Et si les phosphates n'étaient plus le seul minerai salvateur pour le Maroc ? En tout cas, l'observatoire de l'entreprise semble bien croire que de nouveaux minerais sont en phase d'émerger dans le royaume. Dans sa dernière livraison, l'ODE vient de décortiquer le secteur minier et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est voué à un bien meilleur avenir. «Certes, le phosphate continuerait à dominer les richesses minières du royaume avec 95% de la production minière globale. Toutefois, d'autres métaux et minéraux commencent également à se positionner en tant que segments prometteurs comme l'étain, l'or et les diamants», souligne-t-on auprès de l'ODE. Pour le cas de l'étain, métal connu pour sa résistance à l'érosion, la région d'Achemmach représente, à elle seule, l'une des plus grandes réserves au monde. Une société australienne, Kasbah Resources, dispose déjà d'un contrat de recherche et d'exploitation dans la région. D'après l'ODE, la société pense pouvoir produire 4.000 à 6.000 tonnes par an dès 2013. Une véritable aubaine dans un contexte où la Chine, premier importateur d'étain, de nickel, de cuivre, d'aluminium et de plomb, a clairement fait de l'Afrique son principal fournisseur pour ces types de matériaux. Pour ce qui est de l'or et des diamants, on est, certes, encore loin de pouvoir chiffrer la quantité éventuelle que pourrait produire le Maroc, mais l'on peut d'ores et déjà dire que le potentiel est présent. «Lors de sa prospection au sahara, la société canadienne d'exploration minière Metalex a dévoilé l'existence d'une grande quantité d'or ainsi qu'un vrai potentiel en matière d'uranium et de gisements de diamants», rapportent les experts de l'ODE. Le sol marocain regorge donc d'une multitude de minerais et offre un potentiel important d'exploration et de production minière. La région de prédilection pour l'exploration minière demeure, selon l'ODE, l'anti-Atlas et ses environs, riches en gisements de cuivre. L'Oriental présente également des potentialités pour l'exploration et l'exploitation minière. C'est dire que le Maroc a de quoi attiser les convoitises des grands groupes internationaux spécialisés dans l'extraction minière. Ceci, d'autant plus que, à l'instar de la plupart des secteurs phares de l'économie nationale, le secteur minier devrait également bénéficier d'un plan sectoriel présentant deux orientations majeures, à savoir la restructuration des champs miniers actuellement en exploitation et la relance des opérations d'exploration de nouveaux gisements. Pas si ouvert que cela Néanmoins, force est de constater que, pour l'heure, le secteur minier reste l'un des plus fermés à la concurrence étrangère afin de protéger les entreprises nationales. C'est du moins l'avis de l'ODE. L'activité de recherche, de concessions et d'exploitation des matériaux de carrières demeure, pour rappel, soumise à l'autorisation de l'Etat et plus particulièrement de l'ONHYM et la durée de l'autorisation d'exploitation ne peut excéder 4 ans, renouvelable 3 fois consécutivement. Toutefois, «une ouverture progressive de ce secteur aux investissements étrangers se dessine», relativise-t-on auprès de l'observatoire. Pour preuve, des groupes tels que l'australien Kasbah ressources, qui ont pu bénéficier facilement d'une cession, et d'un permis d'exploration ou d'exploitation. En 2010, par exemple, le nombre de permis en vigueur a atteint 4.382 dont 3.655 permis de recherche, 650 permis d'exploitation et 77 concessions. Cela est encore loin de pénaliser les entreprises nationales, lesquelles bénéficient depuis début 2010 d'une nette amélioration de la conjoncture. L'activité minière a, en effet, repris de plus belle après une saison 2008/2009 entachée par la baisse de la demande étrangère. «Le chiffre d'affaires des principales entreprises du secteur a enregistré 1.405 milliards de DH en 2010 contre 1.022 milliard en 2009, soit une progression de 37,5%», rapporte l'ODE dans son étude. Ce dernier explique cette performance principalement par le renchérissement des cours des métaux, l'amélioration des volumes vendus et la hausse de la parité Dollar/Dirham. «À moyen et long termes, la demande croissante des pays occidentaux et de la Chine qui font face à une baisse de leurs réserves ne pourrait qu'améliorer les ventes tant en termes de quantité que de prix de vente, impactant positivement le chiffre d'affaires des entreprises du secteur», rajoute l'observatoire. L'Afrique, entre concurrence et opportunité Il faudra, cependant, faire avec la forte concurrence des autres pays africains où le potentiel du secteur minier est historiquement reconnu. D'autant plus que certains pays ne lésinent pas sur les moyens pour attirer les plus grandes entreprises internationales aptes à exploiter rapidement les ressources minières. Abritant plus d'un tiers des ressources minières mondiales et disposant des plus grandes réserves mondiales de platine, d'or, de diamants et de manganèse, il n'est plus un secret que l'Afrique représente un véritable eldorado pour les compagnies minières européennes, nord-américaines et chinoises. Entre exonérations fiscales, valables jusqu'à 30 ans dans certains cas et cessions de la gestion de grandes mines aux opérateurs étrangers, les mesures prises par les pays africains sont attrayantes pour les investisseurs internationaux, qui rapatrient par la suite une bonne partie de leurs gains vers leurs pays. Ce contexte n'a pas laissé les opérateurs marocains insensibles puisque depuis quelques années, l'on ne se contente plus d'exploiter les mines marocaines mais l'on se tourne également vers le continent noir, à l'image de Managem, la filiale du groupe SNI qui dispose d'une autorisation d'exploitation d'un gisement d'or au Gabon, tandis que la Compagnie minière de Touissit, autre mastodonte marocain du secteur, s'en est allée puiser dans les ressources en uranium dont dispose la Mauritanie pour accroitre son business.