Après des mois de débrayages, le ministre de la Justice et le Syndicat démocratique de la justice sont arrivés lundi à un consensus, mettant temporairement fin aux grèves répétées du secteur. Trêve jusqu'en avril entre le ministre de la Justice et les greffiers représentés par le Syndicat démocratique de la justice affilié à la FDT. Annoncée dans notre édition du mardi 15 février, c'est désormais chose faite. Les deux parties ont convenu d'enterrer la hache de guerre et de terminer un conflit qui a pris en otage la marche normale des tribunaux du royaume. Par cette mesure, le Premier ministre, Abbas El Fassi, s'offre une période d'accalmie dans un secteur en ébullition depuis des mois. L'option d'un retour à la case départ demeure toujours présente puisqu'il y a des signes annonciateurs de ce scenario. Pour sa part, le ministère des Finances a boudé la signature de l'accord du lundi 14 février. Pourtant, il est plus que concerné par ce dossier. Une absence qui risque de fragiliser les termes de l'accord et qui soulève déjà des interrogations, quant à l'accomplissement des engagements financiers promis par le ministre de la Justice, Me Mohamed Naciri. Nombreux sont les syndicalises au sein de la FDT, comme dans d'autres centrales, qui n'hésitent pas à pointer du doigt le ministère des Finances en tant que responsable des débrayages des greffiers au point qu'ils sont devenus cycliques. Selon des syndicalistes, la cérémonie de la signature de l'accord a été marquée par la présence du ministre des Affaires générales du gouvernement, Nizar Baraka et de représentants du ministère de la Modernisation des secteurs publics. L'accord conclu entre la SDJ et le ministère de la Justice prévoit, dès la semaine prochaine, le début de négociations entre les deux parties en la présence de représentants du ministère de la Modernisation des secteurs publics pour la mise en application de ce qui a été convenu lors de la réunion du lundi : «A commencer par les modifications de l'article 1er de l'arrêté 403 et de l'article 4 de la Fonction publique. Deux mesures indispensables à même de doter les greffiers d'un statut fondamental, comme l'avait souligné le roi Mohammed VI dans son discours du 20 août 2009, consacré exclusivement à la réforme de la Justice », explique Charifi Alaoui, le secrétaire régional de la SDJ à Casablanca. Comment répartir les 25 milliards ? Charifi Alaoui ajoute également que «Le Conseil des ministres est également invité à adopter avant la fin de mars prochain ces mesures». Ce qui devrait normalement baliser le terrain vers la promulgation d'un statut fondamental et de rompre ainsi avec la loi régissant la fonction publique. Quelle sera alors la répercussion de cet accord sur les bulletins de paie des 14.000 greffiers ? L'agence MAP annonce qu'«aux termes dudit accord, il sera également procédé au versement immédiat des émoluments dus aux fonctionnaires au titre de l'année 2010, outre l'entame des procédures de versement des indemnités du compte spécial portant sur les six premiers mois de 2011, sachant que celles-ci ne seront acquittées qu'à partir de juillet prochain». Une version que nuance le secrétaire régional de la SDJ à Casablanca : «Il y aura des primes accordées aux salariés», avance notre interlocuteur. La répartition des 25 milliards de centimes, accordées aux salariés lors du Conseil des ministres du 16 octobre dernier, suscite des inquiétudes auprès de certains greffiers. Et pour cause, «certains fonctionnaires verront leur fiche de paie augmenter de 3.000 DH alors que d'autres à seulement 900 DH. Une répartition qui se fera sans aucun critère», comme le précise Charifi Alaoui.