L'approche d'Al Hoceima révèle une côte magique et un début de structuration de l'espace qui laisse apparaître ici, un investissement dans une station-service, et là, dans un restaurant ou un motel. Alors, qu'il y a trois ans encore, le voyageur en provenance de Nador devait emprunter une route intérieure et sineuse, aujourd'hui la voie est côtière, neuve avec un maximum de virages gommés. Ici, le tourisme bleu et vert constitue déjà la marque de fabrique de l'économie régionale. Les grands aménageurs nationaux qui saisissent l'opportunité de l'amélioration des infrastructures régionales pour construire des unités à taille humaine ne se sont pas trompés. C'est ainsi le cas du projet Sania projeté sur le site de l'ancien Club Med. Les écologistes marocains et européens se sont intéressés aux futurs équilibres naturels incitant MedZ à faire quelques efforts d'adaptation de son premier concept aux attentes de la société civile; car, s'il est un capital que la côte méditerranéenne est sûr de posséder, c'est son environnement naturel, ses côtes et ses collines, son développement urbain resté sous contrôle en raison du faible développement économique de la région ! Les pouvoirs publics ne se sont pas complètement trompés en interdisant tout projet d'habitat sur une servitude de 500 mètres entre l'entrée d'Al Hoceima au niveau du pont de l'oued Nekkor et Ras al Ma, cap de l'Eau, aux portes de la station de Saïdia. Les investissements touristiques ou les activités de pêche sont autorisés mais l'idée est de ne pas créer de nouveaux bourgs de briques rouges avec alignement de grills à brochettes. Ce gel, en attendant d'y voir clair n'empêche pas que les agences urbaines de la région travaillent sur les futurs plans d'aménagement. Un sacré charme Il faut savoir que de Nador à Al Hoceima, des Français ont déjà installé des maisons d'hôtes sur le mont Gourougou et que les plages d'Amjaou, Dar El Kebdani, Tazaghin, Oulad Amghar et Trougout sont tellement belles et sauvages que l'idée de créer un parc national marin fait son chemin. Al Hoceima semble savoir tout cela. D'abord, parce que le Roi lui a rendu visite près de 20 fois en 11 ans et qu'en un printemps, celui de 2010, l'aérogare vient d'y être agrandie et les travaux de la voie rapide vers Taza lancés. La nouvelle gare routière, de son côté est prête à accueillir le nouveau trafic suscité par ces projets et la rocade méditerranéenne. Il s'y passe et s'y investit, en quelques années, plus qu'il n'en a probablement été fait en un siècle combiné de présence espagnole et d'indépendance. Même, le secteur de la pêche a repris du souffle, là où nombre de conserveries fermaient, il y a une vingtaine d'années. Les inquiétudes étaient réelles sur la ressource, mais aujourd'hui le port de pêche s'est «repeuplé». Plus de chalutiers, plus de barques, plus de restaurants, plus de vie. D'un coup, Al Hoceima voit une porte s'ouvrir pour elle vers Nador, Saïdia et Oujda; une autre bientôt, en toute sécurité, vers Taza et depuis quelques mois vers Jebha. Les investissements suivent également. L'hôtel Quémado et Mohamed V se refont, et ils le font en version haut de gamme au bord d'une crique dominée par les barques d'un côté et une merveilleuse falaise de l'autre. Des espaces conviviaux À Amir Plage, les jeunes de la ville découvrent une boutique-plage comme il y a des boutiques-hôtels ; 100 mètres de plage très propre, un petit embarcadère pour ceux qui ont un jet-ski ou un zodiac et un petit café avec des tarifs abordables. Même schéma du côté de la nouvelle corniche, Chaffarinas vers la plage de Bouskour. Nouvel hôtel de 30 chambres avec piscine, plage de rêve et 2 restaurants où l'on déjeune à 150 DH à 5 avec de la nourriture locale. Le développement, c'est aussi la sécurité et la sérénité et de ce point de vue, les interlocuteurs sur la région affichent une humeur zen. Ils sont paisibles; Ils trouvent leur ville et leurs plages propres, et ils n'en sont pas surpris. Ils trouvent cela plutôt normal. Ils redécouvrent la fameuse plage de Cala Bonita nettoyée et qui sera recouverte d'une pelouse verte dans les prochains mois. Du coup, peut-on dire que la ville s'équilibre? Sur la rocade qui se déroule vers Jebha et Tétouan, à moins de 10 km du centre-ville, le centre urbain d'Aïn Kamra se structure et doit accueillir une zone industrielle, un complexe sportif et un ensemble de logements sociaux. Un peu plus loin, à Rouadi, un village d'artisans vient d'y être ouvert. 120 km séparent Al Hoceima de Jebha, petit port de pêche en bas d'une falaise au bord des derniers kilomètres de macadam avant la piste, le futur et dernier tronçon de la rocade méditerranéenne...