En réponse à une certaine opinion qui critiquait en son temps un désintéressement africain du Royaume au profit de l'Europe, Feu le Roi Hassan II, avait comparé le Maroc à un grand arbre dont les racines puisaient au sein du continent et les branches s'étendaient vers l'Europe. Une brillante mise au point de l'inaltérabilité des relations unissant le Maroc et l'Afrique. Des relations dont les sources remontent depuis les Ve et VIe siècles, au temps de l'expansion almoravide et qui ont été renforcées par les impératifs d'une lutte commune contre l'impérialisme coloniale. S'il est vrai que celles-ci avaient connu une certaine mise en berne au lendemain du retrait en 1984, du Maroc de la défunte Organisation de l'unité africaine (OUA), en raison de divergences géopolitiques consécutives au conflit saharien, il est également certain qu'elles n'avaient cessé de s'améliorer, cette dernière décennie suite, au déclic diplomatique ayant balisé le terrain à une coopération multidimensionnelle et qui prêche désormais par l'exemple. Une dynamique insufflée au plus haut sommet et relayée par une diplomatie qui ne cesse d'étendre ses tentacules sur le continent, lentement, certes, mais surement, aussi. Diplomatie tous azimuts L'accession, en juillet 1999, du Roi Mohamed VI au trône, s'est, en effet, traduite par un redéploiement tous azimuts de la politique africaine du Royaume. Celle-ci a d'abord été le fruit d'un engagement politique au plus haut niveau, avec l'investissement personnel du Souverain dont la marque s'est faite prestement ressentir au sein de l'appareil diplomatique du Royaume. Ainsi, les premières années du nouveau règne ont été marquées par une série de périples royaux vers plusieurs pays, certains plus d'une fois en moins d'une décennie. Mais au-delà de la nouvelle idylle marocaine à l'endroit du continent, c'est le cachet particulier aux rapports entretenus depuis qui symbolise la nature de l'intérêt ayant guidé une telle politique. Aux antipodes d'une coopération motivée par la recherche de débouchés commerciaux et d'intérêts qui sévissent au sein de la scène internationale, la politique marocaine s'est démaquée par sa dimension humanitaire. Preuve en est, les multiples actions multilatérales et surtout bilatérales qui ont été décidées, sans contrepartie aucune, mais aussi la promptitude avec laquelle le Royaume a répondu aux sollicitations de plus d'un pays en proie à des situations difficiles consécutives à des catastrophes naturelles et même à des crises politiques. Les relations se sont ainsi étendues à tous les domaines, politique mais également socioéconomique des pays concernés. Conséquence, au bout de quelques années, l'image du Maroc s'est profondément améliorée, ouvrant ainsi la voie à l'instauration d'un climat propice aux affaires. Une voie sur laquelle se sont engouffrées, beaucoup d'entreprises marocaines de façon certes timide au début mais avec stratégie et dynamique très prometteuse, ensuite. Une diplomatie économique bien encadrée... La diplomatie au sommet conduite par le Souverain a balisé le terrain à une offensive diplomatique de caractère économique sur le continent. A la fin de cette année, le Maroc devrait compter une trentaine de représentations sur le continent, ce qui en fait l'un des meilleurs réseaux diplomatiques actuellement en activité. Certes, il faudrait reconnaître qu'assez souvent, bien des obstacles ont plombé la dynamique ainsi enclenchée, risquant parfois de nuancer les espoirs placés en cette nouvelle forme de coopération, mais la stratégie sur laquelle repose celle-ci constitue un mécanisme sérieusement efficace à même de garantir sa durabilité. En témoigne l'évolution des échanges commerciaux entre les deux parties, les multiples accords conclus ou en voie de l'être avec surtout les organismes de coopération sous régionales (UEMOA, CEMAC, CEN SAD...) et le récent engagement marocain sur le terrain de la lutte anti-terroriste et de l'immigration clandestine. Mais la plupart des investissements marocains en Afrique sont, au stade actuel, dominés par la réalisation de projets d'infrastructures socioéconomiques, immédiatement bénéfiques aux Etats bénéficiaires, ce qui en constitue un des exemples les plus remarquables de la coopération sud-sud. Parallèlement, le Maroc s'est engagé à aider le continent à la formation et au perfectionnement de ces cadres civils et militaire. Par le biais de l'Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), qui œuvre depuis 1986 dans le domaine de la coopération technique et scientifique entre autres, plus de 7.000 étudiants et stagiaires sont actuellement en cours de formation au sein des principaux établissements publics de cycle supérieur au Maroc. Cela sans compter évidemment, les étudiants qui s'inscrivent dans les institutions privées et dont le nombre tend à s'accroître de façon exponentielle d'année en année. Ce qui constitue, par ailleurs, un autre canal, si besoin est, de marketing pour l'image du Royaume. Ainsi, au rythme actuel de la coopération entre le Maroc et l'Afrique, rien n'empêchera au Royaume de jouer un rôle de premier plan sur l'échiquier continental. Le marché africain en pleine croissance, malgré le contexte mondiale, est une véritable aubaine pour les entreprises marocaines qui n'ont rien à perdre mais tout à gagner surtout que la volonté politique est déjà acquise. Avec le balbutiement de l'ouverture européenne et le blocage de l'intégration maghrébine, nul doute que le marché africain fort de ses immenses potentialités peut servir d'alternative crédible à l'ambition expansionniste des entreprises nationales. Celles-ci ont en tout cas le savoir-faire et l'expérience nécessaire, aux investisseurs seulement de jouer.