Barack Obama est au sommet de sa gloire après l'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden. Après le succès de l'opération Geronimo menée au Pakistan, de grands chantiers attendent le président américain : retrait d'Afghanistan, réduction du budget de la Défense et campagne électorale de novembre 2012. Analyse. A l'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden, de nombreuses scènes de joie se sont produites aux Etats-Unis. L'opération Geronimo, conduite dans la ville pakistanaise d'Abbottabad, a fait indéniablement gagner des galons à Barack Obama, qui surfe depuis lundi, sur l'effet unificateur de la mort du leader d'Al-Qaïda, profitant d'un moment de grâce et d'un regain de popularité unanime. Dans cette parenthèse bénie pour Obama, les critiques des Républicains se sont tues et l'élection de novembre 2012 semble à portée de main. Lors de son discours lundi soir, le président déclarait : « Je pense que nous avons ressenti le même sentiment d'unité qui existait au moment du 11 septembre. (…) Nous poursuivons des buts qui vont bien plus loin que les partis et la politique. Donc ce soir, j'ai l'espoir profond que nous pourrons tirer partie de cette unité et de cette fierté, pour faire face aux nombreux défis qui nous attendent encore ». En effet, les défis évoqués ne sont pas des moindres. « Maintenant que Ben Laden est mort, est-ce que je peux emporter du shampooing en cabine ? », ironisait sur son compte Twitter le célèbre documentariste américain Michael Moore, avant de poser une question plus directe : « Peut-on rapatrier nos troupes ? ». Désormais, les enjeux de l'après Ben Laden se dessinent à l'horizon pour le président américain : retrait des troupes d'Afghanistan prévu en juillet, grand chantier de réduction des dépenses militaires et enfin la campagne électorale pour 2012, face à des républicains renforcés lors des élections de mi-mandat. Des embûches sur la voie de 2012 Pour mener ces grands chantiers et fort de sa victoire contre Al-Qaïda, Obama possède incontestablement une marge de manœuvre plus large et son déplacement prévu aujourd'hui à New York devrait encore renforcer sa nouvelle stature. En ces temps de grâce présidentielle, les Républicains ont renvoyé à plus tard leurs critiques, louant unanimement celui qui a fait tomber l'ennemi n°1 des Etats-Unis. Chacun y a va de son bon mot pour saluer l'opération alors que d'autres en profitent pour tirer la couverture sur eux. « J'imagine que le programme d'interrogatoires renforcés que nous avons mis en place a produit quelques uns des résultats conduisant à la capture », a ainsi déclaré Dick Cheney, ancien faucon de l'administration Bush. Si la manière d'obtenir les informations a en effet été allégrement passée sous silence, les partisans de la guerre contre l'axe du mal jubilent de voir l'aboutissement de la politique ouverte sous Bush. Mais l'effet Geronimo durera-t-il ? Les élections de mi-mandat ont vu une puissante vague républicaine déferler sur le pays, laissant le camp d'Obama mal en point au Congrès. Néanmoins, en gagnant du crédit sur le plan sécuritaire, Obama devrait à présent avoir les coudées franches pour le retrait d'Afghanistan, promis pour juillet. Cette guerre, qui coûte deux millions de dollars par jour aux Etats-Unis, doit se terminer, telle est la volonté ferme affichée par le président, mais les modalités de ce retrait restent encore très floues. La mort du symbole d'Al-Qaïda aura-t-elle de véritables répercussions sur les conditions de la transition en Afghanistan? De plus, au-delà du champ international et sécuritaire, les questions sur le terrain économique n'ont pas pour autant disparues. Les effets de la crise, dont les nouveaux chiffres du chômage qui devraient être annoncés vendredi, restent omniprésents dans le débat politique national. Si l'effet Geronimo devrait permettre à Obama d'avancer dans certains grands chantiers, la voie vers une ré-élection en 2012 n'en reste pas moins parsemée d'embûches.