«Cet événement annonce le lancement du Partenariat pour un gouvernement ouvert (PGO) au Maroc». C'est ainsi qu'Abdelaâdim El Guerrouj, ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration qualifie la conférence internationale tenue hier à Rabat et portant sur la mise en place des politiques de gouvernance ouverte. L'événement, organisé par son département, en partenariat avec l'OCDE constitue une étape importante dans le processus d'adhésion du Maroc au PGO. Ce club, fondé en septembre 2011 par les Etats-unis et le Brésil «n'est pas un club comme les autres», selon Dafna H. Rand, membre du Conseil national de la sécurité des Etats-unis et représentant la Maison Blanche à cette conférence. Il vise avant tout à encourager la transparence, l'efficacité et la reddition des comptes pour les gouvernements, dans l'optique de créer des institutions qui répondent au mieux aux demandes et aux attentes des citoyens. «Aux Etats-unis, depuis le début de la mise en œuvre des principes du PGO, il ne se tient pas une réunion de haut niveau à la Maison Blanche, sans que nous nous posions la question : que dit le we people ?», a ajouté Mme Dafna H. Rand. Le «we people» est le dispositif de consultation des avis du public mis en place par l'administration Obama et qui concerne presque l'ensemble des sujets liés à la bonne gouvernance. Car le PGO, c'est surtout la «démocratie participative». Par ce biais, les citoyens peuvent directement interpeller les responsables politiques sur des questions touchant aussi bien à la sécurité, à la corruption, qu'à la bonne gestion des deniers publics. Un exemple de «bonne gouvernance» que le Maroc entend lui aussi expérimenter, à l'instar de 75 pays à travers le monde. «Le PGO viendra s'adosser aux initiatives déjà lancées dans le royaume, notamment dans le cadre de la réforme constitutionnelle», indique El Guerrouj. La réforme de la loi organique de finances, la loi sur l'accès à l'information et l'élaboration de la charte des services, sont autant de chantiers qui pourront profiter des dispositifs du PGO. Ce partenariat ne vise pas uniquement à renforcer l'efficacité et la transparence des services publics, mais il prend aussi en compte le secteur privé. «C'est une initiative importante dans la mesure où elle touche la gouvernance de l'entreprise», lance Saïd Sekkat de la CGEM. Selon lui, le PGO pourrait aider le royaume à se ressaisir dans certains classements importants au niveau mondial, comme dans le Doing Business, où le Maroc traîne toujours le pied. Le gouvernement et la CGEM ont déjà mis en place un comité bipartite co-présidé par le chef de l'Exécutif, Abdelilah Benkirane et par la patronne des patrons marocains, Miriem Bensalah Chaqroun. «Il y a une volonté de la part du gouvernement d'aller de l'avant dans ce domaine. Il suffit à présent de concrétiser les engagements», préconise le représentant de la CGEM lors de cette conférence, qui avait aussi pour objectif de promouvoir le concept du PGO dans la région Mena. À en croire El Guerrouj, ces pays arabes frères en «sont très demandeurs». «L'OCDE est là pour soutenir l'adhésion du Maroc» Rolf Alter, Directeur de la Gouvernance publique et du développement territorial à l'OCDE Les Echos quotidien : Au niveau de l'OCDE, en quoi le PGO a permis d'améliorer la bonne gouvernance ? Rolf Alter : Ce partenariat montre parfaitement que la question de la bonne gouvernance ne concerne pas uniquement les pays en développement. Elle s'adresse à l'ensemble des pays. L'initiative lancée dernièrement attire aujourd'hui plus d'une soixantaine de pays. Cela montre tout l'intérêt et l'aura dont elle jouit à travers le monde. Elle nous permet de partager les expériences. Nous nous sommes rendus compte de l'importance d'avoir un gouvernement ouvert. Pensez-vous que la dynamique de réformes en cours au Maroc contribuera à faciliter son adhésion au PGO ? Le Maroc mène déjà une politique qui poursuit tous les objectifs du PGO. Il y a cependant des conditions définies pour toute adhésion. Nous espérons que d'ici le printemps 2013 le royaume aura réussi à les remplir. L'OCDE est là pour soutenir le travail restant à accomplir pour atteindre ces objectifs. Le G8 a mandaté l'OCDE pour assister le Maroc dans ce chantier. Qu'en est-t-il des autres pays de la région Mena ? Je peux vous assurer que ces pays sont très intéressés par cette initiative. La Jordanie en est le seul membre pour le moment. La Tunisie, l'Egypte et la Libye s'intéressent également au PGO et œuvrent dans le sens d'une implication à ce partenariat. Le Printemps arabe a eu une influence dans ce sens et pas seulement dans les pays de la région Mena.