Les associations féminines se mobilisent pour exiger « l'égalité aujourd'hui avant demain ». Une quarantaine d'ONG viennent de créer un nouveau mouvement associatif baptisé « Moussawate lyoum 9bal gheda» (Egalité aujourd'hui avant demain). Ces actrices de la société civile représentent des associations féministes, de la jeunesse et des droits humains. « Notre objectif est d'assurer le suivi d'une mise en œuvre correcte et démocratique des dispositions de la Constitution, notamment les dispositions relatives aux droits de la femme dans tous les domaines : civil, politique, économique et social, ainsi qu'en matière d'égalité des sexes et d'élimination de toutes les formes de discrimination et de violence dont les femmes sont victimes », souligne, Hanane Fadi, vice-présidente de l'Association Joussour Forum des femmes marocaines, également porte-parole du mouvement. Et de poursuivre : « Ce mouvement est ouvert à tous les acteurs modernistes et démocrates convaincus de la légitimité de la lutte des femmes pour leurs droits, partie intégrante des droits humains, dans leur globalité et universellement reconnus ». Pour ces militantes associatives, la cause féministe est un « défi civilisationnel et une cause sociétale nécessitant un traitement global, dans le cadre d'une perception visant la construction d'une société moderne démocratique ». Une question s'impose : Quelles sont les raisons qui ont incité à la création de ce mouvement ? « Le contexte national actuel se caractérise par une contradiction et une déconnexion flagrantes entre la nouvelle Constitution qui a consacré l'égalité entre les sexes prônant l'élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l'égard des femmes et l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement conservateur qui a entamé son mandat par une violation grave de la Constitution », répliquent les promoteurs de cette initiative. Les associations féminines ne lâchent pas. La présence d'une seule femme au gouvernement Benkirane suscite toujours leur colère. Les ONG ne dénoncent pas uniquement le déclin de la représentation politique des femmes dans le gouvernement qui est passé de sept ministres en 2007 à un poste ministériel dans l'Exécutif actuel. Les critiques affluent sur la qualité du portefeuille qui, selon elles, réduit les capacités de la femme à un rôle stéréotypé. Une instance nationale pour la parité Certes, le chef de gouvernement a promis de rectifier le tir et d'accorder à la femme plus de place dans les postes clés de l'administration comme gouverneur et walis. Les femmes exigent des actions sur le terrain et non des promesses. « Le mouvement assurera le suivi et le contrôle de l'engagement du gouvernement en faveur des principes constitutionnels et de leur mise en œuvre, notamment en ce qui concerne l'égalité, la parité et l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard des femmes », renchérit Hanane Fadi. Ainsi, les associations féministes appellent à la création immédiate de l'Instance pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination contre les femmes, prévue par la Constitution. Elles exigent également « l'application du principe de parité dans la constitution de tous les Conseils et institutions déjà existants ou ceux prévus par la Constitution ». Les ONG remettent sur le tapis leur vieille revendication relative à l'adoption d'une loi-cadre pour la lutte contre toutes les formes de violence faite aux femmes. Le mouvement ne se contente pas des paroles, il passe à l'action. Sa première activité est prévue pour le 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Une manifestation est prévue à Rabat devant la poste. Au programme figure également des activités culturelles et des forums de discussions. « Nous avons voulu célébrer cette journée d'une manière plus artistique. Plusieurs activités culturelles sont programmées », souligne la porte-parole du mouvement. Cette journée sera également ponctuée par des témoignages de femmes.