C'est au sein de la station balnéaire de Saïdia que se tiennent, depuis lundi dernier, les travaux du «Forum Panafricain». Organisés par le Centre africain de formation et de recherches administratives pour le développement (CAFRAD), en collaboration avec le ministère de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration, les travaux de la rencontre s'articuleront autour des nouvelles stratégies de réforme et de modernisation du secteur public en Afrique. Le Forum qui se déroule en marge du Conseil d'administration du CAFRAD, ouvert aujourd'hui, a été inauguré par le ministre d'Etat, Abdellah Baha, en présence de représentants de plusieurs pays membres de l'organisation panafricaine et de spécialistes en matière de gouvernance. L'actuelle édition du Forum Panafricain se tient dans un contexte particulier marqué par la multiplication des mouvements de revendication et des effets de la crise économique, qui secouent le monde. Ce contexte a engendré un défi partagé par tous les pays africains et a amplifié la nécessité de mettre le citoyen au cœur des politiques publiques et de l'administration, en améliorant l'accès et la qualité des services publics, et en réduisant leurs coûts pour instaurer la bonne gouvernance institutionnelle à même de répondre aux attentes des sociétés africaines. C'est pour cette raison que les travaux du Forum ont été, pour l'essentiel, axés autour de la réflexion sur «les voies et les moyens à même d'appuyer et d'accompagner les efforts du développement économique et social des pays africains». Un objectif qui ne saurait être atteint, sans une réforme de fond du rôle de l'administration publique et sa modernisation, «à travers le dialogue entre les hauts responsables du continent, autour de la conjoncture internationale et régionale, et les défis qu'elle impose de relever aux pays africains» a relevé, Simon Mamosi Lelo, directeur général du CAFRAD. Un avis que partage Abdelaâdim Guerrouj, qui a fait remarquer que la question a été érigée au rang de priorité par le gouvernement marocain, rappelant dans le même temps les réformes et initiatives qu'entend déployer son département dans ce cadre. Poursuivre les réformes «L'espoir en ce début d'année vient des différentes déclarations des dirigeants africains qui pour la plupart, reconnaissent les difficultés actuelles, mais promettent des changements pour une vie meilleure» a-t-il été relevé par les participants, lors de la rencontre. Des réformes et des améliorations sont, en effet, prévues afin d'améliorer la gouvernance, le rendement des services et la productivité de l'économie. Cependant, les effets de la crise économique mondiale, dont les répercussions au niveau des pays africains se font de plus en plus sentir, ne facilitent pas la tâche aux gouvernements qui connaissent des contraintes budgétaires et ne peuvent plus faire face aux demandes des populations. Il s'agit donc d'examiner les stratégies et les politiques à mettre en place dans les pays africains afin «de transformer, d'innover et de moderniser l'ensemble de l'administration publique, la gouvernance et l'Etat, et cela en vue d'accélérer le développement», ce qui suppose un partage d'expériences entre les pays, à l'aune de celles qui ont le plus donné de résultats probants et dont le Maroc pourrait s'inspirer, à l'heure où le département de Guerrouj entend mettre en œuvre ses premières mesures destinées à la modernisation publique, et où le Maroc s'apprête à la mise en œuvre du projet de régionalisation dans le sillage des réformes politiques lancées dernièrement. Au cours de leurs travaux, les spécialistes et politiques ont échangé, d'ailleurs, leurs avis sur le lien étroit entre le contexte politique actuel porté par une montée des revendications, principalement des citoyens et de la société civile, et la pression qui s'accentue sur les autorités, condamnées à trouver les voies et moyens adéquats pour répondre aux attentes ainsi exprimées. L'un des aspects majeurs et positifs des soulèvements populaires qui ne cessent de marquer le contexte politique au niveau régional et mondial, depuis le printemps arabe, est, en effet, le défi d'une meilleure gouvernance capable de prendre en charge les revendications socioéconomiques des citoyens. Un défi pour les autorités qui devront faire face, dans le même temps, aux effets de la crise économique et financière dont les répercussions sur les politiques publiques sont assez importantes et limitent leur impact. C'est en ce sens que des réformes institutionnelles ont été lancées au niveau de plusieurs pays afin de modéliser un nouveau cadre propice à une gouvernance au service du développement durable. Cependant, les modifications institutionnelles ne peuvent à elles seules permettre d'apporter des réponses concrètes aux aspirations des citoyens, lesquelles sont, pour l'essentiel, axées autour des aspects liés à l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Un enjeu au centre duquel l'administration et les services publics devront jouer un rôle primordial. D'où l'importance de l'actuelle rencontre africaine dont les thèmes majeurs sont de nature à servir de benchmarking et de pistes pour la politique gouvernementale en la matière. La présence aux travaux des hautes personnalités gouvernementales et des cadres de l'administration et des services publics marocains est, en tout cas, un signal fort en ce sens. Reste à poursuivre le travail sur le terrain, ce qui constitue le principal enjeu pour le gouvernement. Une organisation panafricaine au service de l'administration Créée en 1964 par plusieurs pays africains, avec le soutien de l'UNESCO, le CAFRAD (Centre africain de formation et de recherche administrative pour le développement), dont le siège est installé à Tanger est considéré comme le premier centre panafricain de formation et de recherche sur le continent en matière d'amélioration des systèmes de l'administration publique et de gouvernance en Afrique. L'institution, qui compte actuellement 37 Etats membres, a pour principale mission de «servir de centre d'excellence et de soutien aux actions des gouvernements et des organismes connexes dans le renforcement des capacités, l'innovation dans l'administration publique, pour une amélioration des services aux citoyens». Dans ce cadre, le CAFRAD s'est fixé comme principal objectif de promouvoir un nouveau leadership visionnaire, de soutenir des politiques de développement participatives et équitables, d'encourager un service public performant et enfin de faire prendre conscience de la gouvernance humaine aux gouvernements, pour les sensibiliser davantage aux besoins des populations. Ses principales activités sont, entres autres, orientées vers le développement et le renforcement des capacités humaines, dans le secteur public et la gouvernance, la mobilisation de l'expertise africaine, afin d'assurer des conseils d'experts aux pays engagés dans la réorganisation, l'innovation, la modernisation et la réinvention des services publics et de la gouvernance. L'autre défi de l'heure pour le CAFRAD, est le développement et la généralisation de l'utilisation des technologies de l'information et la communication (TIC) dans le secteur public (e-gouvernance/e-administration).