Nao Bassiste et chanteur Sour El Mâagazeen à Tanger est à l'origine du nom du groupe de rock à qui 10 années d'expériences ont apporté la volonté de garder intacte leur identité marocaine. Si beaucoup ont douté de la possibilité d'apposer une touche marocaine sur la musique rock et metal, Lazywall en est le premier exemple. Entretien à bâtons rompus avec Nao, chanteur et bassiste du groupe. Les ECO : 10 ans, ça se fête en beauté, n'est-ce pas ? Nao : Ce qu'il faut savoir, c'est que l'anniversaire, c'est presque du jour pour jour. Le premier concert de Lazywall, c'était le 23 septembre 2003. Cela dit, cette année, nous allons sortir un album pour célébrer ces dix années. Celui-ci va montrer une certaine maturité du groupe. Beaucoup de gens connaissent un certain type de musique de Lazywall dont les chansons sont puissantes et sereines, à la fois. Nous voulons du coup donné un goût spécial à cet album-anniversaire. Comment avez-vous démarré ? Nous avons commencé à trois dans le groupe : Basse, guitare, batterie et les voix. Après notre choc au Boulevard en 2006, Nous nous sommes dit qu'il fallait procéder à un changement. Nous avons pensé à introduire une touche marocaine, avec des instruments marocains et la darija. Aujourd'hui, nous sommens 5 musiciens sur scènes. Il y a le luth, l'krakeb, la derbouka, l'hajhouj, etc. Cela a fait que le style de la musique a changé. Au début, nous jouions plutôt du rock grunge avec un mélange de punk anglais. Aujourd'hui, il y a plus d'influences marocaines, mais bien sûr en gardant les musiques avec lesquelles nous avons grandi. Nous avons grandi avec le metal, le grunge, la musique des années 70, etc. Nous avons gardé cela ainsi que notre ADN marocain et puis ça a donné Lazywall, qui a maintenant dix ans (rire). Quels sont donc vos projets ? Après l'album spécial anniversaire, qui va sortir dans un mois ou deux, nous devons nous préparer pour les dix années à venir (rires). Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura de la nouveauté. Il y a le tout premier guitariste du groupe qui vient de revenir après 10 ans et c'est comme recommencer de nouveau. Vous avez connu l'Boulevard depuis son début. Comment a évolué ce festival ? L'Boulevard prend une bonne direction : créer ce qui n'existe pas au Maroc et ce qu' ils ont crée il y a trois ou quatre ans : une scène musicale marocaine actuelle. Partout dans le monde, il y a des groupes qui font leur répétition dans des salles, ce qui n'était pas le cas au Maroc avant que l'Boulevard n'ouvre le Boultek, qui contient des salles de répétitions professionnelles avec toutes les conditions que cela suppose. C'est valable aussi pour les salles de concerts qu'il contient et qui n'existaient pas avant, lesquelles sont très importantes parce que c'est là où les artistes se forment. C'est le cas également pour la radio internet de l'Boulevard qui est spécialisée dans la musique alternative. Tout cela, à côté du festival, nous le devons à l'Boulevard. Je ne dis pas que personne n'a fait de pas dans ce sens, mais les gars de l'Boulevard ont pris beaucoup d'avance. Ce qui est bien aussi, c'est qu'ils ne se veulent pas le monopole de ce genre d'initiatives. Ils font cela pour la musique. Dans un futur proche, nous aurons plus de salles de répétitions, plus de salles de concerts, plus de radios et ce n'est que du bonheur. Quelle est la différence entre les scènes musicales marocaine et internationale ? Je peux vous dire que la seule chose sur laquelle ils nous devancent à l'international, c'est qu'il y a une croissance progressive des groupes. C'est-à-dire que quand un groupe se crée, ça lui prend beaucoup de temps et d'efforts pour en arriver à donner des concerts devant un public de milliers de personnes dans les grands festivals. Au Maroc, les groupes à peine formés, gagnent une compétition puis c'est directement Mawazine, l'Boulevard, le Festival d'Essaouira ou autres. Donner des concerts devant 20.000 personnes, ce n'est pas facile. Pour les grands festivals en Europe, les têtes d'affiche, ce sont les Metallica et les Queen Of The Stone Age. Du coup, forcément, être un jeune groupe qui n'est pas très connu et jouer devant 20.000 personnes, ce n'est pas facile et ce n'est pas forcément bien. Ce qu'il faut au Maroc, c'est des clubs de musique live. Des petites salles où les groupes peuvent se produire sur scéne et acquérir de l'expérience avant de jouer dans les grands festivals et je ne parle pas de groupes qui font des reprises comme on en trouve dans les restaurants, etc, mais de groupes originaux.