La diplomatie marocaine semble emprunter une nouvelle voie. Après les tentatives de normalisation opérées avec l'Algérie, le Royaume se décide à s'afficher sur des dossiers qui intéressent ses voisins subsahariens. Le périple a débuté en Ethiopie, en février 2012. Devant les autorités d'Addis-Abeba, Saad Dine El Otmani avait déclaré que « Le Maroc est un fervent défenseur des nobles causes de l'Afrique et un acteur majeur dans la promotion de la coopération Sud-Sud, à laquelle a toujours appelé S.M. le Roi Mohammed VI ». L'instabilité du continent préoccupe aussi. Le Maroc multiplie les prises de positions sur des événements qui secouent actuellement certains pays de la région. Il figure dans la liste de pays qui ont dénoncé l'indépendance de l'Azawad, proclamée le 5 avril 2012 par les rebelles touaregs. Rabat a qualifié cette décision de « totalement inacceptable ». La situation qui prévaut au Soudan ne laisse pas aussi de marbre. El Otmani a condamné, vendredi dernier, à travers un communiqué, les assauts des forces sud-soudanaises sur les territoires du Nord du Soudan, « un acte injustifié, une agression contre des territoires soudanais et une violation des conventions internationales et des accords signés entre les deux parties ». Pour arrêter les hostilités, il faut « appliquer immédiatement la dernière résolution du Conseil de sécurité, retirer sans plus tarder les troupes sud-soudanaises de la zone occupée […] », suggère-t-il. Le Maroc n'agrée pas non plus la tentative de coup d'état perpétrée en Guinée Bissau. « Suite à la tentative du coup d'Etat perpétré en Guinée-Bissau, le 12 avril 2012, et la séquestration du président de la République par intérim, M. Raimundo Pereira ainsi que d'autres personnalités politiques, le Royaume du Maroc rejette ce coup de force et appelle au retour de l'ordre constitutionnel », révèle un communiqué du ministère des Affaires étrangères. A travers ces réactions tous azimuts, le Maroc envisage-t-il d'imposer son leadership en Afrique ? « En tant que membre du Conseil de sécurité, on acquiert une grande responsabilité dans les relations internationales. Le Royaume met cet élément à son actif pour consolider davantage sa présence dans des questions qui concernent ses voisins africains », explique Jawad Kerdoudi, président de l'Institut marocain des relations internationales (IMRI). Jawad Kerdoudi, président de l'IMRI Coopération Sud-Sud Hormis les soutiens diplomatiques, le Maroc ambitionne aussi de relancer sa coopération économique avec ses voisins. Le chef de la diplomatie marocaine vient de clôturer une tournée africaine qui l'a conduit en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et au Niger. Rabat souhaite consolider ses rapports bilatéraux avec Abidjan au cours de la rencontre de la commission mixte entre les deux pays qui se tiendra prochainement dans la ville verte. Avec Ouagadougou, il s'agira de renforcer le cadre juridique de la collaboration au cours d'une séance de la commission mixte en mai prochain dans la capitale burkinabée. Avec Niamey, il sera question de la diversification des secteurs de partenariat lors de la troisième session du groupe mixte au Niger. Parallèlement, la diplomatie marocaine apprécie les actions de la Communauté économique des états de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour résoudre la crise malienne. Mieux, Saâd Dine El Otmani estime que la Communauté des états sahélo-sahariens (CEN-SAD) pourrait l'épauler dans cette tâche. A défaut de réintégrer l'Union africaine (UA), le Maroc s'évertue à accorder ses violons avec l'organisation sous-régionale. A en croire Jawad Kerdoudi, « Malgré son retrait de l'UA, le Maroc a continué à avoir de bonnes relations bilatérales avec les pays africains. C'est la reconnaissance de la République arabe sahraouie (RASD) par l'Union africaine qui a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Le Royaume n'est certes plus membre de l'organisation mais il est souvent présent lors de ses réunions ».