Après la Grèce, L'U.E et le FMI sont sur le point de débloquer 80 à 90 milliards d'euros sous forme de prêt à l'Irlande, pour préserver son système bancaire et sa stabilité financière. Ce plan a pour objectif d'éviter que la crise se propage. Cela suffira-t-il, face aux difficultés que rencontrent le Portugal et l'Espagne ? Des responsables européens et du Fonds monétaire international (FMI) ont commencé à élaborer lundi les détails du plan de sauvetage en trois ans de l'Irlande, tandis que le gouvernement irlandais finalise, de son côté, son plan d'austérité de 15 milliards d'euros.L'Union européenne (UE) et le FMI ont accepté, dimanche soir, de fournir un soutien financier à l'Irlande sous la forme de prêts afin de soutenir son secteur bancaire et préserver la stabilité financière du pays. Le montant de l'aide accordée à l'Irlande est encore sujet à discussions mais il devrait être inférieur aux 110 milliards d'euros prêtés en mai dernier à la Grèce. Selon certaines sources européennes, le montant de cette aide pourrait atteindre 80 à 90 milliards d'euros. Le ministre des Finances autrichien Josef Pröll a toutefois déclaré lundi qu'il ne s'attendait pas à ce que l'Irlande utilise cette aide pour le moment et que l'UE mettait simplement à sa disposition un «filet de sécurité». Il a également dit à la presse qu'il fallait aider l'Irlande sinon l'ensemble de la zone euro serait en danger. Qu'en sera-t-il pour le Portugal et l'Espagne ? L'objectif de ce plan est aussi d'éviter une propagation de la crise à d'autres pays de la zone euro, notamment le Portugal ou l'Espagne. «Cela empêchera-t-il la contagion ? À court terme, mais pas à moyen terme. Cela ne fait que calmer les marchés et accorder aux autres pays un peu de temps pour respirer. Le Portugal, notamment, n'est pas encore tiré d'affaire», prévient Carsten Brzeski, économiste à ING. «Selon moi, le Portugal devrait être le prochain pays (à demander de l'aide)», commente Filipe Garcia de Informacao de Mercados Financeiros à Porto. «Je ne sais pas si cela se produira avant la fin de l'année ou après, mais c'est maintenant quasiment inévitable». Les problèmes de dette de l'Irlande et du Portugal ont des origines différentes : l'Irlande a dû voler au secours de son secteur bancaire, frappé de plein fouet par l'effondrement du marché immobilier, tandis que le Portugal souffre d'une croissance faible et d'un manque de compétitivité. Mais au bout du compte, le résultat est le même : une dette que les marchés jugent difficile à supporter. Si les marchés s'attaquent au Portugal, l'Espagne pourrait se retrouver rapidement en première ligne à son tour. «Si le Portugal est contraint de passer par un renflouement, ils (les marchés) porteront ensuite leur attention sur l'Espagne, et j'ignore quelle sera la réaction du gouvernement», avance Pedro Schwartz, de l'Université San Pablo à Madrid. Sortie de crise en vue pour les autres pays menacés Grèce A cause de leur finances publiques, dues essentiellement à un déséquilibre flagrant entre dépenses et recettes fiscales, la dette publique grecque devrait culminer à 150% du PIB en 2013 selon les analystes. Un record dans la zone euro. Mais sa sortie de crise est plus que probable. Premier armateur au monde, il suffira que le commerce mondial redémarre pour que la croissance reprenne. Le tourisme reste aussi un point fort. La reprise de la consommation européenne et mondiale aura donc un effet salvateur à ce pays en crise. Irlande Les banques sont le principal problème de ce pays en forte crise. La quasi-totalité du déficit public abyssal de 2010, qui représente 32% du PIB, est due au plan d'aide aux banques. Mais l'Irlande est un pays très compétitif. Faible impôt sur les entreprises, main d'œuvre à forte valeur ajoutée… Ce pays a aussi une industrie d'une richesse indéniable. Pharmacie, chimie, alimentaire, l'Irlande affiche un excédent commercial. Seules les exportations garantissent à ce pays une croissance. BNP Parisbas parle d'une hausse d'activité de 1.5%. Portugal Son économie est spécialisée dans les industries à faible valeur ajoutée comme le textile. Sa concurrence avec l'Asie, la Turquie, ou encore la Tunisie précipite sa chute. Surtout que l'Espagne est son principal donneur d'ordre. Son économie doit impérativement trouver de nouvelles orientations. Pour que l'Union européenne et le FMI lui viennent en aide, le Portugal doit absolument retrouver des perspectives, surtout que son PIB devrait reculer de 0.2% en 2011 selon BNP Parisbas. Espagne Son économie s'est effondrée en conséquence à l'explosion de la bulle immobilière. Les banques régionales sont étouffées, les chantiers sinistrés. Et pour longtemps. Alors où se trouve le bout du tunnel ? Avant la crise économique, le boom immobilier assurait une sérénité des richesses espagnoles. Aujourd'hui, ce pays doit trouver un autre moteur. La réorientation des activités vers l'industrie est une clef qu'envisage sérieusement le gouvernement en place. «L'enjeu pour l'Espagne sera de trouver un nouveau modèle économique, en investissant dans la formation notamment», analyse Jésus Castillo, économiste chez Natixis. Une réorientation qui devra se faire progressivement. Le tourisme est aussi une issue de secours. Encore faudra-t-il relancer ce secteur, en diversifiant l'offre existante.