L'Union européenne accorde une aide humanitaire de 5 millions d'euros aux populations victimes de l'usage excessif de la force par l'armée. Les pays d'Afrique de l'Ouest menacent de recourir à la force pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir. L'Etat ivoirien demande aux banques locales quelque 100 milliards de FCFA pour régler les salaires de ses fonctionnaires et agents. L'Union européenne (UE) a décidé de débloquer une aide humanitaire d'urgence de cinq millions d'euros en faveur de la Côte d'Ivoire. Les fonds sont destinés à venir en aide aux populations victimes des exactions commises par les fidèles de Laurent Gbagbo, le président sortant qui refuse de quitter le pouvoir. Selon un communiqué diffusé vendredi dernier par Christina Georgieva, commissaire européenne en charge de l'aide internationale, «les fonds débloqués seront gérés par des ONG humanitaires partenaires de l'UE et actives en Côte d'Ivoire», étant donné que l'administration et l'armée sont toujours sous le contrôle du camp Gbagbo. Cette aide d'urgence est ponctuelle. L'UE ayant reconnu Alassane Ouattara comme président élu de la Côte d'Ivoire, tous les transferts de fonds d'aide réservés à la Côte d'Ivoire sont gelés. En effet, pour la période 2008 à 2013, l'UE avait prévu une enveloppe de 255 millions d'euros en faveur de la Côte d'Ivoire au titre du 10e Fonds européen de développement (FED). Les sanctions ciblées décrétées par l'UE contre Laurent Gbagbo et ses proches collaborateurs n'affectent pas le soutien en faveur des populations dans le besoin. En effet,les troubles post-électoraux en Cô te d'Ivoire ont provoqué des déplacements massifs des populations, 11.000 personnes s'étant réfugiées au Ghana, au Liberia et en Guinée-Conakry. Face à la montée de la violence, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédeao) a menacé vendredi dernier de recourir à la force pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir. Réagissant samedi à cette annonce, le camp du président sortant a évoqué un risque de «guerre civile» si ce projet était mis à exécution. «La Côte d'Ivoire est une terre d'immigration», a souligné Ahoua Don Mello, le porte-parole du gouvernement. «Tous les pays (d'Afrique de l'Ouest) ont des ressortissants en Côte d'Ivoire ; ils savent que s'ils attaquent la Côte d'Ivoire de l'extérieur, ça va se transformer en guerre civile à l'intérieur», a-t-il insisté. Les pays d'Afrique de l'Ouest ont également menacé de déférer devant la justice internationale les responsables des morts en Côte d'Ivoire, à l'issue d'un sommet des chefs d'Etat de la région à Abuja. Le camp d'Alassane Ouattara, président ivoirien reconnu par la communauté internationale, a appelé vendredi l'armée, fidèle à son rival Laurent Gbagbo, à lui obéir et à protéger la population des «atrocités» commises par des éléments armés, parmi lesquels «des mercenaires et des miliciens étrangers». Mais la situation risque encore de se dégrader. La grande muette, les fonctionnaires et agents de l'Etat risquent en effet de rester sourds aux appels de Ouattara, car ils n'ont pu toucher leurs salaires. Pour se rattraper, l'Etat ivoirien a sommé les banques locales (Attijariwafa bank, entreprise cotée à la Bourse de Casablanca, est représentée en Côte d'Ivoire par sa filiale la Société ivoirienne de Banque) de lui avancer quelque 100 milliards de FCFA pour les régler. Toutes les banques ont répondu à l'appel, sauf des filiales de banques françaises en Côte d'Ivoire, notamment la Société générale de banque en Côte d'Ivoire (Sgbci) et la Banque internationale pour le Commerce et l'Industrie en Côte d'Ivoire (Bicici) qui n'ont pas suivi, boycottant ainsi la décision gouvernementale. La Société ivoirienne de banque a quant à elle demandé une garantie au Trésor public de la Côte d'Ivoire, qu'elle a pu décrocher avant de régler les fonctionnaires et agents de l'Etat. « La Côte d'Ivoire est une terre d'immigration. Tous les pays d'Afrique de l'Ouest y ont des ressortissants. Ces pays savent que s'ils attaquent la Côte d'Ivoire de l'extérieur, ça va se transformer en guerre civile à l'intérieur ». Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement Gbagbo.