C'est une sortie un peu tardive mais qui garde tout son sens au regard de la suite des nominations devant intervenir par la suite, au niveau des institutions de l'Etat. Les associations démocratiques féminines, une vingtaine au total, ont, en effet, attendu plus d'une semaine après l'annonce de la formation du cabinet Benkirane pour réagir à l'absence de représentativité féminine au sein de l'équipe. Une seule femme, militante du PJD, a pu bénéficier d'un poste ministériel sur les trente membres que compte le gouvernement. Pour les associations féministes, cela constitue assurément «une nette transgression de l'esprit, des principes et des orientations de la Constitution en matière de prohibition de la discrimination, d'égalité, de parité et des engagements internationaux du Maroc en la matière». Déplorant, «la régression préoccupante des acquis en matière de représentativité des femmes dans le gouvernement», elles ont tenu à exprimer «leurs vives inquiétudes» par rapport à ce qu'elles considèrent comme «un premier pas négatif» du mandat Benkirane. Une responsabilité qui incombe, selon ces associations, «aux partis de la majorité qui composent ce gouvernement». C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, elles ont lancé un appel à l'endroit des institutions constitutionnelles qui «doivent être vigilantes en matière de respect des dispositions de la Constitution, en ce qui a trait à la parité et à l'égalité entre les sexes». Interpellant le gouvernement sur la question, les associations féministes rappellent, qu'en tant que responsable de l'application des dispositions de l'article 19, il doit tout mettre en œuvre «pour garantir l'effectivité de la pleine citoyenneté des femmes sans aucune discrimination, pour l'atteinte de la parité à tous les postes de responsabilités et de prise de décisions et pour l'institutionnalisation de l'égalité entre les sexes dans les lois et les politiques publiques». Les associations féministes n'ont d'ailleurs pas manqué, dans leur communiqué, de déplorer «l'attribution de portefeuilles ministériels relatifs à la promotion et la protection des droits et libertés des citoyens et citoyennes à certains membres du gouvernement, connus pour leur position affichée à l'encontre des droits des femmes». Une attaque en règle contre le gouvernement Benkirane et qui s'ajoute à la polémique politique né de cet épisode que le chef de gouvernement a voulu clarifier dès le lendemain de la constitution du gouvernement, en soulignant que cette lacune ne constitue, en aucun cas, une volonté de la part des partis membres de la coalition gouvernementale d'exclure les femmes. La sortie médiatique des associations féminines sonnent, en tout cas, comme un rappel à l'ordre, aux premiers jours de la gestion des affaires par les nouvelles autorités.