La pérennité d'une destination touristique dépend-t-elle des conditions climatiques ? Oui, sans la moindre hésitation. Au delà du rapport qualité-prix, l'indice climato-touristique intervient impérativement dans la prise de décision du voyage. À la destination du Maroc, comme dans les autres pays du bassin méditerranéen, l'attractivité et la durée des saisons touristiques sont de plus en plus conditionnées par les aléas climatiques. Face à l'ampleur de cette problématique, la conférence-forum prévue à Agadir sur le thème «Tourisme et changements climatiques au Maroc, et dans la région méditerranéenne: un défi global, des solutions locales» devra réunir du 27 au 28 avril des experts des pays du pourtour méditerranéen pour étudier cette thématique. L'objectif est de décortiquer le binôme climat-tourisme et de présenter des solutions opérationnelles, afin de réduire l'impact sur le milieu naturel, mais aussi de sensibiliser les opérateurs touristiques sur le fait que le maintien du développement touristique passe impérativement par l'adoption d'une démarche de développement durable. Solutions locales Placée sous l'égide du ministère du Tourisme, la rencontre est organisée conjointement par le Réseau de développement touristique rural du sud (RDTR), l'Université Ibn Zohr d'Agadir et l'écolodge Atlas Kasbah, en présence des organisations et instituts de recherche internationaux. «Cette conférence s'inscrit dans le cadre d'une volonté locale pour développer la recherche de solutions liées aux changements climatiques», explique Hassan Aboutayeb, coordinateur du comité d'organisation de la conférence. Le contexte l'exige aussi, car «l'impact des aléas pourrait modifier les conditions d'attractivité des destinations touristiques et par conséquent leurs compétitivités sur le marché, d'où le choix de ce sujet qui touche directement la demande touristique», ajoute ainsi Aboutayeb. En effet, les recherches actuelles ont pu mettre en avant des constats, mais peu de solutions concrètes ont pu être opérationnalisées, notamment à cause du fait que les perspectives sont trop souvent globales et non pas locales. À cet effet, la valeur ajoutée de la conférence est de répondre justement à cette problématique, en apportant des éléments de solutions pratiques et adaptables (locales) aux différents contextes touristiques en Méditerranée. Cette zone englobe à elle seule 21 pays, captant 30% des flux touristiques mondiaux, avec une croissance estimée à 3 ou 4% par an. Au Maroc, les observations relevées sur les dernières décennies prouvent l'apparition de plusieurs signes de détresse. Il s'agit entre autres de la désertification et des vagues de canicule qui ont secoué dernièrement le pays. S'ajoutent à cela, le stress hydrique, la progression du climat semi-aride vers le nord du pays et la multiplication des incendies qui détruisent le couvert végétal. Une opportunité à saisir ? Le changement climatique représente, malgré les contraintes qu'il représente, une opportunité pour dépasser les anciennes formes de tourisme, notamment le balnéaire de masse. L'ensemble de la stratégie des destinations pourrait s'orienter vers des perspectives plus larges liées à la baisse de la saisonnalité. Il s'agit donc de trouver des mesures opérationnelles et adaptables afin de diversifier l'offre et éviter l'écueil lié au vieillissement des produits touristiques, mais aussi ouvrir la voie aux initiatives nouvelles et durables. Depuis le lancement de la vision 2010 au Maroc, le ministère du Tourisme, a privilégié le management environnemental hôtelier et touristique. La vision 2020 a accentué cette volonté en plaçant le développement durable au cœur de cette stratégie. Toutefois, il y a encore une faible volonté de la part d'une partie des entreprises touristiques et hôtelières marocaines à adhérer à cette démarche. D'où la nécessité de sensibiliser l'industrie touristique au management environnemental et à l'efficience énergétique. Pour rappel, le tourisme est responsable d'environ 5% des émissions de CO2, soit de 4,6% du réchauffement climatique. Selon l'OMT, la hausse des flux de voyageurs augmentera les émissions de GES de 150% durant les 3 prochaines décennies.