Encore une fois, le plafond de verre n'a pas été brisé. Malgré une légère évolution, la représentativité féminine au sein du gouvernement reste en deçà des aspirations. Sur les neuf femmes de l'Exécutif, huit sont des secrétaires d'Etat travaillant sous tutelle. L'espoir du mouvement féministe d'atteindre le tiers de représentativité féminine au sein du gouvernement ne s'est pas concrétisé, en dépit des plaidoyers menés tant par les associations que par les militantes au sein des partis politiques. Certes, le taux de féminisation du gouvernement a légèrement augmenté, par rapport au précédent mandat, passant de 15 à 23,03%. Mais, cette évolution demeure timide par rapport aux ambitions. La parité reste toujours un vœu pieux. Sur le plan qualitatif, le constat est, on ne peut plus, décevant. Sur les neuf femmes de l'actuel gouvernement, une seule uniquement a été nommée en tant que ministre. Très critiquée par le mouvement féministe, Bassima El Hakkaoui a été maintenue au ministère de la Famille, de la solidarité et du développement social qui s'est vu rajouter l'égalité. Ce département n'est pas considéré comme stratégique, en dépit des grandes attentes des acteurs associatifs sur différentes questions. Les huit autres femmes de l'Exécutif sont toutes des secrétaires d'Etat. Ainsi, l'augmentation numérique de la représentativité féminine au sein du gouvernement ne constitue qu'une opération de «camouflage». La marge de manœuvre des secrétaires d'Etat est, en effet, très réduite. Elles devront travailler sous la tutelle d'un ministre. Elles ne pourront pas assister aux réunions du Conseil des ministres sous la présidence du souverain. Ce qui constitue une régression par rapport à l'ancien mandat gouvernemental. Les partis politiques sont, ainsi, vertement critiqués. Le PJD a mieux fait que les autres partis (une ministre et deux secrétaires d'Etat), suivi du RNI avec deux secrétariats d'Etat attribués à des femmes. Pourtant, les formations politiques regorgent de compétences féminines. Fini le temps où les instances décisionnelles des partis politiques brandissaient la carte du manque de cadres féminins capables d'assurer des postes de responsabilité. Il est clair que la promotion de la représentativité féminine aussi bien au gouvernement qu'au Parlement est tributaire de la volonté des chefs de file des formations politiques. Les militantes des partis et celles du secteur associatif devront prendre leur bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole au sein de l'échiquier politique. L'actuel gouvernement devra se rattraper au niveau de la nomination aux hautes fonctions. Actuellement, la parité est loin d'être atteinte dans l'administration. Le taux de féminisation des postes de responsabilité (hautes fonctions, services et divisions) est de 21,5% en 2015. Ce pourcentage est beaucoup plus faible au niveau des postes stratégiques. La Fonction publique compte quelque 1.944 femmes chefs de service, 299 femmes chefs de division, 54 directrices centrales, quatre secrétaires générales et 4 inspectrices générales.