Là où la ville pouvait juste sentir la poussière, il y a une dizaine d'années, aujourd'hui Nador sent le neuf. Au poste-frontière qui mène vers Melilia, toute la route est goudronnée et les trottoirs, maintenant, réels. Le long de la lagune, les palissades de Marchica Med avec ses projets de sept cités témoignent de ce relooking. De la volonté politique et quelques infrastructures bien en vue peuvent révolutionner le paysage. Parfois, le business anticipe sur ce qui va venir. En fait, ce qui se passe par ici est une partie de ce qui se fait un peu partout dans le Maroc méditerranéen depuis l'annonce du projet de rocade méditerranéenne. En attendant l'autoroute Fès-Oujda L'annonce du projet de rocade méditerranéenne, c'est comme l'annonce d'une greffe d'une veine d'oxygène ou de sang sur un corps malade qui a du mal à guérir et à se déployer. Nador ou le Rif, il y a 10 ou 15 ans, c'était une donnée statistique impressionnante : deuxième place bancaire marocaine après Casablanca; et des prix de l'immobilier qui n'ont rien à voir avec le niveau de vie d'une ville peu industrialisée ou ne figurant pas particulièrement dans le hit-parade des destinations touristiques méditerranéennes. Rajoutons encore une donnée : de l'autre côté de la frontière de Béni Ansar, Melilia est l'une des villes espagnoles où s'effectuent le plus de change de devises ... Nador est situé sur une lagune, Marchica, qui a longtemps hébergé, souvent à l'oeil nu, une flotte de hors-bords rapides experts en export de résine de cannabis vers les côtes espagnoles, ou vers des bâteaux de pêche mouillant en dehors des eaux territoriales. Nador, comme Oued Laou, Jebha ou Al Hoceima a, aussi, vite compris que l'arrivée de la rocade méditerranéenne et son passage par la corniche de Marchica allaient changer beaucoup de choses. En effet, une voie de communication plus ouverte vers l'Oriental, Saïdia et Oujda et une voie de communication ouverte vers l'Est, Al Hoceima, Jebha, Tanger et Tétouan; ce sont plus de flux de personnes et de biens, une manche gagnée face à un enclavement qui obligeait à faire plus de 9 heures de voyage par la route pour atteindre Tanger à moins de 400 km de là. Du coup, les investissements et les projets s'enchaînent à Nador et ses alentours. Outre Marchica Med, la CGI contruit un nouvel hôtel. Un nouveau port, celui de Nador-West est en projet; l'aéroport qui végétait propose chaque semaine des dizaines de vols vers Marseille, Bruxelles, Amsterdam, Dusseldorf ou Casablanca. Nador redevient un pôle de développement régional en quelques années, disposant d'une corniche flambant neuf, avec ses bâteaux de nettoyage qui, chaque jour, retirent des eaux de la lagune les détritus ou les sacs de plastique déposés par le vent et des promeneurs indélicats. L'objectif de cette entreprise globale de rénovation urbaine et de marketing territorial est ambitieux: à Marchica Med, les premiers coups de pioche ont été donnés. Nador dispose aujourd'hui de 800 lits hôteliers, soit autant que Chaouen; mais l'objectif est de multiplier par six ce chiffre, indique le directeur du site. «Nador doit devenir une destination touristique en Méditerranée dans 10 ans».