L'Association des chambres de commerce et d'industrie de la Méditerranée (ASCAME), qui regroupe 211 Chambres de commerce du pourtour euro-méditerrannéen, vient de publier un guide intitulé «Medstatistiques : Tous les chiffres dont vous avez besoin afin d'investir en Méditerranée». Malgré le poids grandissant de la région dans le commerce mondial, l'Association s'est rendu compte que les études qui montrent la performance commerciale et économique de la Méditerranée sont rares. La Méditerranée représente, en effet, un pourcentage non négligeable des échanges commerciaux à l'échelle mondiale. Les 7,28% de la population qui y vivent pèsent 14,86% du PIB mondial, soit 12,21% des exportations et 14,6% des importations de la planète. Réalisé dans le cadre du programme Invest In Med, financé en partie par l'Union européenne, ce guide vise donc à combler une lacune en données actualisées pour tout le bassin méditerranéen. Afin de réaliser ce guide, l'ASCAME s'est donné comme priorité de comprendre les besoins des entrepreneurs/investisseurs sur le terrain, afin de mieux comprendre «comment les entreprises des pays membres de l'ASCAME évaluent les conditions d'accès au marché domestique des pays d'accueil et élaborent leur projet d'investissement». L'association s'est, dans un premier temps, penchée sur les représentations des hommes d'affaires de la région, se basant sur leurs perceptions des compétences des pays et l'importance qu'ils y accordent1. Comme on pouvait s'y attendre, la sous-région du Maghreb se démarque par des avantages comparatifs tels que le coût de la main-d'œuvre, et la réduction des coûts en général, ainsi que, dans une moindre mesure, par le dynamisme de la demande locale. Mais, la stabilité politique et sociale, ainsi que la réglementation fiscale affaiblissent l'attraction de la région (voir figure 4). L'association méditerranéenne a utilisé l'indice «Doing Business»2 de la Banque Mondiale pour classer l'environnement des affaires des pays de la région. Le Maroc, avec un indice de 128, se retrouve parmi les mauvais élèves de la Méditerranée, soit au 17e rang sur 20 pays, juste devant l'Algérie, Gaza et la Syrie. Ce classement s'explique par, entre autres, un marché du travail relativement rigide, des difficultés à créer une entreprise, à obtenir un crédit, compensé en partie, par une protection élevée des investisseurs et une facilité à embaucher de la main-d'œuvre (voir figure 14 et 15). Comparativement aux autres pays du bassin méditerranéen, le Maroc a une performance moyenne. L'ASCAME a regroupé en 5 catégories les pays de la région selon les critères de l'indice «Doing Business». Le Maroc se trouve ainsi dans le groupe le plus important de pays, avec l'Algérie, la Croatie, la France, la Grèce, l'Italie, l'Espagne et la Turquie. Les principales caractéristiques de ce groupe sont une rigidité élevé du marché du travail, et une efficacité relative de la mise en application des contrats. Les taux d'impositions des pays de ce groupe sont également plus élevés que ceux des autres groupes. Enfin, les experts de l'ASCAME estiment que si les pays de la Zone euro membres de l'association ont souffert de la crise économique, l'Afrique du Nord en est sortie globalement moins impactée. L'association estime, en effet, que la récession globale n'a pas trop eu de conséquences sur la restructuration en cours de la région. Certains pays, comme le Maroc, ont même vu leurs exportations augmenter en 2009, dépassant leur niveau de 2006.