L'opération de vaccination au Maroc a atteint le tiers de la population cible alors que l'immunité collective nécessite un seuil d'au moins 60 % de l'ensemble des citoyens. Qualifié d'inquiétant par l'OMS, le variant Delta risque de se propager au Maroc. Cette souche est 50 % à 60% plus transmissible que le variant britannique. Le risque du retour à la case départ plane au Maroc après des semaines de stabilité de la situation sanitaire. Le warning du ministère de la Santé, dans son dernier communiqué, en dit long sur les perspectives d'évolution de la situation épidémiologique au niveau national. Une augmentation accélérée des cas de contamination et des cas critiques et de décès a été constatée par rapport à la tendance observée pendant les derniers mois. Face à cette situation et à l'apparition de nouveaux variants plus contagieux du virus, les citoyens sont appelés à respecter les mesures barrières, notamment le port correct du masque, le respect de la distanciation sociale et de l'hygiène et l'évitement des rassemblements inutiles. Le département de tutelle pointe du doigt le relâchement et le non-respect des mesures préventives et gestes-barrières qui risquent d'être fatals pour le pays. La prudence est, ainsi, de mise pour éviter toute « rechute épidémiologique » qui impacterait de plein fouet l'économie nationale laquelle commence à peine à voir le bout du tunnel. À cet égard, une grande responsabilité incombe aux citoyens. L'allégement ou le durcissement des mesures restrictives est tributaire de la situation épidémiologique qui risque de se détériorer en cette période de vacances d'été, marquée par le retour des vols internationaux ainsi que l'allègement du couvre-feu nocturne. Le gouvernement pourrait-il resserrer la vis ? Est-il possible d'imposer, de nouveau, les mesures restrictives pour limiter la propagation du virus ? À ce titre, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, est on ne peut plus clair : si les mesures barrières ne sont pas respectées, « nous serons obligés de procéder au renforcement des restrictions, ce qui aurait un impact négatif sur plusieurs secteurs ». Ait Taleb appelle au respect des mesures barrières sans lesquelles « nous risquons une recrudescence » et une pression sur les hôpitaux. La capitalisation sur les acquis s'impose, donc. Jusque-là, le Maroc a su gérer avec brio l'opération de vaccination qui a permis de couvrir près du tiers de la population cible, mais il s'agit de maintenir la cadence. Pour l'heure, on est encore loin du taux nécessaire pour assurer l'immunité collective qui permet de casser la chaîne de transmission d'un virus et, ainsi, éteindre une épidémie. Les spécialistes estiment le seuil d'immunité collective pour la Covid-19 à 50 ou 60 % de la population. Le Maroc, lui, veut atteindre un taux d'immunité de 80 % en vaccinant quelque 25 millions de Marocains de plus de 18 ans. Néanmoins, le rythme de vaccination se ralentit face à la problématique d'approvisionnement en vaccins. C'est pour cette raison que le respect des mesures barrières est plus que nécessaire. À cela, s'ajoute la question importante concernant le fait que même les personnes vaccinées pourraient être atteintes de Covid-19. Aucun vaccin n'est, en effet, efficace à cent pour cent. Toutefois, la vaccination permet de réduire le développement des cas sévères et critiques surtout avec l'émergence de nouveaux variants virulents. Le variant Delta, qui a été identifié pour la première fois en octobre 2020 en Inde, est 50 à 60 % plus transmissible que le variant Alpha, découvert en septembre 2020 au Royaume-Uni, qui est, à son tour, 60 à 70% plus contagieux que le virus initial de Wuhan. C'est le variant Alpha qui est le plus répandu, jusque-là au Maroc et dans le monde. Selon l'OMS, il circule dans 172 Etats et territoires alors que le variant Beta, initialement identifié en Afrique du Sud, a été détecté dans 120 pays. Les spécialistes s'attendent à ce que le variant Delta finisse par se propager au Maroc, à l'instar de plus de 96 pays dans le monde qui sont touchés par cette souche, surtout avec l'ouverture des vols aériens. Rappelons que le variant Alpha n'a mis que quelques semaines pour remplacer le virus initial dans plusieurs pays. La souche indienne, qualifiée d'inquiétante par l'OMS, s'étend elle aussi à grands pas. Ainsi, l'hypothèse d'une reprise épidémiologique n'est pas exclue. La situation mondiale reste très fragile, comme le précise l'organisation mondiale de la Santé. C'est dire que le Maroc n'est pas à l'abri. Seule l'extension de l'opération de vaccination pourrait contrecarrer la propagation du virus, surtout pour les personnes vulnérables. Ceux qui décèdent sont souvent des personnes âgées non vaccinées et atteintes de maladies chroniques telles que le diabète et l'hypertension. L'OMS appelle à la vigilance L'OMS tire la sonnette d'alarme appelle à la vigilance face à l'émergence de nouveaux variants qui nécessite «une évaluation constante et un ajustement minutieux des mesures sanitaires et sociales ainsi que des stratégies de vaccination». Certes, des progrès substantiels ont été réalisés au cours des derniers mois pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie de Covid-19. Mais, « la combinaison d'un plus grand nombre de variants transmissibles, d'une mixité sociale croissante, d'une couverture vaccinale sous-optimale et d'un relâchement des mesures sanitaires et sociales va ralentir ces progrès et retarder la fin de la pandémie », note l'organisation mondiale. À cela s'ajoute un problème de taille : la faible couverture vaccinale au niveau mondial. Ce que déplore l'OMS. L'Organisation pointe du doigt « une vaccination inégale et inéquitable ». Jihane Gattioui / Les Inspirations Eco