L'ancien président brésilien Jair Bolsonaro a été inculpé, mardi, pour son implication présumée dans une tentative de coup d'Etat, visant à empêcher l'investiture de Luiz Inácio Lula da Silva après l'élection présidentielle de 2022. Dans un communiqué publié dans la soirée, le parquet a annoncé que Bolsonaro et 33 autres personnes étaient accusés d'avoir « incité et exécuté des actes contraires aux trois pouvoirs et à l'Etat de droit démocratique ». L'acte d'accusation, remis à la Cour suprême, s'appuie sur un rapport de la police fédérale, qui affirme que l'ex-chef d'Etat (2019-2022) a « planifié et pris part de façon directe » à cette conspiration. Les inculpés sont poursuivis pour « tentative d'abolition violente de l'Etat de droit démocratique », « organisation criminelle armée » et « projet de coup d'Etat ». Si le procès est ouvert, Bolsonaro risque une peine de 12 à 40 ans de prison. L'enquête révèle que Bolsonaro et son colistier à la vice-présidence, Walter Braga Netto, auraient coordonné un plan impliquant des militaires et des civils pour empêcher l'application du résultat électoral. Ce projet, baptisé « Opération Poignard vert et jaune », prévoyait même l'assassinat du président élu Lula, de son vice-président Geraldo Alckmin et d'un juge de la Cour suprême. Il devait être exécuté par des membres des forces spéciales de l'armée avant l'investiture de Lula, le 1er janvier 2023, mais a échoué faute de soutien des hautes sphères militaires. Les investigations mettent également en lumière une ébauche de décret qui aurait permis à Bolsonaro d'instaurer l'état de siège, d'annuler l'élection et d'emprisonner le juge Alexandre de Moraes, alors président du Tribunal supérieur électoral. Le 8 janvier 2023, une semaine après la prise de fonctions de Lula, des milliers de partisans de Bolsonaro avaient saccagé les sièges du pouvoir à Brasilia. Selon le parquet, cet assaut constituait une ultime tentative de coup d'Etat encouragée par l'ancien président et ses alliés. « Je ne suis pas du tout inquiet », avait déclaré Bolsonaro, après un déjeuner avec des dirigeants de l'opposition, quelques heures avant l'annonce de son inculpation. Dans un communiqué, la défense de l'ex-président s'est dite « stupéfaite » et « indignée » par l'acte d'accusation du parquet, affirmant que Bolsonaro n'avait « jamais cautionné aucun mouvement visant à déconstruire l'Etat de droit démocratique ni les institutions qui le fondent ». « Malgré près de deux ans d'enquêtes – une période durant laquelle il a fait l'objet de diligences exhaustives, largement soutenues par des mesures conservatoires de nature intrusive, incluant même la détention préventive de proches partisans – aucun élément n'a été trouvé établissant un lien, même minimal, entre le président et la narration construite dans l'acte d'accusation », ajoute la défense. Déjà interdit de quitter le Brésil depuis février dernier , Jair Bolsonaro, 69 ans, est inéligible jusqu'en 2030 pour diffusion de fausses informations sur le système électoral. Il espère néanmoins faire annuler cette sanction pour briguer un nouveau mandat en 2026, alors que la popularité de Lula est en baisse, selon plusieurs sondages. Plusieurs proches de Bolsonaro figurent parmi les inculpés, dont Walter Braga Netto, arrêté en décembre, ainsi que le général Augusto Heleno, son conseiller en sécurité, et Alexandre Ramagem, ex-directeur des services de renseignement. La Cour suprême n'a pas encore fixé de date pour l'examen de la plainte, mais le procès pourrait débuter avant la fin du premier semestre 2025.