Entre le gouvernement et les greffiers, la hache de guerre est déterrée. Un projet de loi a mis le feu à la poudrière. Le dossier des greffiers entame une sombre phase dont les conséquences demeurent imprévisibles. A l'initiative du SDJ, ils ont mené un sit-in ouvert dans les locaux du ministère de la Justice lundi. La présentation par le gouvernement Abbas El Fassi d'un projet de loi, actuellement en examen à la Commission de la justice au Parlement, a mis le feu à la poudrière. Et pour cause, il réduit ostensiblement le pouvoir des greffiers. Si le projet est adopté, cette profession est appelée à être exercée par n'importe quel citoyen sachant lire et écrire, présent dans n'importe quel tribunal du royaume, à condition de prêter serment devant un juge. Si le projet est adopté, cette profession est appelée à être exercée par n'importe quel citoyen sachant lire et écrire, présent dans n'importe quel tribunal du royaume, à condition de prêter serment devant un juge. Pour le SDJ, le retrait de ce texte est une condition sine qua non pour mettre un terme au sit-in ouvert. L'équipe de Abbas El Fassi a eu recours à cette astuce pour endiguer les grèves cycliques des greffiers et, dit-on, préserver les « intérêts des citoyens et des investisseurs ». Sentant péril en la demeure, le bureau national du SDJ (Syndicat démocratique de la justice) a tenu, samedi et dimanche, deux réunions dans lesquelles la modération du ton a cédé la place aux attaques frontales contre « le lobby de la prévarication au sein du ministère de la Justice » et le « groupe istiqlalien à la première Chambre ». C'est la première fois que les « off » de la direction du SDJ se métamorphosent en « on » aussi directs et publics. « Nous sommes prêts à aller plus loin et à donner les noms des personnes qui ont amassé des fortunes colossales au détriment des greffiers », renchérit Abdellah Alaoui Charifi, secrétaire régional de la SDJ au niveau de Casablanca. « Nul ne peut se substituer aux greffiers. Dans le cas contraire, ce serait une catastrophe et une grave atteinte à la Constitution », poursuit-il. La hache de guerre entre le SDJ et le gouvernement Abbas El Fassi a été déterrée après le retard dans l'application des engagements de l'accord du 14 février dernier, instaurant notamment des modifications de l'article 1er de l'arrêté 403 et de l'article 4 de la fonction publique. Deux mesures indispensables, selon le SDJ, en vue de doter les greffiers d'un statut fondamental, comme l'avait souligné le roi dans son discours du 20 août 2009, consacré exclusivement à la réforme de la Justice. Le 30 mars, le Conseil des ministres a fait l'impasse des modifications à introduire au décret 403. Depuis, c'est le retour à la case départ. Une issue tout à fait prévisible en dépit de la signature de l'accord du 14 février entre le ministre de la Justice et le SDJ (cf: www.lesoir-echos.com). L'absence de Salaheddine Mezouar lors de la cérémonie de signature de l'accord a nettement refroidi les plus optimistes. Mohamed Jaâbouk