Les relations franco-algériennes traversent une nouvelle zone de turbulence, alimentées par les déclarations de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur, qui accuse l'Algérie de « violer le droit international ». Ce regain de tensions intervient peu après l'adoption par la France d'une position favorable à l'intégrité territoriale du Maroc dans la question du Sahara, suscitant l'irritation d'Alger. C'est en marge d'une interview accordée à la chaîne TF1, M. Retailleau a mis en exergue le refus par l'Algérie d'accueillir un influenceur algérien expulsé de France plus tôt dans l'année. Selon le ministre, cette décision illustre « un non-respect manifeste de la loi », rappelant que les documents d'identité et de voyage de l'intéressé confirment son appartenance à la nationalité algérienne. Il a ainsi déclaré : « L'Algérie viole donc la loi. J'ai demandé à mes services de réfléchir aux moyens de sanctionner la compagnie nationale Air Algérie et nous examinons toutes les mesures de rétorsion envisageables. » Lire aussi : Quand la presse algérienne disparaît du web marocain Ces propos font écho aux accusations similaires portées en janvier dernier, lorsque M. Retailleau avait déjà estimé qu'Alger cherchait à « humilier la France ». Le ministre avait alors affirmé que son pays ne pouvait « tolérer cette situation » et qu'il était impératif de « réévaluer tous les moyens à notre disposition vis-à-vis de l'Algérie ». Parallèlement, un nouvel épisode est venu envenimer davantage les relations entre les deux Etats. Le gouvernement algérien a vertement critiqué la ministre française de la Culture, Rachida Dati, pour sa récente visite dans les provinces du sud marocain. Cette démarche s'inscrit dans la continuité du soutien que la France avait officiellement exprimé en juillet dernier en faveur de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Il s'agit de la première visite d'un membre du gouvernement français dans cette région depuis que Paris a annoncé sa reconnaissance explicite de l'intégrité territoriale du Maroc. Le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement réagi, parlant d'un « mépris flagrant de la légalité internationale de la part d'un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU ». Alger avait déjà répliqué, cet été, en réduisant sa représentation diplomatique en France à la suite de la nouvelle position française sur la question du Sahara marocain. Ahmed Attaf, le chef de la diplomatie algérienne, avait alors justifié cette mesure comme un signe de « condamnation et de désapprobation » vis-à-vis de la politique parisienne. Cet enchaînement d'événements illustre une escalade progressive dans les différends entre Alger et Paris, sur fond de désaccords majeurs concernant le traitement des nationaux expulsés et les revendications territoriales au Sahara. Les observateurs internationaux s'interrogent désormais sur l'ampleur que pourraient prendre ces tensions diplomatiques et sur la capacité des deux gouvernements à renouer avec un dialogue constructif.