famine de 1992 en Somalie, «il ne faut pas oublier que dans les années 80, jusqu'à 75 % de l'aide alimentaire était détournée par le régime de Siad Barré », rappelle Nathalie Sentenne, spécialiste en développement et en crises alimentaires. L'appropriation systématique des ressources, doublée d'une absence de politiques agricoles, expliquent en grande partie la crise humanitaire qui ravage la région. La donne est donc bel et bien plus politique que climatique. En raison de la guerre civile qui a ravagé la Somalie, c'est l'insécurité qui règne, le pays étant aux mains de pirates et des milices de Shebab. Le chaos règne et en temps de crise, les Somaliens sont contraints de fuir vers des camps de réfugiés n'ayant aucune infrastructure nationale vers laquelle se tourner. De son côté, le Kenya fait des efforts en investissant une partie de l'aide dans des politiques agricoles. Des considérations qui devraient peser sur la réunion d'aujourd'hui à Nairobi pour éviter de voir se reproduire une crise similaire dans les années à venir.