La capitale a accueilli la 17e édition du Festival international du cinéma d'auteur du 24 juin au 2 juillet. La cérémonie de clôture a récompensé Le voleur de lumière, opus issu de Kirkhizie. Durant près de dix jours, le cœur de Rabat a battu au rythme du cinéma dans les salles obscures 7e art, Renaissance, Gérard Philippe.Un genre exigeant, celui du film d'auteur nous a donné à voir les lignes d'ouverture des récits du Sud mais également la narration des œuvres issues des Balkans et d'Europe à travers 18 films, 18 regards, aux prises avec l'histoire de leurs pays et de leurs contemporains. Le jury, présidé par le cinéaste tunisien Ridha Béhi, composé d'hommes et de femmes de l'image, dont Abbas Bakhtiari (Iran), Daniela Suissa (Canada), Jamal Eddine Dkhissi (Maroc), Jorge Arriagada (Chili), Elena Jimenez (France), Noufissa Sbaï (Maroc), rompus à participer et à accompagner nombre de projets cinématographiques a récompensé Le voleur de lumière, qui concourrait sous drapeau kirkhize du Grand Prix Hassan II. Réalisé par Aktan Arym Kubat, cette année, ce long-métrage d'une durée de 76 minutes met en scène «Monsieur Lumière», personnage atypique, généreux, profondément altruiste qui apporte électricité et réconfort aux habitants les plus démunis d'un village isolé au cœur des montagnes kirkhizes. Une belle leçon d'humanité dans la marche et la fureur du monde actuel. Cinéma communista, documentaire serbe de Mila Turajlic, a eu recours à un procédé original en évoquant les studios des super-productions de cinéma, sous l'ère de Tito. Quant au prix Chahine du meilleur film arabe inscrit en compétition, il a couronné Les ailes de l'amour,d'Abdelhaï Laraki. Inspiré du roman Morceau de choix, cet opus réunit au haut de l'affiche Omar Lotfi et Ouidad Elma, body moovie prêts à la traversée des sens, en quête de liberté, s'affranchissant des codes de la société marocaine d'aujourd'hui. Les temps forts de cet événement ont notamment été marqués par un vibrant hommage à Touria Jabrane le 28 juin dernier au cinéma Renaissance, ainsi qu'une rencontre autour du centenaire de feu Naguib Mahfoud, suivi d'un débat consacré aux contours des films s'inspirant de romans en partenariat avec l'Union des écrivains. Autres jalons qui ont ponctué ce festival, la présentation du film espagnol, Vous êtes tous des capitaines, de Oliver Laxe. L'opus, qui a parfois des éclats kiarostamiens, est une immersion aux côtés d'enfants d'un centre social situé à Tanger. La surprise est également venue du côté de l'ex-Yougoslavie, aire géographique qui signe actuellement de véritables pépites cinématographiques liées à la mémoire et au questionnement. En témoigne Cinéma communista, documentaire serbe de Mila Turajlic, qui a eu recours à un procédé original en évoquant les studios des super-productions de cinéma, nés sous l'ère de Tito, qu'il surnommait lui-même «Hollywood de l'Orient», étant de plus, l'initiateur du studio Avala, qui surplombait alors Belgrade. Enfin, My Land, documentaire de Nabil Ayouch, a suscité une vive émotion. Le réalisateur qui se trouvait dans le sud marocain, afin de s'isoler pour les besoins de la préparation de son prochain film, inspiré du roman de Mahi Binebbine Les étoiles de Sidi Moumen (Flammarion), n'a pas hésité à revenir à la civilisation afin de présenter au public de la capitale son cinquième opus et «premier documentaire», tel qu'il l'a souligné au cinéma Renaissance le 1er juillet. Signant définitivement une nouvelle étape dans la filmographie marocaine, et le chemin parcouru par Ayouch depuis Ali Zaoua, prince de la rue en 2001, ce film rêveur tourné au Liban, en Palestine et en Israël, réunissant sous l'angle humain la voix de quinze protagonistes, évoque la mémoire de réfugiés palestiniens contraints de fuir leur terre en 1948 pour le Liban . Cette 17e édition a surtout démontré les images du réel, les lignes de faille, l'intime, l'Histoire en marche, les ruptures et les continuités des identités meurtries et en devenir qui façonnent le cinéma du XXIe siècle, ultime contre-pouvoir face à toutes les formes d'inégalité.