BP a cimenté jeudi dernier le puits à l'origine de la marée noire. Cette catastrophe est la plus grande marée noire de l'histoire des Etats-Unis. 780 millions de litres d'hydrocarbures se sont échappés. Retour sur ce désastre et ses conséquences. L e groupe pétrolier britannique BP a achevé la cimentation, jeudi dernier, du puits à l'origine de la marée noire dans le Golfe du Mexique. Il s'agit de la première opération pour boucher de façon permanente la fuite de pétrole. La deuxième étape consistera à procéder au forage de deux puits de dérivation pour vérifier la réussite de la cimentation. Selon les derniers chiffres du gouvernement américain, le puits a fui pendant 106 jours, laissant s'échapper 780 millions de litres d'hydrocarbures, soit l'équivalent de 4,9 millions de barils de pétrole. Cette catastrophe constitue la plus grande marée noire de l'histoire des Etats-Unis. Les plages et les marais de 5 Etats américains du Golfe du Mexique ont été fortement souillés par le pétrole qui s'échappait depuis fin avril du gisement. Les litres d'hydrocarbures déversés mettent en péril l'écosystème de cette zone, mais aussi l'économie locale, constituée de la pêche et du tourisme. Une grande incertitude et inquiétude règnent chez les habitants de la côte. Même si l'opération de cimentation effectuée jeudi dernier semble avoir fonctionné, de nombreuses galettes de brut vont arriver et affecter l'écosystème. En charge de la lutte contre la marée noire, l'amiral Thad Allen a rappelé sur CNN que malgré la cimentation, les opérations étaient loin d'être terminées, l'élimination et le nettoyage du pétrole restant à poursuivre, ainsi que l'évaluation des dégâts causés pour les ressources naturelles. BP doit donc faire face à une responsabilité sur le long terme. Le groupe pétrolier a créé un début de polémique en annonçant vendredi dernier qu'il n'excluait pas de reprendre l'exploitation de ce gisement, en creusant un nouveau forage. «Il y a beaucoup de pétrole et de gaz et nous devons maintenant réfléchir à ce que nous en faisons» , a déclaré à la presse le directeur des opérations de BP, Doug Suttles. L'explosion de la plateforme Deepwater Horizon a eu lieu le 20 avril, alors qu'une équipe d'ingénieurs s'occupait des dernières opérations avant le lancement de la production. La nappe n'a donc encore jamais été exploitée. Dimanche, Carol Browner, la conseillère de Barack Obama sur les questions d'énergie et changement climatique, a déclaré sur NBC qu'une «importante pénalité financière» condamnerait BP, sans toutefois préciser si cette catastrophe ferait l'objet de poursuites en justice. La marée noire aurait déjà coûté au groupe pétrolier environ 6,1 milliards de dollars. Cette somme comprend les dépenses effectuées pour les opérations de forage et de cimentation pour arrêter les fuites de pétrole, les actions de nettoyage, les sommes attribuées aux autorités fédérales ainsi que certaines demandes de dédommagement. Si la marée noire causée par BP aux Etats-Unis a fait l'objet d'une grande couverture médiatique, mettant en avant les conséquences désastreuses pour l'écosystème et l'économie locale, les marées noires occasionnées par le géant britannique dans le delta du Niger restent encore sous silence. Les autorités nigérianes estiment à plus de 300 le nombre de marées noires par an causées par les forages des grands groupes pétroliers, dont BP.