Le mois dernier, le ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Evaluation des Politiques Publiques, M. Karim Zidane, a reçu une proposition d'envergure internationale de la part de la société suisse de technologies propres Synhelion. Les dirigeants de cette entreprise ont présenté un projet d'un milliard de dollars visant à implanter, au Maroc, une installation de production de carburant solaire. Cette initiative, fondée sur la technologie « sun-to-liquid », vise à redéfinir la manière dont le pays valorise ses ressources énergétiques et s'inscrire dans la stratégie marocaine de transition vers les énergies renouvelables. L'entreprise suisse, Synhelion prévoit de produire environ 100 000 tonnes par an de carburants synthétiques durables, tels que l'essence, le diesel ou le carburéacteur. Ce potentiel est rendu possible grâce à un procédé mis au point en partenariat avec l'Ecole polytechnique fédérale de Suisse, qui associe le rayonnement solaire concentré à un réacteur thermique de haute performance. Plus concrètement, de vastes champs solaires équipés de miroirs capables de suivre la course du soleil concentrent les rayons sur une tour centrale. Les températures y dépassent 1 000 degrés celsius. À l'intérieur du réacteur, un mélange de méthane, de dioxyde de carbone et d'eau subit alors différentes étapes de transformation, générant une vapeur et des gaz qui sont finalement convertis en carburant liquide. Lire aussi : Avenir écologique: Le Maroc met le cap sur les biocarburants Le choix du Maroc pour héberger ce projet n'a rien de fortuit. Le pays est aujourd'hui l'un des leaders africains et arabes en matière d'énergies renouvelables. Au fil des années, le Royaume a investi massivement dans l'énergie solaire et éolienne, à travers des infrastructures de grande envergure. L'exemple le plus célèbre reste la centrale solaire de Noor Ouarzazate, l'une des plus grandes au monde, qui témoigne de l'engagement marocain en faveur de la transition énergétique. Cette expérience, alliée à une volonté politique affirmée, crée un climat propice à l'accueil de nouvelles initiatives vertes. Les acteurs du secteur énergétique bénéficient en effet d'un environnement stable, d'une réglementation favorable et d'un soutien institutionnel marqué. Au-delà de ses ressources solaires abondantes, le Maroc présente une disponibilité de matières premières et un secteur industriel solide. Le pays a considérablement développé ses infrastructures au cours des dernières décennies, notamment dans les domaines du transport et de la logistique. Les grandes zones industrielles, la modernisation du réseau autoroutier, ainsi que l'expansion des ports comme Tanger Med, facilitent l'implantation de projets de grande envergure. Par ailleurs, le Maroc jouit d'une main-d'œuvre qualifiée, fruit de l'essor des écoles d'ingénieurs et des universités locales. Cette combinaison de facteurs attire depuis plusieurs années de nombreux investisseurs étrangers, convaincus par la stabilité politique et la vision stratégique du pays sur le long terme. Dans le cas de Synhelion, l'investissement annoncé s'appuie sur un montage financier diversifié. Gianluca Ambrosetti, PDG et cofondateur de l'entreprise, souligne que le projet mobilisera à la fois des financements bancaires, la vente d'actions et des subventions gouvernementales potentielles. Synhelion bénéficie déjà du soutien de l'Union européenne et de partenariats avec des acteurs majeurs, comme la compagnie aérienne Lufthansa, le groupe énergétique italien Eni et AMAG, principal importateur automobile en Suisse. Cette combinaison de soutiens souligne l'intérêt croissant des grands groupes internationaux pour les nouvelles technologies énergétiques, notamment dans la recherche de solutions décarbonées pour le transport aérien et terrestre.