Les opérateurs marocains du secteur de l'industrie automobile peuvent pousser un ouf de soulagement ! En attendant le Plan de promotion de la compétitivité de l'industrie française, celui de soutien à l'automobile n'apporte pas de chamboulement en terme deperspectives du secteur. Présenté par le ministre du Redressement productif français, Arnaud Montebourg, et validé en conseil des ministres, le Plan inaugure même de nouvelles opportunités pour les sous-traitants nationaux puisqu'il vise, essentiellement, à remettre le secteur sur le chemin de la croissance. C'est, d'ailleurs, à sa juste valeur qu'a été apprécié le chantier ainsi décliné, celui du «sauvetage de la filière automobile française». Les opérateurs français n'ont pas manqué de faire remarquer que le Plan de redressement, «reprenait dans l'ensemble les anciennes mesures qui ont déjà montré leurs limites par le passé». Cependant, la réactivité dont a fait preuve le gouvernement face aux difficultés que traverse le secteur, à la suite de la sonnette d'alarme tirée par le groupe Peugeot-Citroën (PSA), a été qualifiée de positive par les industriels français. Il faut dire que le gouvernement s'est gardé de faire cas, au titre des axes de son plan de sauvetage, de la problématique sur la question des emplois, un aspect très attendu au Maroc. La question est, en effet, devenue prioritaire et hautement sensible pour le gouvernement socialiste et principalement pour Arnaud de Montebourg qui en a fait un point d'honneur, tenant ainsi en haleine les opérateurs économiques marocains ayant un business commun avec l'industrie française. Le plan de sauvetage s'est limité à conditionner quelques mesures de soutien financier aux produits fabriqués localement. C'est ce qu'a, en tout cas, ajouté par la suite Arnaud de Montebourg qui a évoqué une préférence nationale «dans les services publics, dans la commande publique». Pour faire clair, le gouvernement a indiqué que ces mesures vont «se traduire dans la localisation de la production de ces véhicules en France». En somme un soutien conditionné au sauvetage de l'emploi au niveau local. Le spectre de la délocalisation Au delà des nouvelles opportunités pour le secteur au Maroc, c'est plus sous l'angle de la politique de relocalisation pour sauver et créer des emplois que le gouvernement de Jean Marc Ayrault était très attendu. La question du sauvetage de la filière industrielle française coïncidait avec le débat sur les « délocalisations et relocalisations» des entreprises françaises à l'extérieur et principalement au Maroc. La polémique s'est d'ailleurs amplifiée au lendemain de la décision de Montebourg, de relocaliser certains centres d'appels installés à l'extérieur du Maroc vers l'hexagone en échange de plusieurs mesures de soutien. Pour l'automobile, le gouvernement français n'est pas allé jusque-là, même si pour le moment des entreprises ont commencé à voir des pistes de développement à travers le Plan de sauvetage mis en place. C'est ainsi que l'autre fleuron de l'industrie française, le groupe Renault, qui dispose d'une usine à Tanger, vient d'annoncer la production de certaines composantes de sa voiture électrique «Zoé» sur le territoire français. Il faut dire que le gouvernement Ayrault s'est engagé à passer 25% de ses commandes auprès des producteurs de véhicules écologiques, ce qui représente un marché de plus de 10.000 unités par an auxquels il faudrait ajouter les achats faits par les collectivités locales. Opportunités pour l'industrie locale Pour les grands groupes français, le véritable intérêt du Plan de sauvetage français est relatif aux mesures destinées à «booster» la consommation française. Le secteur est en effet, en plein recul ces dernières années et seules les subventions décidées par l'ancien régime ont permis de limiter la casse. Sur les six premiers mois de l'année, les ventes de voitures particulières en France ont par exemple baissé de plus de 14%, une baisse qui devrait se poursuivre les prochains mois pour finir l'année autour des 10%, selon les opérateurs français. Du coup, pour ces derniers, c'est principalement des pays émergents, avec un clin d'oeil particulier au Maroc, qu'est attendu le relais de croissance. C'est le cas pour Renault qui s'attend à une relative embellie les prochains mois dans le sillage du début de commercialisation en Europe de plusieurs nouveaux modèles comme le Lodgy ou le Dokker fabriqué dans les usines de Tanger. La marque au losange espère ainsi profiter de la croissance de 4% attendue cette année sur le marché international, principalement dans les pays émergents. Avec les mesures que vient de décider le gouvernement français, nul doute que les installations de Tanger tourneront à plein régime, au vu de la notoriété balisée par la marque Dacia au niveau de ces marchés. Avec le retour des subventions qui avaient sensiblement profité aux constructeurs français, c'est une nouvelle opportunité de croissance que s'offre Renault et le site de Tanger. Pour rappel, sur 10 véhicules produits au Maroc, près de 9 sont destinés à l'export en Europe et notamment en France. Reste à attendre la suite du Plan français, particulièrement, en ce qui concerne la compétitivité des entreprises françaises. Ce qui accentuera le débat sur les délocalisations et restera très suivi au Maroc, car au delà de tout le secteur qui a besoin d'un nouveau modèle économique, ce sont les industriels français qui ont besoin d'un sérieux coup de pouce pour une sortie de crise espérée en 2014. En attendant le Maroc avance ses pions et se cherche des opportunités... La distribution aussi Avec 14% de croissance au Maroc et 14,5% sur l'ensemble de son activité au premier semestre 2012, le groupe français CFAO spécialisé particulièrement dans la distribution des marques de véhicules Toyota, Peugeot,... affiche une santé financière à en faire pâlir tous ses partenaires européens. Pourtant le légendaire groupe s'apprête à changer de tour de table. C'est Toyota Tsusho Corporation (TTC), une filiale de la multinationale japonaise du même nom qui est sur le point d'acquérir un tiers de CFAO. L'annonce assez surprenante, faite la semaine passée, a été perçue par les analystes comme le début d'une réorientation stratégique de tout le secteur de l'industrie automobile française, notamment la sous-traitance ou la distribution. Il faut dire que pour les professionnels français, c'est l'ensemble du secteur qui va mal et qui nécessite de nouveaux leviers de croissance, pour permettre à l'industrie française de tenir le coup de la crise, face surtout aux rudes concurrences allemande et asiatique. Or, dans ce domaine, la plupart des avis convergent à statuer sur la pertinence de se déployer sur de nouveaux marchés pour atténuer l'atonie du marché domestique. Ce qui suppose d'aller à la conquête de l'international où le potentiel de développement est certain. C'est ce que confirme d'ailleurs le président du directoire de CFAO, Richard Bielle, qui a fait souligner en marge de la présentation la semaine dernières des résultats semestriels du groupe, qu'il dirige, que «la plupart des marchés de l'Afrique sub-saharienne sur lesquels le groupe opère sont bien orientés, comme le sont également ceux des deux pays du Maghreb, du Maroc et de l'Algérie».