On s'active dans le département El Guerrouj. Les délais sont courts et tout doit être prêt dans les temps pour que Maroc puisse adhérer au «Partenariat pour un gouvernement ouvert». Le PGO, (Open Government Partnership en anglais), est une initiative lancée en septembre 2011 par les Etats-Unis et le Brésil, en marge de la 66e Assemblée générale de l'ONU. Son objectif principal est de renforcer la démocratie participative, en mettant les citoyens au cœur de son fonctionnement. Plus concrètement, le PGO se traduit par l'amélioration des services publics, le renforcement de l'intégrité, la gestion des ressources publiques et la responsabilisation des entreprises. Le réseau regroupe actuellement quelque 57 pays membres, dont la Jordanie, le seul de la région MENA (Afrique-Moyen Orient) à en faire partie. Le Maroc, dont les dispositions de la nouvelle Constitution collent avec les objectifs du PGO, voit également la nécessité d'intégrer ce cadre. Le ministère de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration, qui prépare l'adhésion du royaume au PGO, souligne que la volonté et la démarche entreprise sont parfaitement en phase avec les grands chantiers de réformes et de modernisation de l'administration, notamment en ce qui concerne la simplification des procédures, l'administration électronique, l'accès à l'information, ou encore la charte des services publics. Pour Abdelaâdim El Guerrouj, ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration, l'adoption de la notion de gouvernement ouvert consiste à offrir aux citoyens marocains, «la possibilité de consulter l'information publique dans des formats plus accessibles, à pouvoir se renseigner davantage sur les activités gouvernementales, à participer plus directement au processus décisionnel et à collaborer avec les différents acteurs gouvernementaux». En d'autres termes, il s'agira de renforcer la confiance des citoyens envers les institutions publiques, en fournissant un service public de qualité. Les citoyens seront davantage impliqués dans l'évaluation de l'action gouvernementale. En exerçant un contrôle direct, ils seront appelés à jouer un rôle complémentaire à celui des parlementaires. «N'importe quel citoyen pourra interpeller le gouvernement», précise El Guerrouj. Ces actions seront facilitées par la mise à leur disposition de toute l'information dont ils auront besoin, en rapport avec l'action des pouvoirs publics. À ce titre, la loi sur l'accès à l'information, attendue «dans les prochaines semaines», se chargera de baliser le chemin afin de faciliter la circulation des données entre l'administration et les citoyens et notamment les journalistes. Pour le royaume, l'adoption de la notion de gouvernement ouvert permettra aussi de renforcer le rôle de la société civile et d'élargir son champ d'intervention. D'autre part, l'Etat voit en ce modèle de gouvernance un moyen de renforcer la transparence dans la gestion des affaires publiques, avec la systématisation de la déclaration du patrimoine pour l'ensemble des responsables. Intérêt Pour le ministère de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration, l'adhésion au PGO représente un double intérêt pour le Maroc. Le premier bénéfice se traduira sur le plan interne, par le renforcement de l'interaction entre l'administration et les citoyens. Cette communication permanente aura pour finalité d'améliorer les services publics, mais aussi d'encourager le secteur privé, en lui garantissant une administration ouverte et réactive à ses besoins. Sur le plan international, l'objectif est tout d'abord de «consolider l'image de marque du Maroc» aussi bien au sein de la région MENA, qu'avec ses partenaires européens et dans le monde. Le PGO, via ses règles de transparence, sera également un outil pour attirer les investisseurs étrangers et soutenir la dynamique de l'économie nationale. Enfin, ce partenariat peut servir de cadre pour privilégier l'échange des bonnes pratiques au Maroc, avec 57 pays des plus avancés au monde en matière d'ouverture, ainsi qu'avec leurs organisations de la société civile. Abdelâdim El Guerrouj, Ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration «Notre principal objectif est de promouvoir la transparence» Les Echos quotidien : L'adhésion au PGO devrait être synonyme de renforcement de la démocratie participative. Comment peut-on évaluer cette dernière ? Abdelaâdim El Guerrouj : L'idée, c'est moins l'évaluation de notre démocratie participative que de viser davantage de transparence dans le mode de gouvernance. Il ne s'agit pas d'opposer la démocratie représentative à la démocratie participative. Ces deux modèles sont complémentaires. Cette initiative cherche à promouvoir la transparence, à travers la participation citoyenne, l'accès à l'information, la transparence budgétaire et la déclaration de patrimoine. C'est sur la base de ces quatre axes que le Maroc sera évalué par ses pairs [ndlr: les autres pays membres]. Notre objectif est la promotion de la transparence. Quel sera la différence entre ce PGO et les autres partenariats que le Maroc entretient avec divers groupements régionaux et économiques à travers le monde ? Le PGO, c'est un réseau d'expériences et d'échanges de bonnes pratiques, en relation avec des thématiques bien définies que je viens de citer plus haut. L'adhésion du Maroc à cette initiative nous fera entrer dans un club de pays ayant atteint un certain seuil de transparence. Cela ne fera que rendre le Maroc plus attractif aux yeux des investisseurs étrangers. Pensez-vous que la société civile et les citoyens sont bien préparés à l'ère de la démocratie participative ? Nous disposons d'une société civile forte, et qui est très développée. Elle touche aujourd'hui des segments importants de la société, aussi bien sur les plans politique, économique que social.... Elle est dynamique et il faut aujourd'hui la renforcer. Notre projet d'adhésion à cette initiative s'inscrit dans cet objectif.