Les futurs mariés devront y penser à deux fois avant de se rendre chez «Monsieur l'Adoul». Une formation de préparation au mariage verra bientôt le jour. Le but est de permettre à un couple d'être fin prêt et sûr de sa décision avant de franchir le pas. Mais en quoi consiste cette formation ? Combien de temps dure-t-elle ? Donne-t-elle droit à un «certificat» ? Doit-on remplir des critères ? Autant de questions que nous avons posées à Bouchaib Fadlaoui, président de l'Instance nationale des adouls. Plusieurs raisons poussent les couples à se marier. Cela peut être dû à la pression familiale, comme ils peuvent le faire par intérêt, ou tout simplement par amour. Mais sont-ils toujours véritablement prêts ? Cette illusion du mariage parfait – avec souvent une déception dont la finalité peut parfois conduire au divorce – se devait d'être corrigée. C'est dans ce sens qu'une formation prénuptiale a été instaurée. Elle sera désormais inclue dans les démarches nécessaires pour conclure le contrat de mariage. Ce projet, financé par les Nations unies, a fait l'objet d'une convention qui vient d'être signée entre l'Ordre national des adouls et le Fonds des nations unies pour la population (FNUAP). Contacté par les Inspirations Eco, Bouchaib Fadlaoui, président de l'Instance nationale des adouls, explique les changements auxquels il faut s'attendre. Dans quelques semaines, les futurs mariés pourront suivre une formation prénuptiale et obtenir un certificat d'aptitude pour la vie conjugale avant de conclure l'acte de mariage. Mais que les prétendants au mariage se rassurent, cette formation ne requiert, pour l'heure, aucune attestation administrative, et n'est pas obligatoire. il reviendra aux adouls d'assurer cette mission et pour ce faire, ils pourront bénéficier d'une formation adéquate. Selon notre source, l'objectif escompté, cette première année, est de faire bénéficier 340 adouls d'un programme de formation pour les préparer à former les futurs mariés, et ce, dans six régions du Royaume. Elle ajoute qu'une expérience pilote a déjà été menée à Oujda. «Cette formation ne peut être que bénéfique. Elle consiste à échanger avec les futurs mariés, et leur donner des conseils qui leurs seront utiles, notamment sur la santé sexuelle ou encore la violence conjugale. Les candidats au mariage devront faire preuve de davantage de sagesse, mais aussi de responsabilité», estime Fadlaoui. Selon notre interlocuteur, «nos valeurs et actions sont les principaux révélateurs de notre niveau de maturité et de responsabilité». Il explique que «pour la réussite et la durabilité d'un mariage, il faut faire des concessions réciproques, se concentrer sur l'essentiel et mettre de côté les disputes futiles qui, avec le temps, pourraient se terminer par un divorce». Selon le président de l'Instance nationale des adouls, la durée de l'échange ne devrait pas dépasser 30 minutes, et il insiste sur le fait que cette procédure n'est pas obligatoire. «Cette formation ne devrait pas effrayer les couples. Bien au contraire, c'est une bonne initiative qui contribuera à réduire le nombre des divorces, lequel a connu ces derniers temps une hausse inquiétante». En effet, si le nombre de séparations a connu une légère baisse depuis l'entrée en vigueur de la Moudawana, passant de 26.914 en 2004 à 20.372 en 2020, une hausse importante a cependant été enregistrée en 2021, avec 26.257 cas recensés. Il s'agira également de bien expliquer l'article 49 du Code de la famille, relatif au partage des biens entre époux. Ce dernier stipule que «les deux époux disposent chacun d'un patrimoine propre. Toutefois, les époux peuvent se mettre d'accord sur les conditions de fructification et de répartition des biens qu'ils auront acquis pendant leur mariage». À noter que cet accord fait l'objet d'un document distinct de l'acte de mariage et les adouls doivent aviser les deux parties, lors de la conclusion du mariage, desdites dispositions. Il sera d'ailleurs noté sur l'acte de mariage que les Adouls ont bien informe les deux époux sur leurs droits et obligations, fait savoir Fadlaoui, avant de conclure en notant que ce programme a été initié pour lutter contre les mariages précoces également. Kenza Aziouzi / Les Inspirations ECO